Bloc 7 | Les études thématiques

7-1-1 | Les sites par sous-entités géographiques :

7-1-2 | Nord Deux-Sèvres :

Le site de Breuil-Chaussée « la Veillonnerie » correspond à une petite unité d’ensilage en milieu rural (Defaix 2008). Le mobilier céramique mis au jour lors de l’expertise archéologique est un lot homogène qui se compose de 322 tessons pour 36 Nombres Typologique d’Individus (NTI). Une chronologie comprise entre la seconde moitié du 10e s. et la première moitié du 11e s. a été proposée (Fig. 1).

Sur ces 36 formes, 20 pots à cuire ont des lèvres à inflexion externe (pot 2-1, n°6 à 23) et 5 lèvres sont des bandeaux courts (pot 2-2, n°1 à 5). Pour ces derniers, les groupes techniques correspondent à des pâtes fines blanches (8u), des pâtes sableuses micacées claires (17i) et des pâtes micacées rugueuses de teinte brun/rouge (17w). Les pots à lèvre à inflexion externe offrent de multiples profils. Deux cruches ont été identifiées (n°24, 25). Ce sont essentiellement des pâtes sonnantes de teinte claire (blanche à rose), plus ou moins rugueuses à granuleuses et peuvent être micacées (9f, 1l, 17u, 17i) et parfois très cuites (8u) à surcuites (16b). Une pâte très micacée a un aspect soyeux (17u).

Quatre lèvres épaisses à inflexion externe à profil triangulaire (pot 8-3) ou en quart-de-rond (pot 8 var.) appartiennent à des vases de stockage. Les pâtes sont claires et sonnantes (8u) voire micacées (17u). Deux couvercles (couvercle 6-1, 6-2) ont les mêmes caractéristiques techniques (17u, 8u).

7-1-3 | Le Niortais :

La fouille d’une petite zone d’ensilage à Coulon « les Grands Champs » (Maguer et Pelletier 2020) a livré un ensemble de 571 NR pour 39 NTI (Fig. 2). Une datation de la fin du 10e-11e s. est proposée.

Le vaisselier est, comme c’est souvent le cas à cette période, limité aux formes fermées de base que sont le pot à cuire et la cruche. Ce sont des pots à cuire et des cruches à lèvre à inflexion externe (pot 2-1, n°16 à 25 et cruche 3-3, n°29), à inflexion externe relevée (pot 2-27, n°26, 27) et des pots à cuire à lèvre en bandeau ou de type pro-bandeau (pot 2-2, n°2 à 15 et peut-être un pot 2-7 ? : n°1). La proportion de lèvres à inflexion externe et de lèvres en bandeau est presque égale.

Les pots à lèvre en bandeau sont en majorité en pâte calcaire de teinte rose, orange à rouge. Elles sont semi-fines (6e, 16a), rugueuses (9r), semi-fines micacées (17c), rugueuses surcuites (16a, 16c). Des pâtes claires sont sableuses (1k), sableuses fines micacées à l’aspect soyeux (17u). Pour les récipients à lèvre à inflexion externe, les pâtes surcuites rouges (16a) sont moins nombreuses et associées à des pâtes rouges fines (3e), des pâtes de teinte beige à rose sableuses (6e), semi-fines (8u) à rugueuses (9r) ou micacées semi-fines (17f) ou granuleuses (17ax). Une lèvre de pot est verticale à extrémité triangulaire (pot 2-17, n°14). Une lèvre appartient à un couvercle conique (couvercle 6-2, n°10). Quelques tessons attestent la présence de vases de stockage modelés. Les pâtes sont rouges sonnantes (16a) ou micacées (17c).

Des groupes techniques sont anecdotiques comme la pâte grossière micacée de teinte rouge (17r), la pâte granuleuse grise micacée (17w) et la pâte semi-fine de teinte rouge à surface enfumée (9f). De la glaçure (éclaboussure ?) a également été repérée sur une pâte claire sableuse (1k gl.).

La fouille archéologique réalisée à Aiffres « Zac Bâtipolis » (Pouponnot 2017) a mis au jour une occupation médiévale (zone d’ensilage et fosses indéterminées, soit assemblage 1 et assemblages 2 et 3). Le lot céramique médiéval, composé de 2 109 NR et 105 NTI, est cohérent et caractérise une céramique utilitaire composée de pots à cuire, de cruches et de quelques grands récipients de stockage. Une datation du 11e s. est supposée. L’étude du mobilier métallique, confiée à Mathieu Linlaud, donne une fourchette entre la fin du 10e s. et le milieu du 11e s. (10d-11b, assemblages 2 et 3).

Pour l’assemblage 1 (Fig. 3), les pots à cuire à lèvre à inflexion externe (pot 2-1, 24 NTI, n°18 à 35, pot 2-27, n°36 à 38) et les cruches (n°41, 42) sont majoritaires. Les lèvres à inflexion externe peuvent être courtes, souples, souples relevées, à profil anguleux et à gorge interne.

Le tessonnier est homogène avec des pâtes claires (de teinte blanc à rouge). Les pâtes rouges rugueuses micacées (3e) voire granuleuses fortement micacées (17r, 17r NT) ou non (9f) dominent. Les autres pâtes sont plus ou moins rugueuses claires (beige, rose 3g), sableuses micacées (17u). Des pâtes surcuites à grésées de teinte rouge (16e), fines de teinte orange à tranche grise (16a) ainsi qu’une pâte rouge chamottée (13c) sont présentes. Les pots à cuire à lèvre en bandeau court ou de type proto-bandeau (pot 2-2, n°1 à 16) présentent des profils très variés. Les pâtes sont de teinte rouge ou rose, de texture rugueuse (3e, 3g), granuleuse (9f), sableuse micacée (17u) ou non (1k) et surcuites de teinte rouge (16a, 16e). La pâte rouge micacée 17r est absente. Une lèvre de grand diamètre à extrémité bifide et oblique est atypique (n°39, pot 2-21 ?). Une cruche possède une lèvre courte soulignée d’une collerette externe (cruche 3-2, n°40). Les vases de stockage sont des grands récipients modelés à panse tronconique dont la lèvre à méplat est dans le prolongement de la panse (n°43, 44). Ils sont réalisés en pâte chamottée peu cuite (13c) et présentent la particularité d’avoir une panse irrégulièrement perforée avant cuisson. La fonction précise de ce type de récipient a longtemps été incertaine : vase de stockage, vasque-entonnoir ou cloche-couvercle. L’utilisation comme cloche de cuisson est maintenant privilégiée (Marache et al. 2021 ; Bloc 7-2). D’autres fragments de grands récipients sont non tournés mais aucune forme n’a été mise au jour. Les pâtes sont granuleuses beige à rouge et très micacées (17r NT).

Pour les assemblages 2 et 3 (Fig. 4), les pots à cuire à lèvre en bandeau sont quantitativement supérieurs (pot 2-2, 38 NTI, n°45 à 74, pot 2-3, 1 NTI, n°75). Les faciès sont également très variés et les groupes techniques s’enrichissent de deux pâtes rugueuses (6x, 6w) et d’une pâte surcuites grossières (16d). Pour rappel, les pâtes sont sableuses claires (1k), assez fines (3e, 3g), rugueuses claires (8u) ou moyennement grossières rose (9f), et micacées claire (17u) ou rouge (17r). Les récipients à lèvre à inflexion externe ne concernent plus que 12 NTI (pot 2-1, n°76 à 84, pot 2-27, n°73). Les pâtes sont micacées (17u, 17r), sableuses (1k), claire rugueuse (8u), surcuites (16d) mais surtout semi-fines de teinte rose à rouge (3e, 3g). Une cruche présente une lèvre à collerette formant bandeau soulignée par un décor digité (cruche 3-2, n°85). Un tesson glaçuré provient sans doute d’un pichet (2k). La glaçure est proche de la glaçure dite primitive. Un décor à la molette de triangle orne le haut de la panse d’un pot à cuire. Les vases/cloches en pâte chamottée sont absents et seuls des fragments non tournés de vase de stockage en pâte rugueuse rouge micacée (17r NT) ont été repérés.

Le mobilier céramique présente une unité dans l’homogénéité du tessonnier et globalement dans les formes mais un examen approfondi des profils des lèvres indique des anachronismes entre le proto-bandeau et le bandeau développé (n°2 et n°75 par exemple). Les lèvres en bandeau sont moins nombreuses dans l’assemblage 1 et inversement. Dans l’assemblage 1, aucun pot à lèvre en bandeau n’est en pâte rugueuse rouge micacée (17r).

Le site de la Vallée de Faye à Villiers-en-Plaine, correspond à une occupation médiévale homogène. Quatre assemblages ont été définis pour cet habitat installé en bordure d’un chemin. Les bâtiments sont groupés dans un vaste enclos installé sur le sommet d’un plateau, à l’emplacement même d’une occupation gauloise. Une enceinte annulaire occupe le cœur de l’enclos et abrite un bâtiment à partir duquel un étroit couloir en U permet d’accéder à un souterrain (Bolle et al. 2009 : 245 ; Bolle 2000). L’assemblage 1 (Fig. 6) correspond aux structures mises au jour à l’intérieur du petit enclos annulaire (bâtiment, trous de poteau, fosses, silos). L’assemblage 2 (Fig. 6) regroupe les unités stratigraphiques du souterrain. Les ensembles 3 et 4 (Fig. 5) concernent respectivement des silos situés à l’extérieur du grand enclos, au sud et de structures situées à l’ouest du chemin 2 (silos, puits, fossés, mur). L’étude du mobilier métallique, réalisée par Mathieu Linlaud, donne une chronologique de la seconde moitié du 10e s. et du 11e s. Une datation 14C donne une fourchette à 68 % de probabilité entre la fin du 10e et la première moitié du 11e s. (Beta-139717 cal AD 965 to 1155 68 % probabilité cal AD 995 to 1035). Les quatre assemblages sélectionnés concernent 1 649 NR pour 108 NTI.

Dans les assemblages 1 et 3, les récipients à lèvre à inflexion externe sont majoritaires (pot 2-1, 13 NTI chacun, Fig. 5, n°1 à 5, 7, Fig. 6, n°27 à 32). Une cruche est munie d’un bec tubulaire (cruche 1, n°10). Les profils des bords sont très variés et parfois relevés (pot 2-7, Fig. 5, n°6). Les pâtes sont surcuites de teinte rouge (16a) ou grise (16d), sableuses micacées (17u) ou rugueuses rouge (17c), moyennement grossière de teinte rose (9r, 9f), sableuse et sonnante (6w) ou encore semi-fine claire (1l, 1f). Les quelques pots à cuire à lèvre en bandeau (pot 2-2, Fig. 5, n°8, 9, Fig. 6, n°33, 34) sont en pâte surcuite (16a), sableuse sonnante (6w), moyennement grossière (9r) et rugueuse grise (8t). Une lèvre déjetée d’un vase de stockage (Fig. 6, n°35) est en pâte rugueuse rouge micacée (17r). Un large décor digité orne la jonction panse/col.

L’ensemble 4 a livré un ensemble céramologique plus complet (Fig. 5). Les pots à cuire à lèvre à inflexion externe sont quasiment aussi nombreux que ceux à lèvre en bandeau court (pot 2-1 : 12 NTI, n°11 à 16, pot 2-2 : 9 NTI, n°17 à 19). Les premiers récipients sont en pâte sableuse sonnante (6w), surcuite rouge (16a), sableuse rose (1l), sableuse micacée (17u) ou moyennement grossière (8u). Les seconds présentent les mêmes groupes techniques (16a, 1l, 8u) mais également une pâte moyennement grossière (9r), une pâte rouge granuleuse (16e), une pâte rugueuse claire (8ad). Une des deux cruches (n°21, 22) à lèvre à inflexion externe est munie d’un bec formé par étirement de la lèvre (cruche 6). Les pâtes sont sableuses micacées (17u) et moyennement grossières (9r). Une lèvre courte d’une petite cruche (n°20) est en pâte sableuse sonnante et la surface externe est couverte d’un engobe ou d’une peinture (6w peint). De grands récipients de stockage à base plane et lèvre verticale à profil triangulaire (n°23, 24) sont en pâte rouge micacée plus (17r) ou moins (17r) grossières. Des impressions digitées soulignent la jonction panse/col. Les seuls couvercles mis au jour sur ce site proviennent de cet assemblage. La panse est tronconique, la lèvre sans rebord et se termine par un large tenon plat (n°25, 26). Les pâtes sont moyennement grossières (9r) et brunes micacées et granuleuses (17tg).

Le mobilier céramique de l’assemblage 2 (occupation du souterrain) présente un faciès légèrement différent puisque les lèvres en bandeau sont plus hautes et parfois sans gorge externe ou déjetées (Fig. 6). Les pots sans anse à lèvre externe sont aussi nombreux que ceux à la lèvre en bandeau (pot 2-1 : 16 NTI, n°36 à 39, pot 2-2 : 15 NTI, n°40 à 47). Les lèvres à inflexion tendent à se relever et à se rapprocher des pots 2-27. Une cruche est matérialisée par une anse (n°48) et une gourde par son goulot (n°49). Deux vases de stockage sont matérialisés par leur lèvre soit déjetée à profil en quart-de-rond (n°51), soit longue et oblique (n°50). Le volume de ces récipients est inférieur à ceux de l’assemblage 4 par exemple. Les groupes techniques reprennent les mêmes caractéristiques que celles des assemblages précédents : pâtes surcuites (16a, 16e, 16d), sableuses rugueuses (6w), moyennement grossières (9r), sableuses roses (1l), sableuses micacées (17u), rugueuses grise (8t). La pâte blanche à quartz affleurant (1f) est inédite. Quelques fragments de vases/cloches de stockage en pâte chamottée sont à signaler (13g). Des glaçures externes jaunes à vertes, sur pâtes sableuses (7b) se rencontrent dans les assemblages 2, 3 et 4 mais aucune forme n’a été conservée. Contrairement au site d’Aiffres, les pots à cuire et les cruches ne sont pas en pâte rouge micacée (17r), ce groupe technique étant réservé aux vases de stockage.

7-1-4 | Le Poitou dans la périphérie de Poitiers :

La fouille archéologique réalisée à Buxerolles « Chemin de l’Égalité, Grande Sablière » (Merleau et al. 2017) a mis au jour une occupation du haut Moyen Âge qui perdure aux 9e et 11e s. : zones d’ensilage, fossés, bâtiment sur poteau … Seuls les vestiges céramiques « autour de l’an Mil » font l’objet de cette notice soit un lot de 333 NR pour 28 NTI. Le site est très étendu et trois assemblages ont été définis : Bâtiment 2 430, Ensemble 2 phase 1, Ensemble 2 phase 2.

La phase 1 de l’ensemble 2 (Fig. 7) et les structures associées au bâtiment 2 430 ont livré un mobilier se caractérise par des pâtes sableuses claires (1k) parfois à décor peint à l’ocre rouge (1p). Les pâtes sableuses micacées (17u) sont plus rares comme la pâte sableuse surcuite (6f) et la pâte rose feuilletée (9r). Des pâtes épaisses sont en pâte rouge grossière et chamottée (13g).

La typologie concerne des pots à cuire à lèvre à inflexion externe avec ou sans gorge interne (pot 2-4, n°2, pot 2-1, n°1, 4, 5, pot 2-1 var., n°3). Les cruches sont munies d’une ou deux anses et la lèvre est déjetée souple (cruche/pot 2-4, n°16), à inflexion externe (cruche 3-3, n°15, 18 ou débordante formant collerette (cruche 3-2, n°13, 14). Les panses sont ovoïdes ou globulaires. Les becs sont rapportés ou formés par étirement de la lèvre (n°17). Le haut des panses des cruches est souligné d’une baguette. Les récipients en pâte chamottée ont une panse tronconique et une lèvre triangulaire à méplat dans son prolongement (n°19). L’unique base conservée est étroite et est percée en son centre (n°20). Des perforations de différents diamètres sont également visibles sur les panses. La fonction précise de ce type de récipient est incertaine, vasque-entonnoir ou cloche-couvercle.

Les céramiques peintes sont attestées de la fin du 8e-9e s. au début du 11e s. Le profil des cruches 2-3 et les récipients en pâte chamottée sont également des productions précoces (fin 9e-10e ?).

La phase 2 de l’ensemble 2 (Fig. 7) a livré un vaisselier légèrement différent. Les groupes techniques évoluent peu si ce n’est la présence d’une pâte sableuse rose (1l), d’une pâte blanche à quartz affleurant (1f) et les tessons peints (1p) qui se font plus rares. L’unique tesson glaçuré provient de cet ensemble 2. La pâte rose feuilletée est couverte d’une épaisse glaçure jaune (2k). La typologie des récipients a évolué. Les pots ont des lèvres à inflexion externe relevée et formant bandeau (pot 2-27, n°7, 8). Les lèvres des pots de type pot 2-1 sont à inflexion externe (n°6, 9 à 12). Aucune lèvre en bandeau n’a été mise au jour sur ce site. Les récipients en pâte chamottée ont disparu de la typologie. L’unique fragment de vase de stockage tourné à une lèvre épaisse à inflexion externe (n°21). Elle est soulignée d’un cordon digité. Une datation de la seconde moitié ou de la fin du 11e s. est supposée.

Il a été mis au jour sur le site de Chasseneuil-du-Poitou « Vert Nord » (Maitay et al. 2016), dans la partie orientale du site (Ensembles 33, à 36), une occupation médiévale assez homogène caractérisée par des unités : bâtiment, fosses, zone d’ensilage et un puits (Fig. 8). Trois assemblages ont été définis qui comptent 413 NR pour 33 NTI (ensembles 33, 35, 36). L’étude du métal, réalisé par Mathieu Linlaud confirme une occupation de la fin du 10e et du 11e s.

Le tessonnier est assez homogène puisque plus de la moitié des tessons sont en pâte sableuse claire (1k, 1l et des variantes très cuites, 6f, 6w). Des pâtes claires semi-fines sont de texture dense et sonnante avec des quartz plus (8u) ou moins nombreux (8f). Des vases de stockage sont réalisés en pâte rugueuse rouge micacée (17r) et plus rarement en pâte chamottée très fiable (13c, 3 NR, 1 NTI). Des groupes techniques sont anecdotiques comme une pâte rouge surcuite de texture dense (16a), une pâte semi-fine surcuite (16c) ou une pâte blanche dense à quartz affleurants (1f). Des tessons précoces ont été repérés dans les ensembles 36 et 35. Ils sont en pâte claire sableuse et avec de la peinture ocre (1p) mais ne correspondent à aucune forme. Les glaçures sont absentes de ce tessonnier.

Les pots à cuire sans anse ont des panses ovoïdes, des bases décollées au fil et des stries de tournage qui marquent le haut des panses. Les lèvres sont à inflexion externe courtes (pot 2-1/2-4, n°1 à 4) et peuvent être allongées et à profil en quart-de-rond (pot 2-1, n°5 à 16). Des pots de petits modules, à lèvre à inflexion externe anguleuse (pot 2-1/2-21, n°17, pot 2-1/2-27, n°18), sont sans doute légèrement plus tardifs. Les cruches sont basses à ouverture large. L’anse est fixée à l’opposé d’un bec rapporté et les lèvres longues sont à inflexion externe (cruche 3-3, n°19 à 21). Une cruche présente une panse soulignée d’une gorge (cruche 1-6/3-3, n°22). Un gobelet à panse carénée et à lèvre quadrilobée est tout à fait atypique (n°23). Les récipients à lèvre en bandeau (pot 2-2) et à lèvre à inflexion externe relevée (pot 2-27) sont absents du répertoire typologique. Les formes ouvertes se limitent à de grands récipients modelés dont un large vase/cloche à panse tronconique et à lèvre dans son prolongement (n°24). Deux trous rapprochés ont été percés avant cuisson. Des vases de stockage à panse ovoïde ont des lèvres épaisses à inflexion externe (n°25, 26). Des impressions digitées soulignent la jonction col/panse. Les fonds sont lenticulaires.

Concernant les divers assemblages, deux récipients posent un problème de chronologie : le vase/cloche en pâte chamottée (n°24, ensemble 35) semble antérieur au 11e s. et à l’inverse le pot 2-1/2-27 (n°18, ensemble 36) offre une typologie tardive pour le 10e s. Sur ce site, les lèvres en bandeau sont absentes alors que l’occupation est datée des 10e-11e s.

Le site de Jaunay-Clan « la Viaube » est occupé dès le Bronze ancien et est caractérisé par un « sanctuaire » végétal et de probables vergers antiques. Des unités d’ensilage et des bâtiments caractérisent une occupation agricole médiévale (Lavoix et al. 2013). Ce sont au total huit ensembles, datés entre le 10e et 12e s. qui ont été mis au jour. « Dans la zone 2, 65 creusements circulaires ont été repéré (fosses, 9 silos, excavation indéterminée. Deux silos se distinguent par leur dimension dont la structure 2 420 : silo piriforme (ouverture de 1,20 m et 2,20 m à sa base) pour une profondeur de 2,80 m ». L’habitat lié à cette structure se trouvait hors de l’emprise de la fouille. L’étude du mobilier métallique permet d’affiner la datation de cette structure entre la seconde moitié du 11e s. et la première moitié du 12e s. (étude Mathieu Linlaud). Dans ce silo transformé en dépotoir, ce sont 1 332 NR pour 41 NTI qui ont été recueillis. Le taux de fragmentation est assez faible.

Le tessonnier est très homogène puisqu’il se compose à 85,2 % de pâtes sableuses sonnantes de teinte blanc (1k) ou rose (1l). Des pâtes plus ou moins sableuses surcuites (16e, 6w, 6f) représentent 8,8 % des tessons. Des pâtes micacées rugueuses (17r fin) ou granuleuses rouge ou beige (17r) sont plus anecdotiques (3 % du tessonnier) et moins de 4 % des tessons ont reçu une glaçure jaune externe soit accidentelle sous forme de taches (1k gl.) soit couvrante (11f). Le décor peint ocre est absent de cette structure.

Le vaisselier est encore très restreint et les formes fermées qui prédominent se limitent, en quantité égale, aux pots à cuire et aux cruches (Fig. 9). Les pots à cuire sont des récipients sans anse à panse ovoïde à lèvre à inflexion externe longue (pot 2-1, 3 NMI, n°1 à 3), ou relevée (pot 2-27, 8 NMI, n°4 à 11), en bandeau court et trapu ou plus rarement relevé (pot 2-2, 8 NMI, n°12 à 15, 17 à 19). Il y a autant de pot à cuire à lèvre en bandeau que de pot à cuire à lèvre à inflexion externe. Les cruches sont des récipients à panse ovoïde munis d’une anse et d’un bec opposé (cruche 3-3). Les lèvres à inflexion externe sont relevées (9 NMI, n°20 à 26), relevées à collerette formant un pseudo bandeau long (cruche 3 ?, 1 NMI, n°31) ou à inflexion fine à gorge interne (pot 2/cruche, 1 NMI, n°32). Ce dernier récipient sort du lot autant par sa typologie que par sa pâte rouge rugueuse et micacée (17r). Des cruches de petits modules présentent des lèvres à extrémité triangulaire (cruche 1-6, 4 NMI, n°27 à 30). Le haut des panses est souligné par une carène. Le bec des cruches peut être rapporté (cruche 3-3), tubulaire collé à la lèvre (cruche 1-5, cruche 1-6) ou formé par étirement de la lèvre (cruche 6-1, n°21). Une cruche incomplète, dont la panse allongée est glaçurée, se rapproche du type de la cruche 3-4. La forme de la cruche n’est jamais associée à la lèvre en bandeau. Au moins deux individus incomplets de gourde ont été repérés. Les formes ouvertes concernent deux vases de stockage (pot 8-3, n°34, 35), un couvercle à panse tronconique et bouton de préhension (couvercle 6, n°36) et une lampe. Les vases de stockage sont modelés et sans doute terminé au tour lent. Les lèvres ont un profil triangulaire et un méplat. Des impressions digitées ornent le haut de la panse et des bandes appliques digitées ont été fixées verticalement sur la panse. Les pâtes sont rugueuses micacées de teinte beige ou rouge (17r).

Le vaisselier mis au jour dans cette structure est tellement homogène qu’il donne l’impression d’un instantané de la céramique consommée à Jaunay-Clan aux 11e-12e s. : résultat d’un banquet ?

L’occupation médiévale site de Saint-Georges-lès-Baillargeaux « la Mamot » (Guillin 2017) est caractérisée par des « souterrains » et des structures associées. Trois assemblages, correspondant à 810 NR pour 56 NTI, ont été définis : l’assemblage 1 avec le souterrain 178/179 et les fosses 180, 181, 182, 183, 184, 185, Les fosses 186, 187, 114, 115 précoce ?. L’assemblage 2 regroupe le souterrain 124 et 120/123 et les fosses 122 et 125 ?. L’assemblage 3 correspond à une occupation antérieure à celle des souterrains (fosse 187, TP. ?? 114, 115, 186).

Pour l’assemblage 3 (Fig. 10), les groupes techniques majoritaires sont des pâtes sableuses sonnantes de teinte blanc ou rose. La pâte sableuse fine micacée (17i NT) et une pâte sableuse micacée brune (17l/17t) sont anecdotiques comme la pâte sableuse claire à glaçure jaune moutarde (11f). Une lèvre rentrante appartient à une cruche de type 3-4 (n°6). Elle est associée à des pots à cuire à lèvre en bandeau (pot 2-2, n°1 à 4) et à un petit récipient à lèvre verticale et épaissie (pot 2-20/cruche 1-6, n°5).

Le tessonnier des assemblages 1 et 2 (occupation des souterrains) est très homogène (Fig. 10 et 11). Ce sont des pâtes sableuses blanches (1k) et roses (1l) qui peuvent avoir reçu une glaçure plombifère non couvrante et mouchetée de teinte jaune et vert (7b). Des pâtes sableuses fines claires contiennent des micas fins (17i, 17l).

Ce sont des pots à cuire sans anse à lèvre en bandeau parfois trapue (11 NTI, pot 2-2, Fig. 10, n°7 à 15) et à lèvre à inflexion externe qui tend à se redresser (10 NTI, pot 2-27, Fig. 10, n°19 à 24). Une lèvre en bandeau amincie (pot 2-3, Fig. 10, n°16) peut-être postérieure. La typologie concerne également des pots à lèvre à inflexion externe courte (3 NTI, pot 2-20, Fig. 10, n°25, 26). La typologie des cruches est variée, ainsi le bec verseur peut être formé par étirement de la lèvre (cruche 6-1, Fig. 10, n°27), tubulaire rapporté (cruche 1-5, Fig. 10, n°31) mais les becs sont souvent absents (cruche, Fig. 10, n°32 à 34). Des cruches ont des lèvres en bandeau formant collerette (4 NTI, cruche 3-2, Fig. 10, n°28 à 30). Des vases de stockage (vase réserve/pot 8-3) non tournés ont des lèvres épaisses à profil triangulaire à méplat ou en quart-de-rond (Fig. 11, n°41 à 49). La jonction entre la panse et la lèvre est ornée d’impressions digitées réalisées soit directement sur la panse soit sur un cordon rapporté. Un vase à panse tronconique possède une lèvre rentrante (vase réserve 2, Fig. 11, n°50). Des fragments de couvercle à panse tronconique appartiennent à ce vaisselier (Fig. 10, n°35, 36).

Le vaisselier caractérise une vaisselle utilitaire de base comme les pots à cuire, les cruches et les nombreux vases de stockage auxquels sont associées quelques productions glaçurées. Les pots sont munis de lèvre en bandeau (pot 2-2) et de lèvre relevée (pot 2-27). Cette occupation est contemporaine du comblement du silo de Jaunay-Clan « la Viaube ».

Les céramiques provenant des diverses sous-entités géographiques ne présentent pas du tout le même faciès typo-technologiques. Pour les groupes techniques, la différence résulte bien entendu des matières premières locales. Géologiquement la région de Niort se trouve dans le Seuil du Poitou, le Massif Armoricain et granitique est cependant peu éloigné (Saint-Maixent, Parthenay). Les alentours de Poitiers sont à la jonction entre le Seuil du Poitou et le Bassin de Paris (châtelleraudais). Le site de Breuil-Chaussée se trouve au cœur du Massif Armoricain.

Dans la région de Niort, les ensembles céramiques présentent une très forte variété autant des groupes techniques que des formes. Cette caractéristique les rapproche des vaisseliers du haut Moyen Âge. Les pâtes semi-fines de teinte blanche à rouge, contiennent le plus souvent du mica. Elles sont sonnantes et très cuites voire surcuites. Le site de Breuil-Chaussée dans le nord du Poitou présente des caractéristiques technologiques semblables. Quelques pâtes claires sableuses se rencontrent dans le niortais mais la plus caractéristique est une pâte claire sableuse très micacée à l’aspect soyeux. Quelques différences ont été observées. Â Villiers-en-Plaine, contrairement au site d’Aiffres, les pots à cuire et les cruches ne sont pas en pâte rouge micacée (17r), ce groupe technique étant réservé aux vases de stockage. Sur l’ensemble des sites, les cruches sont toujours moins nombreuses que les pots à cuire et sont dotées de lèvre à inflexion externe. Les glaçures dites « primitives » sont rares.

Il n’est pas possible d’affirmer que la proportion des lèvres en bandeau par rapport à celles à inflexion externe soit un indicateur chronologique. Au cours du 11e s., les vases/cloches de cuisson en pâte chamottée, de fonction indéterminée, ont disparu du vaisselier. De grands récipients modelés munis de lèvres triangulaires font leur apparition. Des formes spécifiques comme la gourde ne proviennent que du site « élitaire » de Villiers-en-Plaine.

D’un point de vue chronologique, les sites qui ont livré des récipients à lèvre en bandeau ne seraient pas antérieurs à la fin du 10e s. et au 11e s. C’est assez surprenant puisque si l’on se réfère au site du bas-Poitou de l’abbaye Saint-Pierre-de-Maillezais, éloigné d’une vingtaine de kilomètres, cette typologie est confirmée dès le 10e s. (Martineau et al. 2005 ; Véquaud et Grenouilleau-Abuoudeh 2021 : 468).

Cette multiplicité de la typologie et des groupes techniques laisse penser que nous soyons en présence de nombreuses petites aires de production de poteries qui alimentaient les divers habitats. Il est également possible de supposer que ces récipients étaient achetés en fonction des besoins et pas toujours au même centre potier. L’hypothèse d’une diffusion par des colporteurs est également évoquée.

Le vaisselier de la région de Poitiers se caractérise par un tessonnier très homogène ou les pâtes sableuses claires (1k, 1l), parfois micacées (17i), sont omniprésentes. Les pâtes rugueuses à granuleuses (8f, 9f, 8u) ou rugueuses surcuites (16e) sont plus rares et les pâtes semi-fines sableuses sonnantes (6f, 6w) seraient plus tardives. Les décors peints attestés depuis la fin du 8e-9e s. (Véquaud et Martins 2015 : 361) perdurent au 11e s. Cet archaïsme a également été noté par Annie Lefèvre en Île-de-France (Lefèvre 2006a : 229) ou le décor peint finira par évoluer avec les productions flammulées.

D’un point de vue typologique, les pots sans anse à lèvre en bandeau (pot 2-2) seraient plus tardifs que ceux du niortais et ne feraient leur apparition que dans la seconde moitié du 11e s. voire dans la première moitié du 12e s. Ainsi la lèvre à inflexion externe va perdurer avec de multiples faciès mais elle va également évoluer puisque les profils vont par exemple s’allonger (pot 2-27) ou être plus anguleux (pot 2-1/2-21). Le cas du pot 2-27 est tout-à-fait intéressant puisque la face externe de la lèvre est tellement relevée et allongée qu’elle forme un bandeau convexe alors que le bandeau a un profil externe concave.

À la fin du 11e-12e s. à Jaunay-Clan, les pots à cuire sont pratiquement aussi nombreux que les cruches mais aucune cruche n’a été munie d’une lèvre en bandeau. Une nouvelle forme de petite cruche apparaît dont la lèvre déjetée est courte et triangulaire (cruche 1-6). Le haut de la panse est marqué par une carène. Contrairement à la région parisienne, aucune céramique peinte n’a été mise au jour sur ce site et le seul individu couvert d’une glaçure jaune est incomplet.

Les vases de stockages de Jaunay-Clan et de Chasseneuil-du-Poitou sont identiques à ceux de Villiers-en-Plaine (pot 8-3/17r) alors que ceux de Saint-Georges-lès-Baillargeaux, sont en pâte « locale » (17i). La présence de récipients de fonction particulière, sur deux entités géographiques distinctes, prouve des échanges commerciaux. Ceux-ci peuvent correspondre à des commandes de vaisselier spécifique.

Les pâtes claires sableuses sont omniprésentes sur les sites médiévaux au moins du 9e s. (voire la fin du 8e s.) jusqu’au 14e s. Au vu de la localisation des découvertes, il semblerait que les ateliers étaient installés au nord de Poitiers, voire dans le Châtelleraudais. Le commerce pouvait se faire par voie fluviale par la Vienne et par un de ses affluents le Clain.

Est-ce que la forme de la lèvre en bandeau pour les pots à cuire n’est pas liée à l’utilisation en cuisine d’où son caractéristique bandeau noirci. Au castrum d’Andone par exemple, les cruches à lèvre en bandeau existent mais elles ne dominent pas le vaisselier puisqu’on leur a préféré, par exemple, la lèvre longue triangulaire (Véquaud 2009a: 297).

Pour conclure, caractériser la céramique de transition des 10e-12e s. du Poitou ne peux se faire que si l’on tient compte en premier lieu, des entités géographiques, donc géologiques. Dans cet espace restreint, des échanges commerciaux existent pour certaines formes (vase de stockage par exemple). Cependant chaque entité produit et utilise un vaisselier spécifique. À moins de 80 km de distance, des artisans potiers produisent, sans doute dès le 10e s., des récipients à lèvre en bandeau alors que leurs confrères continuent de produire, mais également de faire évoluer, un vaisselier hérité de la période carolingienne.

Les productions de la région de Poitiers sont très différentes de celles de la région de Niort et Breuil-Chaussée même si des courants d’échange se dévoilent. Les sites « pictaves » ont livré des productions qui ne suivent pas les modes morphologiques et à ce jour, aucun pot à cuire à lèvre en bandeau n’est antérieur à la seconde moitié du 11e s. voire du 12e s. En milieu rural, les céramiques glaçurées sont rares et les productions peintes perdurent au 11e s.

Contrairement à nos premières attentes, au vu de la lente évolution du faciès des bandeaux courts, il apparaît qu’il est impossible d’affiner la chronologie et comme le dit si bien un collègue céramologue antiquisant : « C’est comme le pot de forme Santrot 250 qui est produit du Ier au 4e s. Pourquoi modifier quelque chose qui fonctionne ? ».

Fig. 2

7-2-1 | Le laborieux chemin vers une détermination fonctionnelle

Les propositions d’identification relevées au fil des rapports et publications sont relativement variées. Certains y ont vu des récipients à la fonction culinaire, d’autres des ustensiles domestiques ou artisanaux : faisselle, pot horticole, chaudière, lessiveuse, grillage des céréales, braséro, ruche, couvre-feu, four sont les différentes identifications plus ou moins étayées qui sont restituées attestant finalement d’un désaccord même sur l’orientation de son utilisation.

Afin de tenter de lever le voile sur la ou les fonctions de cette céramique particulière, une recherche de traces de matériaux organiques a été testée en 2010 sur la face interne de 8 échantillons provenant de 2 fouilles de région Centre (Garnier 2010). Pour le site du prieuré de « La Madeleine » à Orléans (Loiret), les résultats font état de l’existence de marqueurs de graisses animales et de produits laitiers parfois combinés, mais aussi de chou. Pour le site des « Porchères » à Mer (Loir-et-Cher), des graisses animales ont été identifiées, mais c’est majoritairement l’absence de tout contenu organique qui est relevée. Si ces premiers éléments ont permis d’exclure la fonction de ruche un temps envisagée, ils n’ont pas permis d’aller plus loin.

Les recherches documentaires menées depuis, combinées à l’analyse détaillée des contextes de découvertes mettent en avant la fonction de cloche de cuisson.

Dès l’Antiquité au moins deux ustensiles campaniformes distincts sont attestés. On laissera de côté le premier, variante mobile du four tannour permettant la cuisson de galettes collées sur la paroi interne (Barberan et al. 2006) et correspondant d’après Georges Comet au « panis clibanitius » mentionné par Isidore de Séville au 6e s. (Comet 1992 : 480), pour se concentrer sur la cloche-couvercle que l’on pose sur la plaque-foyer chaude et sous laquelle on met à cuire des pains plus épais.

Les premiers exemples de cloches-couvercles remontent au 6e s. Ils sont particulièrement bien renseignés en Corse, Sardaigne mais aussi l’Italie (région Ligure, Latium, et toute la partie méridionale) où cette tradition de cuisson domestique du pain perdure jusqu’au 15e s. sans discontinuité (Lecuyer 1992, Leenhardt et Vallauri 1996). Il s’agit d’une forme hémisphérique ou tronconique, équipée de rainures horizontales à l'extérieur, de petits trous pour évacuer l'air chaud, d'une collerette externe placée à mi-hauteur qui servait sans doute à retenir les braises, et d’un système de préhension appliqué sur le haut (Langone 2013 ; Previti 2020). Des plats-couvercles de 22 à 45 cm de diamètre et parois épaisses de 0,7 à 2,1 cm d’épaisseur en pâte grossière réfractaire à la fonction de « four à pain », sont également mentionnés pour la Toscane aux 6e-7e s. (Bossu et Meulemans 2015 : 550-551).

Pour la période médiévale, cette pratique de cuisson du pain sous cloche de terre est identifiée dans la France méridionale avec la production par l’atelier de Béziers de formes identiques à la fin du 12e-13e s. (Lecuyer 1992 : 194). Elles ont un diamètre de la partie supérieure compris entre 26 et 34 cm et de 38 à 42 cm pour l’ouverture. Les bords sont évasés, obliques avec une gorge au sommet de la lèvre. L’auteur fait le rapprochement de cette forme avec les testi da pane italiques et mentionne des comparaisons évidentes avec les couvre-feux reconnus sur le site de Rougiers (Demians d’Archimbaud 1980 : 307-308). Une fonction mixte de mini-four et de couvre-cendres est envisagée.

Cette pratique de cuisson « sous la cloche »³ se trouve mentionnée par plusieurs versions du tacuinum sanitatis qui l’évoque parmi les sept sortes de pains retenues (Comet 2008 : 79-91) (Fig. 3). Tous sont cuits au four à l’exception du pain sous cloche dont Vincent de Beauvais qui le mentionne également nous dit qu’il est « moins bon »⁴.

Fig. 3

D’autres auteurs retiennent six modes de cuisson du pain : la cuisson sous la cendre ; une cuisson dans le foyer sur un support ; les quatre autres directement dans des fours de formes différentes. Il est précisé dans le cas de cuisson dans le foyer que « la cuisson des pains plus épais nécessitait la conception d’enceintes capable d’atteindre et surtout de maintenir des températures élevées. Une autre technique consistait à utiliser une cloche à cuire en terre, préalablement chauffée. Les pains étaient recouverts de cette cloche que l’on recouvrait de cendres chaudes » (Chiron 2008 : 24-26).

Pour la période médiévale, Jean-Marie Pesez cite également la découverte dans une fouille conduite sur une maison paysanne du 10e-13e s. à Doboz en Hongrie, d’éléments « d’une cloche de terre cuite qui pouvait transformer le foyer en une sorte de mini four » (Pesez 1986 : 82-83). L’auteur ajoute toutefois dans une note qu’il pourrait aussi s’agir d’un couvre-feu. Plus loin, la fouille des maisons du 14e s. du bourg de Brucato (Sicile) a permis la découverte d’une « forme céramique non tournée, à pâte grossière, très large et plate, traditionnellement consacrée en Italie à la cuisson des galettes, et appelée testo » (Pesez 1986 : 84).

Plus proche de nous, au début du 17e s. c’est « un petit four de terre ou cloche sous lequel on fait cuire poires, ou autres choses » qui est mentionné dans « le glossaire archéologique du Moyen-Âge et de la Renaissance » (Gay et Stein 1887 : 245) attestant une pratique de cuisson diversifiée. Par ailleurs le fameux livre de cuisine du sieur Robert écrit au 17e s. énumère des « cloches de fonte et de terre » servant à la cuisson (LSR 1693).

Cette pratique de cuisson sous cloche de terre se retrouve encore aujourd’hui en Roumanie où cette tradition est bien documentée (Marache et al. 2021). Elle concerne des ustensiles en argile, de forme tronconique, tout à fait semblables à ceux du haut Moyen Âge et nommé « test ». Ils mesurent 50 cm de diamètre avec un fond plat massif de 11 cm d’épaisseur et une paroi de 5 cm traversée horizontalement par un ou deux trous diamétralement opposés de 2 cm de diamètre, réalisés avant cuisson, permettant de passer un bâton ou une main de fer pour soulever la cloche. Ces ustensiles sont façonnés dans une argile rouge mêlée de paille hachée, l’ensemble foulé à neuf reprises et mis en forme sur un gabarit, puis séchés au soleil pendant deux semaines. Après une ou deux cuissons à blanc la cloche est prête à être employée.

Ainsi, le rôle d’enceinte de cuisson, éclairé à la fois par quelques exemples archéologiques, les textes médiévaux et l’ethnographie, permet de mieux appréhender les résultats des analyses chromatographiques, reflets des aliments et plats cuits sous la cloche. La vapeur dégagée, les éventuelles projections, voire les contacts répétés pourraient avoir favorisé l’imprégnation des composés dans la céramique. L’absence dans certains cas de toute trace serait dans cette hypothèse le signe de la cuisson d’aliments ou de préparations neutres.

L’ambivalence évoquée avec les couvre-feux est acceptable pour les formes tardives, légères, disposant généralement d’une poignée et de ce fait aisément manipulables (Tieghem, Singer et Delecaut 1989). Ceux-ci pourraient tout à la fois servir de couvre-braise et de cloche de cuisson, dès lors que les traces laissées par ce type d’utilisation se trouveraient à être confirmées (Fuhrer et Tchirakadzé 1995). Toutefois cette double fonction ne tient pas pour les cloches des 9e-12e s. à parois épaisses, d’une quinzaine de kilos, fragiles, dépourvues de système de préhension, pour lesquelles seule la fonction de cuisson paraît envisageable.

7-2-2 | Chamottée, calcairisée, nougatine… : une variété de qualificatifs pour une production relativement homogène

La comparaison entre les différents groupes techniques à l’échelle de l’aire d’étude s’est heurtée outre à la variabilité des vocabulaires des céramologues en charge des études pour décrire ces productions spécifiques, à des descriptions globalement insuffisantes pour permettre une uniformisation interrégionale a posteriori (Fig. 4).

Fig. 4

Ainsi deux appellations génériques sont plus particulièrement employées : celle de « chamottée » en Poitou-Charentes, Pays-de-Loire, Centre-Val de Loire, Île-de-France, et celle récente de « nougatine » en Aquitaine (Marache et al. 2021).

La « nougatine » « de nature composite, associe de gros fragments anguleux de chamotte (terre cuite pilée) à des dégraissants de nature variée. L’ensemble est lié par un ciment argileux de couleur crème à ocre rouge » (ibid.). Il s’agit finalement du groupe de pâte catégorie 3, dit « pâte chamottée » établi par Sylvie Fabre-Dupont Maleret pour définir une pâte relativement fragile, de couleur rouge marron incluant de la chamotte et réservée au façonnage des vases à paroi épaisse de très grands gabarits (Fabre-Dupont Maleret 1995 : 212). Depuis, les analyses archéométriques menées sur 10 échantillons de « nougatine » ont mis en évidence l’emploi de diverses argiles marneuses riches en carbonate de calcium et en fer, très différentes des argiles à pâtes claires à dominante kaolinitique utilisées pour les poteries communes de la même période. C’est aussi la diversité de composition des grains de chamotte qui a été révélée, par ailleurs différente des argiles marneuses et kaolinitiques. En outre, les études ont montré une cuisson à faible température des seules surfaces externes, et le maintien à cœur d’un état d’argile plastique. L’ensemble de ces constats, couplé à l’archéologie expérimentale oriente les auteurs vers une production domestique (Marache et al. 2021).

Concernant les « chamottées » de la Loire Moyenne, une partie de ces céramiques se trouvent dans le répertoire  ICERAMM déclinées en huit versions distinctes (1f, 8ax, 13a, 13c, 13c/17r, 13f, 17i, 17f), suivant la couleur de la pâte (blanc-rosée à rouge-brun), la nature des inclusions (chamotte, micas, quartz, calcaire) et leur combinaison.

Il est possible de distinguer à l’échelle du Centre-Val de Loire :

–Une pâte plutôt homogène fortement dégraissée sableuse semi-grossière beige-ocre à ocre-rouge avec nombreux grains de chamotte et quelques graviers de quartz et calcaire millimétriques. Cette pâte, largement distribuée, se retrouve dans tout le Blaisois (pâte 13c) et l’Orléanais. Elle paraît correspondre également à la pâte 13f de Vernou-sur-Brenne (Gerbaud et Husi 2013b) (notée catégorie 13 dans ICERAMM).

– Une pâte fortement litée de couleur blanche à beige claire avec nombreux grains et cailloux de calcaire marneux centimétriques identifiée dans l’atelier de potier de « la Girardière » à Mont (Indre-et-Loire) (Jesset 2013b) (notée To1f dans ICERAMM).

– Une pâte siliceuse, non chamottée grossière beige, inclusions très abondantes de quartz translucides ou opaques non calibrés et de calcaires grossiers et épars, qui lui a valu l’appellation de pâte « calcairisée », attestée à « la Grenouillère » à Tours (Indre et Loire) (Millet 2008b) et « la Pièce du Prézault » à Parcay-sur-Vienne (Indre-et-Loire) (Millet 2011c).

– Une pâte rouge à dégraissant gros à très gros (centimétrique) de chamotte et calcaire découvert à la « La Vermicellerie » à Fondettes (Indre-et-Loire) (Jaffrot 2012).

En région Poitou-Charentes, quatre grands types sont signalés :

– Une première série de pâtes préparée avec les argiles locales est dépourvue de chamotte. On identifie une pâte semi-fine blanche micacée calcaire à quartz affleurant ou sableuse (17f/17i) rencontrée sur le site de « la Casse » à Sainte-Verge et Louzy (Deux-Sèvres) (Véquaud 2018a) ; une pâte moyennement grossière, rugueuse à granuleuse sonnante de couleur beige avec des quartz affleurants (8ax), retrouvée comme précédemment sur le site de « la Casse » (Véquaud 2018a) et la « rue de Villabé » à Bressuire (Deux-Sèvres). Enfin, une pâte rouge rugueuse à granuleuse contenant une forte proportion de paillettes de micas (17r) attestée dans le département de la Vienne à Biard (Véquaud 2015a), Chasseneuil-du-Poitou (Véquaud 2016a), mais aussi les Deux-Sèvres à Aiffres (Véquaud 2017a) et Faye-sur-Ardin (Véquaud 2013f).

– La dernière largement dominante est une pâte orangée à rouge de texture grossière chamottée et/ou plus ou moins micacées. Une version 13a se rencontre en Charente à Barbezieux-Saint-Hilaire (Véquaud 1995 ; Véquaud 2015b), Mérignac (Véquaud 2010b), Guimps (Noël 2013), en Charente Maritime à L’Houmeau (Véquaud 2016b), et dans les Deux-Sèvres à Melle (Véquaud 2017b).

La version 13c, est signalée sur une vingtaine de sites en Charente, Charente-Maritime, Vienne et Deux-Sèvres, parfois en combinaison avec pâte 13a⁵.

En complément, dans la région de Cholet sont mentionnées « une pâte brune contenant de gros dégraissants et du mica doré » et une seconde « de couleur grise à gros dégraissants de quartz » (Le Boulaire 1998). Aucune des deux descriptions ne mentionne de chamotte, mais on peut s’interroger sur la nature des « gros dégraissants » de la première.

Enfin en région parisienne deux pâtes sont attestées. La première « très friable et peu cuite de teinte beige marron-orangée comportant de nombreuses inclusions non plastiques composées essentiellement de fragments de céramiques et de tuiles pilées. Accessoirement s’y trouvent mêlés des cailloux de petite ou moyenne taille (atteignant parfois 1,3 cm) » (Lefèvre 2015a : 221). Cette pâte pourrait tout à fait s’apparenter au groupe 13c.

La deuxième identifiée sur le site du Bourget à Bonneuil (Val-d’Oise) est « orangée, plus hétérogène avec des inclusions de taille variée (0,2 à 1 cm) atteignant exceptionnellement 2 ou 2,3 cm et de natures diverses (poterie, tuile pilée, cailloux, brindilles, coquillages, etc.) » (Lefèvre 2015b : 350).

Ainsi, l’identification de groupes techniques spécifiques parfois sur une vaste aire géographique, à l’image du groupe 13c ou de la chamottée blésoise, témoigne d’une diffusion et par voie de conséquence d’une fabrication au sein d’atelier. La fabrication dans la sphère domestique avancée pour la « nougatine » doit être ici écartée. La présence d’un raté de cuisson au sein de l’atelier de « la Girardière » à Monts (Indre-et-Loire) est d’ailleurs là pour le confirmer. Aussi, la diffusion de ces formes à plusieurs dizaines de kilomètres des ateliers interroge. Le transport des cloches de cuisson uniquement séchées, un temps envisagé, ne tient pas au regard de l’aspect lisse des parois, exemptes de toutes traces de manipulations avant cuisson. C’est donc bien un transport des formes cuites qu’il faut restituer, sans doute bien protégées. Le coût devait s’en trouver augmenté et pourrait expliquer les nombreuses traces de réparations observées sur ces récipients sans doute onéreux et parfois « usés jusqu’à la corde ».

7-2-3 | Les traces de façonnage et d’usage :

Le montage de ces grandes formes se fait hors du tour. Deux types de façonnage sont attestés d’après les rares traces observées, l’un à l’aide de plaques sur le site des « Porchères » à Mer (Loir-et-Cher), « vallée Maillard » à Blois (Loir-et-Cher) (Bouillon 2016) ou Saint-Denis-en-Val (Loiret) (Bouillon 2007), l’autre au colombin sur le site « ZAC entrée sud II-Cours Baleine » de Gonesse (Val d’Oise) ou du « Bourget » à Bonneuil (Lefèvre 2015a ; Lefèvre 2015b) (Fig. 5). Aucune trace ne permet d’envisager l’usage d’un gabarit pour cette mise en forme. Une reprise soignée des parois interne et externe est effectuée à l’issue du montage, sous la forme d’un lissage uniforme. Sur le site de Gonesse des stries de brossage sont également mentionnées (ibid.), tout comme une empreinte de tissu imprimé dans la pâte fraîche et visible au sommet de la lèvre d’un exemplaire (ibid.). Une empreinte similaire est observée sur un fragment de fond du site de « Larnay » à Biard (Vienne) (Véquaud 2015a) (Fig. 5). Ces traces pourraient laisser présager de l’emploi de tissu dans le processus de façonnage ou de séchage de ces individus ?

Fig. 5

Des renforts sont parfois ajoutés au niveau des parties actives : autour du trou de levage, au niveau de la lèvre, ou sur les parois. Ces ajouts peuvent être combinés. Il s’agit généralement de bandes lisses de quelques centimètres de large, en faible relief disposées horizontalement, verticalement, de biais, ou ondées (Véquaud 2010a), voire en chevrons (Lefèvre 2015a). Un caractère décoratif ressort de certains agencements comme pour les exemplaires de Saint-Gervais-la-Forêt (Loir-et-Cher) (Millet 2015), de Mer (Loir-et-Cher) (Bouillon à paraître), ou de Saint-Denis-en-Val (Loiret) (Bouillon 2007) (Fig. 6).

Fig. 6

Les bandes rapportées présentent dans quelques cas des digitations comme à Pisany (Véquaud 2007a) ou à Saintes (Charente-Maritime) (Véquaud 2019a) (Planche 2) ou des incisions sur le site de Guimps (Charente) (Noël 2013) (Planche 1). On retrouve également sur certaines formes du site de « la rue Bernard » à Saintes (Charente Maritime), des lignes horizontales ou de biais de digitations apposées directement sur la paroi externe de ces formes (Véquaud 2019a). Elles soulignent la volonté décorative de ce type de décor aux doigts, associé ou non à une bande rapportée.

Enfin, des marques tracées à la pointe au sommet, avant cuisson, sont identifiées sur deux exemplaires du site de « la Viaube » à Jaunay-Clan (Vienne) (Véquaud 2013f) (Planche 12). Ils donnent à penser qu’il pourrait s’agir de marques de tâcheron ou de potier à l’instar des marques épigraphes figurant sur les fours mobiles antiques du Languedoc (Barberan et al. 2006 : 268).

En Aquitaine, l’observation attentive des tranches et surfaces a permis de proposer une restitution du processus de montage. Le démarrage se fait depuis le fond formé d’une plaque épaisse aplatie sur lequel viennent prendre place les colombins qui constitueront la paroi, sans doute égalisée à l’aide d’une raclette, perforée, puis lissée après un temps de raffermissement (Marache et al. 2021).

Les traces d’utilisation observées sont de plusieurs natures. Les plus fréquentes, témoignent d’une exposition au feu (suie, altérations, brûlures, coloration brunâtre…) et sont concentrées sur la face externe. L’usage répété peut aller jusqu’à une forte dégradation de la paroi externe décomposée et diminuée de plusieurs millimètres comme observée sur un exemplaire du « prieuré de la Madeleine » à Orléans (Loiret) (Fig. 7). A contrario, les surfaces internes sont systématiquement nettes, lisses, dépourvues de toutes traces et altérations. On notera qu’il s’agit là d’un témoignage direct d’une utilisation à l’inverse du couvre-feu : les traces de chauffe étant situées à l’extérieur et non pas à l’intérieur.

Fig. 7

Fréquemment, ces ustensiles ont fait l’objet de réparations. Elles subsistent sous la forme de perforations circulaires de 1 cm de diamètre maximum, observées sur le fond et/ou la panse. Réalisés après cuisson, les remontages permettent de s’assurer qu’elles fonctionnent par paire. Des agrafes métalliques solidarisant deux fragments sont parfois encore fixées à l’argile dans ces trous à l’exemple d’un tesson sur le site « les Porchères » à Mer (Loir-et-Cher) (Fig. 8).

Fig. 8

Sur les exemplaires les mieux conservés il est possible de distinguer sur la partie située à l’opposé du trou de levage, un effritement et une usure de la partie externe de la lèvre, témoignage du frottement répété de cette partie sur l’âtre lors du basculement de la cloche. A contrario, les usures que pourrait avoir enregistrées le trou de levage lors de la manipulation de l’objet sont inexistantes. Il est régulièrement possible de lier cette opération de levage, sans doute répétée et fréquente, avec le bris en deux parties de la cloche perpendiculairement à son axe de bascule comme en témoigne l’exemplaire de la « Maison de la Magie » à Blois (Loir-et-Cher), ou directement au niveau du trou de levage fréquemment fracturé (Fig. 8).

7-2-4 | Essai de typologie

À partir des éléments morphologiques discriminants conservés, il est possible d’établir l’existence de trois types distincts suivant le profil général (tronconique, conique ou à bouton) et plusieurs variantes d’après la position du trou de manipulation (mi-hauteur, en partie supérieure⁶ ou directement au sommet). Dans les faits, deux positions différentes du trou de manipulation ont été observées pour chaque profil, permettant la restitution de six variantes (Fig. 9).

Fig. 9

La Cloche de cuisson 1

Les cloches de cuisson à profil conique et bouton sommital forment un groupe homogène réparti sur les départements de la Vienne et des Deux-Sèvres, avec en complément un exemplaire isolé en Seine-et-Marne (Fig. 2). Deux variantes sont documentées, l’une dans le Niortais avec un trou de manipulation placé sur la partie supérieure de la paroi à quelques centimètres du sommet (type 1a), et l’autre dans le Poitou et la Champagne avec un trou au sommet, au centre du bouton (type 1c) (Fig. 9).

La version avec trou de manipulation sur la paroi est illustrée par un exemplaire découvert sur le site du « Champ du Rossignol » à Glénay (Deux-Sèvres) (Devals 1999). Incomplet, seule la partie supérieure est conservée sur une hauteur de 30 cm pour un diamètre maximal identique. Le bouton en partie haute mesure 9,5 cm de diamètre et le trou de manipulation de 2,5 cm de diamètre se situe à 9 cm du fond. Des trous de réparation sont visibles sur le haut de la paroi, sans doute en lien avec une fracture entre la pointe et la partie inférieure de l’objet (Planche 11).

La version avec trou sommital comprend quatre exemplaires largement incomplets qui ne permettent pas d’exclure la présence d’un trou de manipulation sur la paroi. Quoi qu’il en soit le fragment découvert sur le site du « Chemin de l’Égalité » à Buxerolles (Vienne) (Véquaud 2017c), possède un bouton de 12 cm perforé en son centre d’un trou de 2,5 cm, avec une hauteur conservée de 21 cm pour un diamètre supérieur à 40 cm. Les perforations repérées sur la paroi attestent une réparation (Planche 12). Un autre bouton perforé mis au jour sur le site de « Larnay » à Biard possède un diamètre de 12,5 cm avec un trou de 2,5 cm (Véquaud 2015a) (Planche 12). L’exemplaire sur le site de « la Viaube 1 » à Jaunay-Clan, concerne un bouton de 16 cm de diamètre avec une perforation très réduite de l’ordre de 1 cm qui paraît plutôt correspondre à un trou d’évent pour l’évacuation de la vapeur, possiblement complémentaire d’un trou de manipulation qui pourrait se trouver sur la paroi. Le graffiti retrouvé au sommet du bouton pourrait s’apparenter à une marque (Véquaud 2013g) (Planche 12). Enfin, le dernier exemplaire du site des « Aulins » à Mouy-sur-Seine (Seine-et-Marne) (Mahé-Hourlier 2011) concerne un bouton de 16 cm de diamètre avec une perforation centrale de 2 cm (Planche 10).

Ce type de cloche à bouton trouve une extension en Auvergne avec un exemplaire découvert sur le site des « Cérais » à Aigueperse (Puy-de-Dôme). Il s’agit d’une forme dont la pâte est « très épaisse, modelée et contient de très fréquentes inclusions qui lui donnent un aspect friable. Elle est attestée par de nombreux fragments de bords et de panses ainsi que par un tenon de préhension » (Charmoillaux et Gaime 2019 : 125, 386). D’après le dessin, la forme restituée mesure 55 cm de diamètre externe à l’ouverture et 8,5 cm pour le bouton, pour une hauteur totale de 28 cm (Planche 9).

La Cloche de cuisson 2

Les cloches de cuisson à profil tronconique se répartissent sur un large territoire depuis l’Île de France jusqu’à la Charente-Maritime (Fig. 2). Toutefois la disposition du trou de manipulation approximativement médian (type 2a) ou déplacé vers le sommet (type 2b) permet de distinguer deux groupes cohérents (Fig. 9) : l’un au nord regroupant le Loir et Cher, le Loiret et l’Île-de-France ; l’autre au sud-ouest sur la façade atlantique depuis la Dordogne (Planche 3) jusqu’au Maine-et-Loire (Planche 8) ces deux départements restant en marge et peu documentés.

La première version, comprend plusieurs exemplaires complets centrés d’une part sur le nord de la région parisienne, et d’autre part la région Blésoise et l’Orléanais, une vaste zone blanche séparant les deux ensembles. Plusieurs exemplaires archéologiquement complets ou quasi complets retrouvés sur le site de « ZAC entrée Sud II-Cours Baleine » à Gonesse (Val d’Oise), permettent de restituer des formes à parois épaisses de 2 à 4 cm, de 46 cm de diamètre externe à l’ouverture avec un fond de 22 cm et une hauteur de 20 cm (Lefèvre 2015a) (Planche 14). Une perforation de 2,5 à 4 cm de diamètre se trouve à 5 ou 6 cm du fond à l’exemple de « Varlin-Timbaud » à Gennevilliers (Seine-Saint-Denis) (Planche 13) (Lefèvre 2013). Elle ne paraît pas renforcée par un ajout quelconque de pâte. La lèvre se trouve dans le prolongement de la panse, marquant parfois une légère excroissance vers l’intérieur.

Un exemplaire complet de ce type provient du site de « Beaulieu » à Saint-Denis-en-Val (Loiret) (Bouillon 2007). L’individu se présente sous une forme tronconique de 46 cm de diamètre externe à l’ouverture, 24 cm pour le fond et 30 cm de haut, dotée d’une lèvre formée d'un léger épaississement progressif externe et d’un sommet plat. Le trou de manipulation réalisé avant cuisson à mi-panse (10,5 cm du fond) mesure 4 cm de diamètre. Il est renforcé par un apport d’argile réparti symétriquement formant trois pétales. Le fond est plat et épais de 3,5 cm. L’ensemble est façonné relativement grossièrement. Il représente un individu dont le poids complet avoisine 14,5 kg (Planche 7).

Un autre exemplaire archéologiquement complet provient de la fouille du « Tertre » à Saint-Germain-la-Forêt (Loir-et-Cher) (Millet 2015). Il est un peu plus petit avec un diamètre externe à l’ouverture de 40 cm, un fond de 16,5 et une hauteur de 28 cm. Le trou de manipulation de 3 cm de diamètre se trouve à 6 cm de la base, dans la moitié supérieure. Il est renforcé par l’ajout de pâte formant un « décor de deux pétales longilignes s’allongeant depuis la perforation jusque sous le bord du vase et de bandes curvilignes se développant à partir des côtés de la perforation » (ibid. : 215) (Planche 6).

Un autre exemplaire provient de la « Maison de la Magie » à Blois (Loir-et-Cher) (Aubourg et Josset 2000). Il présente un diamètre de 44 cm avec des parois épaisses de 2,2 cm. Le trou de manipulation de 2,8 cm est présent dans le tiers supérieur. Il est renforcé par un ajout de pâte formant un bourrelet autour. Des petits trous de 6 mm de diamètre se trouvent autour du vase sur la panse et le fond. Ces perforations, réparties perpendiculairement à l’axe du trou de levage sont à relier à la réparation de l’objet qui a dû se briser en deux lors de sa manipulation (Aubourg et Josset 2000 : 140-141) (Planche 6).

La seconde variante avec le trou de manipulation dans le tiers supérieur ou au sommet se rencontre en Saintonge. Un seul exemplaire archéologiquement complet découvert « rue Bernard » à Saintes (Charente-Maritime) (Véquaud 2019a), permet d’approcher les proportions. Il mesure 40,5 cm de diamètre externe à l’ouverture et 17 cm pour le fond. La hauteur et de 18,5 cm. Le trou de manipulation de 1,7 cm de diamètre, apparemment non renforcé se trouve à 5 cm du fond. Les parois et le fond ont une épaisseur de 2,5 à 3 cm (Planche 2). Sur les sites du « Renclos » à Pisany (Véquaud 2007a) et « ZAC des Coteaux » Saint-Georges-des-Coteaux (Charente-Maritime) (Véquaud 2009c) se trouvent deux exemplaires dont seul le fond est conservé avec l’amorce du trou de manipulation. Dans le premier cas il mesure 2 cm de diamètre et se trouve à 6 cm de fond, dans le deuxième il mesure 2,5 cm et se trouve à 4 cm du fond (Planche 2).

Cette variante 2b se retrouve plus au sud, en Gironde. Un exemplaire est mentionné « Place Camille Jullian » à Bordeaux avec des parois qui semblent renforcées de bandes rapportées (Fabre-Dupont Maleret 1995). Plus récemment le site de « Fauroux » à Lugasson a livré trois exemplaires archéologiquement complets de tailles différentes (Huguet et Marache 2016 ; Marache et al. 2021) (Planche 4). Le plus grand de 46 cm de diamètre externe à l’ouverture et 20 cm en partie supérieure pour une hauteur de 21,5 cm, dispose d’un trou de manipulation de 1 cm de diamètre réalisé à 3,5 cm du sommet. Il est entouré d’une bande rapportée en forme de fer à cheval qui pourrait servir de renfort. Des perforations complémentaires disposées régulièrement à 5 cm au-dessus de la lèvre sont mentionnées. On ignore si elles sont destinées à faire office de trous d’évent ou si elles ont été réalisées plus certainement après cuisson (réparations). L’exemplaire intermédiaire mesure 41 cm de diamètre à l’ouverture et 24,5 en partie supérieure pour une hauteur de 13 cm. Le trou de levage de 1,5 cm se trouve à 3,5 cm du sommet. Enfin, le plus petit de 30 cm de diamètre à l’ouverture, 20,5 cm en partie supérieure et une hauteur de 8 cm présente un trou de 1,25 cm à 3,5 cm. Une opération conduite « 11 rue du Bourg » à Aubie-et-Espessas a également livré trois exemplaires dont l’un d’eux de 37,5 cm de diamètre externe à l’ouverture, 24 cm en partie supérieure pour une hauteur de 15,5 cm présentait deux trous de manipulation de 2,5 cm diamétralement opposés (Marache et al. 2021) (Planche 4). On peut voir dans ce dispositif original, un moyen d’améliorer la manipulation de la cloche avec le passage traversant de la barre utilisée pour faire basculer ou déplacer ce lourd ustensile.

La Cloche de cuisson 3

De forme conique avec un sommet massif plein comparable à un pilon d’amphore, cette cloche de cuisson se rencontre dans une zone relativement cohérente depuis les rives de la Loire du département de l’Indre-et-Loire jusqu’au nord des Deux-Sèvres (Fig. 2). Deux variantes sont identifiées, l’une avec une perforation dans la partie supérieure de la paroi (type 3b), l’autre dans le fond, (type 3c) (Fig. 9).

La première variante est illustrée par un exemplaire complet provenant de l’atelier de potier des « Girardières » à Monts (Indre-et-Loire) (Jesset 2013b). Il mesure 41 cm de diamètre externe pour une hauteur de 33,5 cm avec des parois de 4 cm d’épaisseur. Le sommet de 8 cm de diamètre forme un cylindre plein d’une hauteur de 12 cm. Le trou de manipulation dépourvu de renfort, mesure 1,7 cm de diamètre et se trouve à 12 cm du sommet (Planche 5).

La deuxième variante découverte sur le site de « la Vermicellerie » à Fondettes (Indre-et-Loire), est incomplète (Jaffrot 2012). Il s’agit d’un cylindre de 11 cm de diamètre d’une épaisseur de 12,5 cm. Le trou horizontal, non traversant réalisé dans ce cylindre mesure 4 cm de diamètre à l’ouverture pour une profondeur de 5,5 cm (Planche 5). Ce dispositif réservé à la manipulation de la cloche, suppose l’existence d’un trou d’évent complémentaire plus bas au niveau de la paroi.

7-2-5 | Vers la définition d’aires culturelles

La distribution des différents types de cloche de cuisson, telle qu’elle se dessine d’après le corpus actuel permet de proposer quatre zones distinctes :

– Dans l’Orléanais (Loir-et-Cher, Loiret) et l’Île-de-France (Val-d’Oise, Hauts-de-Seine) les formes sont tronconiques avec un trou de manipulation en partie médiane (Cloche de cuisson 2a). Les pâtes sont globalement homogènes, à dégraissant fin à moyen de sable et chamotte avec parfois quelques grains de calcaire. On relève toutefois dans le Val-d’Oise, sur le site de Bonneuil, un groupe particulier hétérogène à pâte grossière avec inclusions de chamotte, végétaux, cailloux et coquillages.

En Île de France le trou de manipulation est simple, mais les parois renforcées de bandes linéaires ou curvilignes. En Orléanais, le trou de manipulation est systématiquement renforcé par un ajout en pétales, et parfois de bandes curvilignes (Loir-et-Cher).

La rupture perceptible dans les départements situés entre les Hauts-de-Seine au nord et l’ouest du Loiret au sud, n’est pas un effet de source. En effet, outre qu’il est possible de considérer Orléans comme la marge de diffusion des cloches de cuisson blaisoises, on est assuré que les ateliers de Saran et plus largement de la forêt d’Orléans, ne produisent pas ce type de forme. En son absence actuellement sur tout le territoire de l’Eure-et-Loir, l’Île de France semble bien devoir former un secteur distinct de celui du Val de Loire, en dépit d’une description de pâte et d’un profil de forme tout à fait semblables en apparence.

– En Touraine (Indre-et-Loire) et dans le nord du Poitou (Deux-Sèvres) les formes sont coniques avec une terminaison sommitale en culot d’amphore et le trou de manipulation réalisé au sommet à la liaison panse/fond (Cloche de cuisson 3b) ou directement dans le culot (Cloche de cuisson 3c). Ce dernier type reste toutefois encore peu documenté. Le trou de manipulation est simple, sans renforcement tout comme les parois. Trois groupes techniques sont perceptibles. Deux en Touraine : l’un très grossier à pâte beige claire à blanche avec cailloux calcaires et l’autre plus homogène avec chamotte et grains calcaires. Dans le nord du Poitou la pâte est orangée grossière avec chamotte (13c).

– Dans le Poitou (Deux-Sèvres et Vienne) et en Auvergne (Puy-de-Dôme) les formes sont coniques avec un bouton sommital perforé correspondant plutôt à un trou d’évent pour la vapeur (Cloche de cuisson 1d), ou avec un trou de manipulation en partie supérieure de la panse à la fonction avec le fond (Cloche de cuisson 1b). La distribution de la Cloche de cuisson 1d semble restreinte au département de la Vienne. Sa fragmentation ne permet pas d’exclure sa combinaison avec un trou de manipulation en partie haute. Sur certains exemplaires de la Vienne, une bande renfort horizontale ceinture la cloche au-dessus de la lèvre. Deux pâtes sont identifiées : l’une brun orangée grossière avec chamotte et quelques micas (13c) répartie sur l’ensemble du territoire, mais qui paraît marquer plutôt le sud des Deux-Sèvres, et l’autre rouge, sonnante, très micacée avec de nombreuses inclusions de quartz fin (17r) plutôt dans la Vienne.

La rupture perceptible entre l’Auvergne sur laquelle l’enquête débute, et les régions de l’ouest est documentée par une absence remarquée des cloches de cuisson sur la centaine d’étude de lots médiévaux conduites sur tout le département de la Haute-Vienne. Ainsi, à l’exemple de l’Orléanais et de l’Île-de-France, l’Auvergne doit constituer un secteur distinct de celui du Poitou.

– Dans les Charentes (Charente-Maritime et Charente) et le Pays de Gascogne (Gironde et Dordogne), les formes sont également tronconiques, mais avec le trou de manipulation très haut, à la fonction entre la panse et le fond (Cloche de cuisson 2b). Les parois sont fréquemment renforcées de bandes rapportées linéaires ou curvilignes, parfois rehaussées d’un décor de digitations ou d’incisions. Le trou de manipulation paraît quant à lui exempt de renforts. Dans les Charentes, la pâte est globalement orangée rose, grossière (13c) ou parfois en pâte chamottée (13a) en Charente. En Gironde l’appellation « nougatine » pour cette céramique spécifique renvoi à une pâte beige clair à ocre rouge avec de nombreuses inclusions de chamotte. Le caractère domestique de cette production est proposé pour la nougatine, mais il s’agirait d’une spécificité du secteur, la production par des ateliers étant démontrée pour l’Orléanais et la Touraine.

7-2-6 | Conclusion

On retiendra de l’analyse de cette forme particulière, accessoire domestique pour la cuisson du pain et vraisemblablement celle d’autres plats comme en témoignent les analyses physico-chimiques, qu’elle ne doit pas être confondue avec un couvre-feu. Les traces de suie et de chauffe relevées sur l’extérieur de la cloche sont là pour témoigner d’un recouvrement par les braises et non l’inverse. De même, la plupart des petites perforations, un temps pris pour des trous d’évents se révèlent dans leur grande majorité être liées à la réparation de ces objets fragiles. Seul le large orifice circulaire de quelques centimètres créé avant cuisson à mi-panse ou au sommet sert à la fois à la manipulation de la cloche et à l’échappement de la vapeur.

L’étude a également montré le caractère « superficiel » des descriptions des groupes techniques et la nécessité d’avoir recours à des études archéométriques sur des échantillons de pâtes, seule manière d’approcher la diffusion de ce produit. En outre, le dénombrement en NR, NMI ou NTI se trouve généralement biaisé par l’effritement de la pâte. Le poids se révèle dans cette perspective indispensable pour pondérer les autres modes de calcul et déterminer un NEV.

Utilisé sur bon nombre de sites ruraux, entre le 8e s. au plus tôt et le 13e s. au plus tard, dans les habitats pourvus de foyers intérieurs, cette cloche de cuisson semble plus généralement marquer la deuxième moitié du 9eet le 10e s. avec une utilisation plus tardive vers le sud. Le rôle tenu par cet accessoire dans l’évolution des pratiques de cuisson au cours de cette période reste encore à déterminer précisément, mais il n’est pas anodin de noter que sur la centaine de sites ayant livré des cloches de cuisson, quasiment aucun ne dispose de fours domestiques enterrés. Ce basculement d’une cuisson en grande quantité ou « collective » dans des fours enterrés à de petites quantités pour l’unité d’habitation témoigne d’une modification en profondeur des pratiques culinaires et plus largement de l’économie domestique.

Le formidable essor de cette céramique particulière, ou plutôt de cette solution technique qui devait offrir de sérieux avantages doit désormais être étudié dans les régions de l’est. Gageons qu’elle permettra de faire le lien avec les pays limitrophes d’où cette pratique pourrait être importée.

7-2-7 | Les Planches