|EN
[+][–]Proposition de niveau 0

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3-1 | Section 1 – Flux, échanges et définition des aires économiques et culturelles

Les propositions logicistes de la section 1 relate l’apport de la céramique comme source d’information pour la définition des changements socio-économiques et culturels, du rythme de leur transformation dans la longue durée à l’échelle du BLM. L’objectif est de suivre pas à pas les étapes du raisonnement et d’en évaluer la validité sous la forme de propositions logicistes conduisant des données céramiques initiales à la détermination des réseaux d’échanges, des traditions de fabrication, des aires culturelles, le tout au rythme de la périodisation générale présentée dans le bloc 1 (intro 3-3 ; Bloc 1). Les chaînes opératoires d’inférence allant des propositions initiales {P0} aux propositions interprétées de niveaux supérieurs {P1 à Pn} sont représentées graphiquement dans un diagramme logiciste (Bloc 2, section 1). Comme pour la construction de la périodisation, l’analyse des données est ici fondée sur une démarche archéo-statistiques (intro 3-4 ; Bloc 4).

Synthèse historique de la section 1

Définir les aires économiques et culturelles à partir de la céramique impose d’aborder la question : (i) sous l’angle des traditions de fabrication, relevant des innovations, des effets de mode ou de la concurrence entre produits ; (ii) sous l’angle des flux commerciaux régis par les relations entre espaces au sein du BLM et par celles entretenues avec l’extérieur. En effet, la porosité entre espaces de traditions différentes s’observe à partir des échanges de vaisselle dont la capacité de pénétration innovante ou esthétique reste insuffisante pour devenir concurrentielle et donc remettre en cause la structure même des espaces préalablement définis. On peut alors admettre que la céramique, au même titre que d’autres sources matérielles ou écrites, participe à la construction d’aires culturelles pour lesquels les acteurs développent un sentiment d’appartenance, tout en conservant des relations avec l’extérieur.

Pour une compréhension globale de la démarche, en suivant un raisonnement hypothético-déductif, d’inférence déduite des prémisses (de droite à gauche du diagramme), cette section est structurée autour de cette double entrée : (i) tradition de fabrication (Proposition P4-1 et déduites de niveaux inférieurs jusqu’aux P0-1 à P0-59) ; (ii) flux commerciaux (Proposition P3-2 et déduites de niveaux inférieurs jusqu’aux P0-60 à P0-78). En outre, l’ordre donc la lecture des propositions P0 et induites de niveaux supérieurs est autant que possible chronologique, permettant de suivre la transformation des aires culturelles dans le temps long.

Inversement, la courte synthèse historique ci-après suit une lecture empirico-inductif, d’inférence par généralisation des observations (de gauche à droite du diagramme). S’agissant de présenter le raisonnement et les principaux résultats, nous avons fait ici le choix de ne pas remonter jusqu’aux nombreuses données primaires des propositions P0 directement accessibles par ce menu comme preuves du discours.

Traditions de fabrication de la céramique

Les changements dans les traditions de fabrication de la vaisselle en terre cuite entre le 6e et le 17e s. donnent une première image des aires culturelles qui structurent de BLM. Alors que l’héritage antique est encore prégnant jusqu’au milieu du 7e s. (P1-1), c’est à partir de cette date qu’il devient pertinent de parler d’une vaisselle médiévale avec des techniques et des formes génériques qui perdurent pour certaines jusqu’à la période moderne (P1-2). Les transformations techno-typologiques et stylistiques observées à partir du 7e s. et jusqu’au 10e s. redessinent un espace du BLM auparavant assez homogène (P1-1), en deux aires fondées sur des traditions de fabrication distinctes : (i) l’une du sud-ouest avec la Touraine, le Haut-Poitou et plus marginalement le Berry, dont les productions sont de couleur blanc-beige, pour certaines décorées de peinture en bandes et parfois d’une glaçure plombifère ; (ii) l’autre du nord-est avec le Blésois et l’Orléanais dont les productions sont de couleur ocre-rouge, parfois engobées et lissées, mais sans glaçure. La limite entre ces deux espaces passe par une ligne nord-sud quasi-perpendiculaire à la Loire située entre Tours et Blois (P2-1).

Bien que la vaisselle change à partir du 11e s. (P1-5), cette partition en deux aires, blanc-beige et ocre-rouge (P1-3) perdure jusqu’au 15e s. (P3-1). Elle se distingue également au travers des mécanismes de production des récipients (P1-4) avec probablement de petits ateliers pour l’espace sud-ouest et de manière certaine de grands centres de production comme Saran pour l’espace nord-est. En revanche, avec l’apparition de nouvelles traditions céramiques dans le Berry, le Haut Poitou ou le pays Chartrain surtout à partir du 13e s., on assiste à un recentrage progressivement d’un faciès céramique propre au BLM le long de la vallée de la Loire au détriment des espaces limitrophes (P2-2).

Un nouveau changement important dans la vaisselle intervient à l’aube de la période moderne à la fin du 15e s. (P1-6), phénomène qui s’accentue au 17e s. avec l’apparition du grès puis de la faïence (P1-7) donnant l’image d’un espace culturel plus homogène comparé aux périodes précédentes (P2-3). Bien qu’inscrites au moins depuis le début du haut Moyen Âge dans la mouvance d’une tradition céramique de l’Europe du nord-ouest, les multiples transformations des aires fondées sur la céramique du 6e au 17e s. montrent que le changement le plus marquant intervient entre la fin du 15e s. et le début du 16e s. Cette rupture dans les traditions de fabrication annonce un véritable décloisonnement de l’espace du BLM qui s’observe notamment avec la disparition de la partition sud-ouest et nord-est prégnante depuis le 8e s., conséquence de la concurrence de nouveaux produits issus de grands ateliers extrarégionaux (P4-1).

Commerce, flux et échanges de la céramique

En se référant maintenant aux récipients en terre cuite qui ont circulé et non plus comme précédemment aux traditions de fabrication communes à un ou plusieurs espaces du BLM, il est possible d’appréhender le commerce de la vaisselle et indirectement celui de certaines denrées alimentaires en l’occurrence le beurre et secondairement le sucre à partir des emballages utiles à leur transport et à leur conservation.

Les mécanismes d’approvisionnement, notamment des principaux centres de consommation que sont les villes du BLM, révèlent des aires économiques essentiellement locales, ne dépassant gère 40 km (P0-65) et pour les apports exogènes dépendant fortement de la plus ou moins grande proximité des ateliers. Ne sont importés des ateliers les plus lointains, que les récipients les plus ostentatoires ou originaux de leurs productions pour la vaisselle (P1-9) ou ceux adaptés au transport et à la conservation des denrées alimentaires (P1-8).

On observe une certaine stabilité des aires économiques, les réseaux d’échanges n’attestant que de faibles contacts entre la partie sud-ouest Touraine/Haut Poitou et nord-est Blésois/Orléanais jusqu’à la fin du 15e s., moment où le cloisonnement micro-régional s’estompe pour laisser place à un espace de la Loire moyenne plus ouvert (P2-5). En effet, le commerce de vaisselle majoritairement centré sur la Loire n’entretient de relations qu’avec les régions limitrophes du BLM jusqu’à la fin du 15e s. (P2-6). A cette date, l’apport des productions issues de grands ateliers extra-régionaux parfois lointains comme ceux du Beauvaisis ou de la Puisaye pour la vaisselle (P0-70), de la Normandie et de la Mayenne pour le beurre, d’un espace Loire plus large pour le sucre (P2-4) modifie profondément des réseaux l’approvisionnement à longue distance, le BLM étant alors résolument ouvert sur l’extérieur (P3-2).

Pour conclure et en se référant aux traditions de fabrication comme aux réseaux commerciaux se dessinent des aires économiques locales autour des villes constitutives de deux aires culturelles plus vastes, sud-ouest et nord-est structurant le BLM entre la fin du 7e et la fin du 15e s. Cette image d’espaces cloisonnés d’amont en aval de la Loire moyenne inscrite dans la longue durée est en contradiction avec l’idée d’un fleuve représentant un axe de communication suffisamment important pour lisser tout particularisme culturel local. Il faut attendre la fin du 15e s. pour que s’estompent progressivement ces spécificités principalement locales, le BLM s’inscrivant alors durablement dans les réseaux d’échanges de l’Europe du nord-ouest (P5-1).

Proposition de niveau 0

P0-1 : Jusqu'au 7e s., les productions de vaisselle non tournée sont bien représentées

données
 
Courbe de distribution de densité des productions non tournées (hors chamottée ; B) ajustée sur le graphique d'étendue temporelle de référence (Timerange NMI ; A).
Représentation des effectifs de céramique non tournée (hors chamottée).
Représentation pour chaque classe de la part des productions non tournées (hors chamottées).
ClasseABCDEFG1G2Total
Effectif des productions non tournées2521900036233483
Effectif total en NMI1 2763 1031 1942 1943 7032 8844 44552419 323

Les productions non tournées de tradition antique sont encore bien présentes jusqu’au 7e s., ici en classe A. Cette forte représentation s’observe au travers de la distribution de ces productions par rapport à leur effectif total, avec plus de 50 % dans la classe A (252/483 individus). Elle s’observe également et surtout dans la part des productions non tournées en fonction de l’effectif total de la classe en question qui passe de 20 % (252/1 276 individus) pour la classe A à 6 % (190/3 103 individus) pour la classe B. Les quelques éléments présents dans la classe E correspondent à certaines productions qui perdurent au Moyen Âge central, notamment dans le Haut Poitou (Poitiers, ensemble 57.01, groupe technique 17k et 17t) ou à des tessons redéposés pour les quelques autres ensembles.

A – Pot - Tours site du Château.
B – Pot - Tours site du Château.
A – Pot - Tours site du Château.
B – Pot - Tours site du Château.

P0-2 : L'usage des formes ouvertes dans la vaisselle en terre cuite hérité de l'Antiquité perdure aux 6e et 7e s.

données
 
Courbe de distribution de densité des formes ouvertes (B) ajustée sur le graphique d'étendue temporelle de référence (Timerange NTI ; A).
Représentation des effectifs des formes ouvertes.
Représentation pour chaque classe de la part des formes ouvertes.
ClasseA1A2BCDEF1F2
Effectif des formes ouvertes21381103493855340104
Effectif total en NTI5939601 1971 2011 8611 2233 291379

L’usage des formes ouvertes encore bien présent jusqu’au 7e s. (classe A, début classe B) devient très minoritaire à partir du milieu du 8e s. (fin classe B, classe C). Alors que ces formes représentent encore 40 % du corpus jusqu’au début du 7e s. (classe A1), ce taux chute à 8, 5 % dans le courant du 7e s. (classe A2).

A – Coupe - Tours site du Château.
B – Coupe - Tours site du Château.
C – Coupe - Tours site du Château.
D – Coupe - Tours site du Château.
A – Coupe - Tours site du Château.
B – Coupe - Tours site du Château.
C – Coupe - Tours site du Château.
D – Coupe - Tours site du Château.

P0-3 : À la fin du 6e s., disparaissent les décors aux poinçons de tradition antique

données
 
Courbe de distribution de densité des productions avec décor au poinçon (B) ajustée sur le graphique d’étendue temporelle de référence (Timerange NMI ; A).
Représentation des effectifs de décor au poinçon.
Représentation de la répartition dans les classes du nombre d’individus avec un décor au poinçon.
ClasseABCDEFG1G2
Effectif des poinçons1210135051
Effectif total en NMI1 2763 1031 1942 1943 7032 8844 445524

Les décors au poinçon de tradition antique se concentrent dans la classe A et le début de la classe B, datables entre le 5e et au plus tard le milieu du 7e s. Ces décors sont réalisés sur les productions DSP ou des imitations de DSP (palmettes A ; B ; C) (colonnettes A ou B) (rouelles A ; B ; C ; D ; E). Les poinçons postérieurs au milieu du 8e s. sont de tradition médiévale et correspondent, pour ceux de la fin de la classe B, à des décors d’estampage sous glaçure en damier ou en croix (estampille A ou B). Cette proposition reste encore hypothétique au vu de la faiblesse du corpus disponible.

P0-4 : Au 7e s., disparaissent certains produits exogènes au BLM ou imitiations locales de tradition antique

données
 
Courbe de distribution de densité des productions exogènes au BLM (B) ajustée sur le graphique d’étendue temporelle de référence (Timerange NMI ; A).
Représentation pour chaque classe de la part des productions exogènes au BLM sur l’effectif total de la classe.
ClasseABCDEFG1G2
Effectif des productions exogènes au BLM758001000
Effectif total en NMI1 2763 1031 1942 1943 7032 8844 445524

Les productions de tradition antique, bien que marginales, sont encore présentes en classe A avec environ 6 % de l’effectif total de la classe en question (75/1 276 individus) ; elles disparaissent au début de la classe B, au plus tard au milieu du 7e s.

P0-5 : Les productions très fines antérieures à l’an mil sont proportionnellement mieux représentées avant la fin du 7e s.

données
 
Courbe de distribution de densité des productions très fines (B) ajustée sur le graphique d’étendue temporelle de référence (Timerange NMI ; A).
Représentation pour chaque classe de la part des productions très fine sur l’effectif total de la classe.
ClasseABCDEFG1G2
Effectif des productions très fines240358012160020
Effectif total en NMI1 2763 1031 1942 1943 7032 8844 445524

Les productions de texture très fine de la fin de l’Antiquité et du haut Moyen Âge prédominent en classe A avec environ 20 % de l’effectif de la classe (240/1276 individus) et au début de la classe B, datables entre le 5e et le milieu du 7e s. Les productions fines perdurent à la fin du haut Moyen Âge tout en restant globalement marginales (17.03 > Tours Marmoutier, GT08p).

P0-6 : À la fin du 6e s., les molettes à registres composites semblent décliner.

EnsembleDatationRegistre molette compositeNombre
17.075a-6bRegistre AI1
17.075a-6bRegistre IP4
186.015c-6cRegistre CPAZ8
186.015c-6cRegistre IP1
186.015c-6cRegistre PIZ64
186.025c-6cRegistre CPIZ7
186.025c-6cRegistre IP1
186.025c-6cRegistre PIZ24
20.056b-7bRegistre GI1
20.066a-7bRegistre GI1
23.029a-10bRegistre HI1
23.039a-10bRegistre GI1
composite = au moins imbrication sur la même ligne de deux registres différents qui se répètent.

Les quelques indices de molettes à registre composite se concentrent aux 5e et 6e s. (registres : AI ; GI ; HI ; IP). Deux exemplaires appartenant, à Blois, datables de la fin du haut Moyen Âge, montrent que ce type de décor n’est ensuite pas complètement abandonné (registre : GI et HI). En l’état, la faiblesse du corpus permet au mieux de supposer un abandon progressif, sans pour autant valider pleinement cette proposition.

Coupe avec molette composite - Tours site du Château.

P0-7 : Entre le 6e et le 8e s., les productions en post-cuisson réductice sont bien représentées sauf dans l'Orléanais, à l'extrême nord-est du BLM.

données
 
Courbe de distribution de densité des productions en post-cuisson réductrice (B) ajustée sur le graphique d’étendue temporelle de référence (Timerange NMI ; A).
Représentation pour chaque classe de la part des productions en post-cuisson réductrice.
ClasseABCDEFG1G2
Effectif des productions en post-cuisson réductrice63810401529884273
Effectif total en NMI1 2763 1031 1942 1943 7032 8844 445524

Les productions en post-cuisson réductrice représentent 50 % (638 individus) du corpus de la classe A et 34 % (1040 individus) de celui de la classe B. Quelques ensembles de la fin de la classe B un peu plus tardifs traduisent une continuité de cet usage notamment à Tours jusqu’au 8e s. voire au début du 9e s. (Ensembles 17.02 et 17.03 > Tours Marmoutier ; Ensemble 20.08 > Château de Tours) (Husi 2013 a ; Galinié, Husi, Motteau et al. 2014).

L’absence de production en post-cuisson réductrice pour la classe C uniquement composée d’ensembles de l’Orléanais traduit l’absence de cet usage dans cet espace géographique aux 7e et 8e s.

P0-8 : Aux 9e et 10e s., l'usage des cloches de cuisson en production chamottée est prédominant

Utilisé sur bon nombre de sites ruraux, entre le 8e s. au plus tôt et le 13e s. au plus tard, dans les habitats pourvus de foyers intérieurs, cette cloche de cuisson semble plus généralement marquer la deuxième moitié du 9e et le 10e s. notamment dans le BLM.

Etude thématique : Bouillon, Jesset, Véquaud

Exemple cloche de cuisson - Orléanais site de Saint Denis en Val.

P0-9 : Les grandes cruches à bec ponté apparaissent dès la fin du 7e s. avec une forte présence du 8e au 10e s.

données
 
Courbe de distribution de densité des grandes cruches à bec ponté (B) ajustée sur le graphique d'étendue temporelle de référence (Timerange NTI ; A).
Représentation des effectifs des grandes cruches à bec ponté.
Représentation pour chaque classe de la part des grandes cruches à bec ponté.
ClasseA1A2BCDEF1F2
Effectif des grandes cruches à bec ponté1910142302123500
Effectif total en NTI5939601 1971 2011 8611 2233 291379

Les cruches à bec ponté (cruche 3) apparaissent véritablement à la fin du 7e s. (classe A2) pour devenir prédominantes entre le 8e et le 10e s. (classe A2 et surtout classe C). Pour la classe C qui regroupe les sites du blésois, la représentation de cette forme atteint 25 % du corpus total de la classe.

A – Cruche à bec ponté peinte en virgule - Tours, site du Château, 8e-9e s.
B – Cruche à bec ponté peinte en bande - Tours, site du Château, 8e-9e s.
C – Fragment cruche grise - Tours site du Château, fin 7e s.
A – Cruche à bec ponté peinte en virgule - Tours, site du Château, 8e-9e s.
B – Cruche à bec ponté peinte en bande - Tours, site du Château, 8e-9e s.
C – Fragment cruche grise - Tours site du Château, fin 7e s.

P0-10 : À partir du 8e s., l'usage d'une post-cuisson oxydante devient majoritaire à l'échelle du BLM.

données
 
Courbe de distribution de densité des productions en post-cuisson oxydante (B) ajustée sur le graphique d’étendue temporelle de référence (Timerange NMI ; A).
Représentation pour chaque classe de la part des productions en post-cuisson oxydante.
ClasseABCDEFG1G2
Effectif des productions en post-cuisson oxydante420206811931987359626914042342
Effectif total en NMI1 2763 1031 1942 1943 7032 8844 445524

Alors qu’elles ne représentent qu’un peu plus de 30 % aux 6e et 7e s. (classe A), les productions en post-cuisson oxydante dépassent 65 % à partir du 8e s. pour l’espace sud-ouest du BLM (classe B) et déjà plus de 90 % au nord-est pour l’Orléanais et le Blésois (classes C et D). Les taux restent à ce niveau ultérieurement dans tout le BLM en sachant que la baisse observée notamment dans la dernière classe G2 mais déjà un peu avant vient de l’accroissement des produits en grès à partir du 17e s. qui ne sont pas comptés ici dans cette catégorie. Outre la présence du grès, les quelques pourcents manquant traduisent pour partie une incertitude dans la détermination du mode de cuisson et pour partie la réalité de l’usage d’une post-cuisson réductrice tardive comme dans le Berry (classe F)

P0-11 : Au 8e s., apparaît l'usage de la peinture rouge en bandes ou virgules.

données
 
Courbe de distribution de densité des productions en bandes peintes en rouge (B) ajustée sur le graphique d’étendue temporelle de référence (Timerange NMI ; A).
Représentation pour chaque classe de la part des productions avec des bandes de peinture rouge.
ClasseABCDEFG1G2
Effectif des productions avec des bandes de peinture rouge9229112190831
Effectif total en NMI1 2763 1031 1942 1943 7032 8844 445524

Les productions décorées de bandes de peinture rouge apparaissent au 8e s. à la fin de la classe A mais surtout au début de la classe B.

A – Exemple de bandes peintes - Tours site du Château.
B – Exemple de virgules - Tours site du Château.
A – Exemple de bandes peintes - Tours site du Château.
B – Exemple de virgules - Tours site du Château.

P0-12 : Au 8e s., apparait l'usage de l'engobe lissé rouge.

données
 
Courbe de distribution de densité des productions engobées lissées rouges (B) ajustée sur le graphique d’étendue temporelle de référence (Timerange NMI ; A).
Représentation pour chaque classe de la part des productions engobées lissées rouges.
ClasseABCDEFG1G2
Effectif des productions engobées lissées rouges6934825523000
Effectif total en NMI1 2763 1031 1942 1943 7032 8844 445524

Les productions engobées lissées rouges apparaissent au 8e s. notamment en classes C et D qui correspondent aux espaces Orléanais et Blésois où ce type de traitement de surface étant le plus répandu (cf. Section 1 : P0-20).

A – Cruche - Tours site de Clocheville (production de Saran).
B – Cruche - Chinon site de Saint-Mexme (production de la vallée de la Vienne).
A – Cruche - Tours site de Clocheville (production de Saran).
B – Cruche - Chinon site de Saint-Mexme (production de la vallée de la Vienne).

P0-13 : L'usage de la glaçure plombifère apparaît au plus tard au début du 9e s., parfois dès le milieu du 8e s.

données
 
Courbe de distribution de densité des productions glaçurées (B) ajustée sur le graphique d’étendue temporelle de référence (Timerange NMI ; A).
Représentation pour chaque classe de la part des productions glaçurées.
ClasseABCDEFG1G2
Effectif des productions glaçurées6790462659321075258
Effectif total en NMI1 2763 1031 1942 1943 7032 8844 445524

La glaçure plombifère réapparait après l’antiquité globalement au 9e s. dans le BLM mais en faible quantité dans les classes B et D. A Tours, cette réapparition dans la classe B est légèrement plus précoce, dès le milieu du 8e s. (Ensemble 20.08).

L’absence généralisé en Europe de l’Ouest de glaçure plombifère avant le 8e s. prouve que les petits pics observés en classe A correspondent à quelques tessons glaçurés en position intrusive (Ensemble 20.05 > Château de Tours ; Ensemble 11.12 > Joué-Les Tours > la Flottière).

Coupe - Tours site du Château.

P0-14 : Dans le courant du 8e s., les registres de molettes du haut Moyen Âge se simplifient.

données
 
Courbe de distribution de densité des productions avec décor à la molette simple (B) ajustée sur le graphique d’étendue temporelle de référence (Timerange NMI ; A).
Représentation des effectifs de décor de molette à registre simple.
Représentation pour chaque classe de la part des décors de molettes à registre simple.
ClasseABCDEFG1G2
Effectif des molettes simples58201190793111040
Effectif total en NMI1 2763 1031 1942 1943 7032 8844 445524

Pour le haut Moyen Âge, l’usage des décors de molettes avec un registre simple croit fortement du milieu du 8e s à la fin du 10e s., surtout en classes B et C. Leur part rapportée à l’effectif total des individus (NMI) par classe traduit l’importance de tels décors en classe C (proche de 20 %). Cette classe C ne regroupe que des sites de l’Orléanais ; il s’agit ici des productions de l’atelier de Saran.

Molette avec registre simple en losange - Tours site du Château.

P0-15 : Les pots à oreilles n’existent qu’au haut Moyen Âge et principalement du 6e au 8e s.

données
 
Courbe de distribution de densité des pots 20 dits à oreilles (B) ajustée sur le graphique d'étendue temporelle de référence (Timerange NTI ; A).
ClasseA1A2BCDEF1F2
Effectif des pots à oreilles231400000
Effectif total en NTI5939601 1971 2011 8611 2233 291379

Bien que très marginale avec seulement 19 individus, cette forme particulière de pots munis de deux tenons sommitaux souvent percés servant de suspension, n’est présente qu’au haut Moyen Âge, principalement entre le 6e et le 8e s. (Classe B et secondairement classe A).

Pot à oreilles - Saint Laurent Nouan site Le Ganay.

P0-16 : L'usage des pots à lèvre en gouttière se répand dès le 8e s. mais surtout aux 9e et 10e s. et principalement dans le Blésois et l'Orléanais, au nord-est du BLM.

données
 
Courbe de distribution de densité des pots à lèvre en gouttière (B) ajustée sur le graphique d'étendue temporelle de référence (Timerange NTI ; A).
Représentation des effectifs des pots à lèvre en gouttière.
Représentation pour chaque classe de la part des pots à lèvre gouttière.
ClasseA1A2BCDEF1F2
Effectif des pots à lèvres en gouttière1798531445215000
Effectif total en NTI5939601 1971 2011 8611 2233 291379

Les pots munis d’une lèvre en gouttière (pot 2g et 2i) apparaissent au 8e s. (classe A2, début B) mais sont surtout en usage aux 9e et 10e s. (classes B et C) pour disparaitre au début du 11e s. (classe D). Ils représentent 40 % à 50 % du corpus des classes B et C qui regroupent respectivement les sites de l’Orléanais et du Blésois, révélant un plus fort usage de ces pots dans la partie nord-est du BLM.

Pot à lèvre en gouttière - Tours site du Château.

P0-17 : Les productions décorées de bandes de peinture rouge datées du 8e à la fin du 10e s. se concentrent entre Touraine et Haut Poitou, dans le sud-ouest du BLM.

données
 
Courbe de distribution de densité des productions en bandes peintes en rouge (B) ajustée sur le graphique d’étendue temporelle de référence (Timerange NMI ; A).
Représentation pour chaque classe de la part des productions avec des bandes de peinture rouge.
ClasseABCDEFG1G2
Effectif des productions avec des bandes de peinture rouge9229112190831
Effectif total en NMI1 2763 1031 1942 1943 7032 8844 445524

Les productions décorées de bandes de peinture rouge sont datables entre le 8e s. et la fin du 10e s. (classes B et E). Elles se concentrent dans les classes regroupant presqu’exclusivement des sites donc des ensembles localisés dans la partie sud-ouest du BLM (Touraine, Haut-Poitou) : les classes B et E où elles représentent respectivement 7 % (229 individus) et 5 % (190 individus) de l’effectif total. Pour la même période, elles sont quasi-inexistantes dans les classes C et D qui ne regroupent que des sites localisés dans l’Orléanais et du Blésois.

Dendrogramme obtenu avec l’algorithme de Classification Descendante Hiérarchique (CDH) mapclust (À gauche). Moyenne globale des silhouettes (en haut à droite) et variabilité intra-groupe (en bas à droite). En se référant à l’indicateur de la moyenne globale des silhouettes, les meilleures valeurs correspondent aux partitions en 2, 4, 7 et 12 classes. La variabilité intra-groupe indique que le meilleur choix de partition correspond à 4 classes.
 
Choix d’un regroupement en 4 patchs (espaces) issu de l’algorithme mapclust (CDH avec contrainte géographique sur les 45 ensembles retenus). Les traits donnent l’ordre de partitions (1 à 3). Taille du cercle augmente avec la représentation des productions.

Les productions décorées de bandes de peinture rouge se répartissent en quatre patchs représentant quatre espaces économiques locaux. La position géographique excentrée, de certains sites (Bourges, Marboué) mal classés ou isolés dans une unique classe peut révéler des espaces économiques en faible prise avec le cœur du BLM. La première partition (1) sépare deux espaces, nord-est et sud-ouest : (i) le premier avec une représentation marginale des produits avec bandes peintes à Blois et Orléans, (ii) le second qui concentre la majorité d’entre eux entre le Haut-Poitou et la Touraine.

Indice de silhouettes par classe (valeurs négatives correspondent à un mauvais classement) Un ensemble (134.02 > Marboué) est mal classé. Alors que les productions en bandes peintes sont bien représentées dans cet ensemble, il appartient à la classe 2 qui se caractérise par une faible présence de tels produits.

P0-18 : Entre le 8e et la fin du 10e s. les productions glaçurées se concentrent en Touraine et Haut Poitou, dans le sud-ouest du BLM.

données
 
Courbe de distribution de densité des productions glaçurées (B) ajustée sur le graphique d’étendue temporelle de référence (Timerange NMI ; A).
Représentation pour chaque classe de la part des productions glaçurées.
ClasseABCDEFG1G2
Effectif des productions glaçurées6790462659321075258
Effectif total en NMI1 2763 1031 1942 1943 7032 8844 445524

Les premières productions glaçurées, qui réapparaissent globalement à partir du 9e s. (Section 1 : P0-15) se concentrent dans les classes B et D. Ces productions sont essentiellement représentées dans la partie sud-ouest de notre espace d’étude (Touraine, Haut-Poitou) et plus à l’est dans le Blésois. Il semble pourtant que le centre de gravité de ces productions soit plutôt le sud-ouest du BLM puisque 45 % (21/46 individus) d’entre-elles venant du Blésois ont très probablement comme origine la Touraine (diagramme à bandes verticales Classe D : bl11f et bl07e).

Dendrogramme obtenu avec l’algorithme de Classification Descendante Hiérarchique (CDH) mapclust (À gauche). Moyenne globale des silhouettes (en haut à droite) et variabilité intra-groupe (en bas à droite). En se référant à l’indicateur de la moyenne globale des silhouettes, les meilleures valeurs correspondent à une partition en 3 et 4 classes. La variabilité intra-groupe indique que le meilleur choix de partition correspond à 3 classes.
 
Choix d’un regroupement en 3 patchs (espaces) issu de l’algorithme mapclust (CDH avec contrainte géographique sur les 28 ensembles retenus). Les traits donnent l’ordre de partitions (1 et 2). Taille du cercle augmente avec la représentation des productions. Regroupements spatiaux en 3 patchs issus des résultats de la méthode de classification mapclust appliquée aux premières productions glaçurées.

Bien que la valeur des résultats soit ici limitée par la faiblesse du corpus, la première partition (1), conforte une séparation en deux espaces, sud-ouest et le nord-est du BLM, à partir de l’analyse des premières glaçures.

P0-19 : Les productions engobées lissées rouges datées entre le 8e à la fin du 10e s., se concentrent entre Blésois et Orléanais, dans le nord-est du BLM.

données
 
Courbe de distribution de densité des productions engobées lissées rouges (B) ajustée sur le graphique d’étendue temporelle de référence (Timerange NMI ; A).
Représentation pour chaque classe de la part des productions engobées lissées rouges.
ClasseABCDEFG1G2
Effectif des productions engobées lissées rouges6934825523000
Effectif total en NMI1 2763 1031 1942 1943 7032 8844 445524

Les productions engobées rouges sont datables entre la fin du 8e s. et le 10e s. (fin des classes B et C ; classe D). Elles se concentrent très majoritairement dans la partie nord-est du BLM et notamment dans le Blésois (classe D), secondairement dans l’Orléanais (classe C) avec respectivement 12 % (255 individus) et 4 % (48 individus) de l’effectif total de ces productions. Elles sont également présentes mais minoritairement dans la partie sud-ouest du BLM (Touraine, Haut-Poitou) avec 3 % (93 individus) de l’effectif total des engobées rouges de la classe B concentrées pour 47 % dans un seul ensemble de Tours (44/93 individus ; Ensemble 17.03 > Tours > Marmoutier). En outre, 45 % (42/93 individus) de ces productions mises au jour en Touraine proviennent de Saran ce qui conforte l’idée que le centre de gravité des engobées rouges se situe à l’est du BLM (Diagramme à bandes verticales > Classe B > grisé > sar16j).

Dendrogramme obtenu avec l’algorithme de Classification Descendante Hiérarchique (CDH) mapclust (À gauche). Moyenne globale des silhouettes (en haut à droite) et variabilité intra-groupe (en bas à droite). En se référant à l’indicateur de la moyenne globale des silhouettes, la meilleure valeur partition correspond à une partition en 3 classes. La variabilité intra-groupe indique que le meilleur choix de partition correspond également à 3 classes.
 
Choix d’un regroupement en 3 patchs (espaces) issu de l’algorithme mapclust (CDH avec contrainte géographique sur les 45 ensembles retenus). Les traits donnent l’ordre de partitions (1 et 2). Taille du cercle augmente avec la représentation des productions.

Les productions engobées lissées se répartissent en trois patchs représentant trois espaces dont le centre de gravité est très à l’est du BLM. La position géographique, excentrée du site de Marboué, révélatrice d’un espace économique en faible prise avec la Loire, est certainement à l’origine d’une mauvaise attribution à la classe 2 (indice de silhouettes). La première partition sépare deux espaces, nord-est et sud-ouest en fonction de cette tradition de fabrication : (i) une forte concentration dans le Blésois et l’Orléanais, (ii) une présence marginale dans le Haut-Poitou et en Touraine.

Indice de silhouettes par classe (valeurs négatives correspondent à un mauvais classement) Seul le site de Marboué (Ensembles 134.01 et 134.02) est mal classé. Alors que les productions engobées rouges sont faiblement représentées dans ce site, il appartient à la classe 1, qui se caractérise par une forte présence de tels produits.

P0-20 : Entre le 8e et la fin du 10e s. les productions de couleur blanc-beige se concentrent entre Touraine et Haut Poitou, dans le sud-ouest du BLM.

données
 
Courbe de distribution de densité des productions de couleur blanc-beige (B) ajustée sur le graphique d’étendue temporelle de référence (Timerange NMI ; A).
Représentation pour chaque classe de la part des productions de couleur blanc-beige.
ClasseABCDEFG1G2
Effectif des productions de couleur blanc-beige24513661587306018681938219
Effectif total en NMI1 2763 1031 1942 1943 7032 8844 445524

Les productions de couleur blanc-beige apparaissent de manière significative à partir de la fin du 7e s. et surtout au 8e s. ; elles sont essentiellement représentées dans la classe B (7e – 10e s.) correspondant majoritairement au sud-ouest du BLM (Touraine et Haut-Poitou). Les classes C et D de la même période centrées sur le nord-est du BLM (Blésois et l’Orléanais) révèlent une quasi-absence de productions de couleur blanc-beige.

Dendrogramme obtenu avec l’algorithme de Classification Descendante Hiérarchique (CDH) mapclust (À gauche). Moyenne globale des silhouettes (en haut à droite) et variabilité intra-groupe (en bas à droite). En se référant à l’indicateur de la moyenne globale des silhouettes, la meilleure valeur correspond à une partition en 4 classes. La variabilité intra-groupe indique que le meilleur choix de partition correspond également à 4 classes.
 
Choix d’un regroupement en 4 patchs (espaces) issu de l’algorithme mapclust (CDH avec contrainte géographique sur les 99 ensembles retenus). Les traits donnent l’ordre de partitions (1 à 3). Taille du cercle augmente avec la représentation des productions.

Les productions de couleur blanc-beige entre la fin du 7e s et le 10e s. se répartissent en quatre patchs représentant quatre espaces économiques locaux. La position géographique, excentrée du site de Marboué, révélatrice d’un espace économique en faible prise avec la Loire, est certainement à l’origine d’une mauvaise attribution à la classe 4 (indice de silhouettes). La première partition, également intéressante, sépare deux espaces, nord-est et sud-ouest en fonction de cette tradition de fabrication : (i) le premier avec une représentation marginale de ces produits à Blois et Orléans, (ii) le second qui concentre la majorité d’entre eux entre le Haut-Poitou et la Touraine.

Indice de silhouettes par classe (valeurs négatives correspondent à un mauvais classement) Un ensemble du site de Marboué (Ensemble 134.02) est mal classé. Alors que les productions de couleur blanc-beige sont bien représentées dans cet ensemble, il appartient à la classe 4, qui se caractérise par une faible présence de tels produits.

P0-21 : Les productions de couleur ocre-rouge entre le 8e à la fin du 10e s. se concentrent entre Blésois et Orléanais, dans le nord-est du BLM.

données
 
Courbe de distribution de densité des productions de couleur ocre-rouge (B) ajustée sur le graphique d’étendue temporelle de référence (Timerange NMI ; A).
Représentation pour chaque classe de la part des productions de couleur ocre-rouge (en gris les productions venant de Saran attestées dans d’autres ensembles).
ClasseABCDEFG1G2
Effectif des productions de couleur ocre-rouge175702 (dont 43 de Saran)11781900 (dont 43 de Saran)5358232104123
Effectif total en NMI1 2763 1031 1942 1943 7032 8844 445524

Les récipients de couleur ocre-rouge se concentrent dans les classes C et D datées entre le 8e s. et la fin du 10e s. Ces deux classes sont centrées sur l’espace nord-est du BLM de l’Orléanais et du Blésois. Ces productions représentent respectivement 99 % (1178 individus) et 87 % (1900 individus) du corpus de ces classes. Bien que marginale, la présence dans le Blésois de productions Orléanaises des ateliers de Saran (Classe D > grisé > 2 % > 43/1900 individus) conforte l’idée d’une attirance commune pour des produits esthétiquement proches (sar08t et sar16j : ocre-rouge).

La classe B centrée sur la partie sud-ouest du BLM, ne révèle qu’une faible part de productions de couleur ocre-rouge, réunies dans quelques ensembles de Tours (Ensembles 17.03 > Marmoutier ; 20.08 et 20.11 > Château). Ces trois ensembles regroupent 34 % des individus de cette couleur de la classe B (240/702 individus), dont 16 % sont des produits importés de Saran (Classe B > grisé > sar16j > 39/240 individus) ; cette dernière remarque conforte l’idée d’un centre de gravité des produits ocres-rouges situé au nord-est du BLM.

Dendrogramme obtenu avec l’algorithme de Classification Descendante Hiérarchique (CDH) mapclust (À gauche). Moyenne globale des silhouettes (en haut à droite) et variabilité intra-groupe (en bas à droite). En se référant à l’indicateur de la moyenne globale des silhouettes, les valeurs sont correctes sauf pour celle correspondant à une partition en 4 classes. La variabilité intra-groupe indique que le meilleur choix de partition est un découpage en 5 ou 7 classes ; le choix a été fait de retenir 5 classes, une partition plus fine n’ayant historiquement que peu de sens.
 
Choix d’un regroupement en 5 patchs (espaces) issu de l’algorithme mapclust (CDH avec contrainte géographique sur les 103 ensembles retenus). Les traits donnent l’ordre de partitions (1 à 3 car même niveau 2 de partition). Taille du cercle augmente avec la représentation des productions.

Les productions de couleur ocre-rouge entre la fin du 7e s et le 10e s. se répartissent en cinq patchs représentant cinq espaces dont un à l’extrême ouest rarement isolé dans des propositions de même nature, pour la même période par manque de données en Anjou. La position géographique excentrée des sites de Marboué et de Juigné–sur-Loire par rapport au cœur du BLM n’est pas étrangère au leur mauvais classement suivant l’indice de silhouettes. La première partition, sépare un espace nord-est du BLM qui comprend la majorité des productions ocres-rouges, d’un espace sud-ouest où elles sont globalement plus faiblement représentées.

Indice de silhouettes par classe (valeurs négatives correspondent à un mauvais classement) Deux ensembles, de Marboué (Ensemble 134.02) et de Juigné–sur-Loire (Ensemble 51.01) sont mal classés. Les productions ocres-rouges sont moins prégnantes à Marboué, que dans les autres sites de la classe 2, c’est le cas inverse pour le site de Juigné dans la classe 5.

P0-22 : Jusqu'au 10e s. les productions micacées se concentrent au sud-ouest du BLM, principalement entre la Touraine et le Haut Poitou.

données
 
Courbe de distribution de densité des productions micacées (B) ajustée sur le graphique d’étendue temporelle de référence (Timerange NMI ; A).
Représentation pour chaque classe de la part des productions micacées blanc-beige.
ClasseABCDEFG1G2
Effectif des productions micacées280266118701410
Effectif total en NMI1 2763 1031 1942 1943 7032 8844 445524

Les productions micacées uniquement présentes au haut Moyen Âge le long de la Loire sont bien représentées en Touraine et dans le Haut Poitou. Plus globalement, elles se concentrent dans la partie ouest du BLM et sont inexistantes plus à l'est comme à Blois ou à Orléans. Cela s'explique par la nature des gisements d'argile donc la localisation des ateliers mais peut-être par un effet de mode, la présence de micas disparaissant des productions de Touraine à la fin du haut Moyen Âge alors qu'elle perdure dans le Poitou et plus à l'Ouest en Vendée jusqu'à la période moderne.

P0-23 : Les formes des cloches de cuisson en production chamottée diffèrent entre Blésois et Orléanais au nord-est, Touraine et Haut Poitou au sud-ouest du BLM.

Dans l’Orléanais (Loir-et-Cher, Loiret) et l’Île-de-France (Val-d’Oise, Hauts-de-Seine) les formes des cloches de cuisson sont tronconiques avec un trou de manipulation en partie médiane (Cloche de cuisson 2a). En Touraine (Indre-et-Loire) et dans le nord du Poitou (Deux-Sèvres) les formes sont coniques avec une terminaison sommitale en culot d’amphore et le trou de manipulation réalisé au sommet à la liaison panse/fond (Cloche de cuisson 3b) ou directement dans le culot (Cloche de cuisson 3c) (Etude thématique : Bouillon, Jesset, Véquaud).

A – Cloche de cuisson type 2a - Orléanais site de Saint Denis en Val.
B – Cloche de cuisson Touraine type 3b - Touraine site de Monts.
A – Cloche de cuisson type 2a - Orléanais site de Saint Denis en Val.
B – Cloche de cuisson Touraine type 3b - Touraine site de Monts.

P0-24 : Du 8e au 10e s., les principaux registres de molettes sont identiques à l'échelle du BLM.

données
Répartition des principaux registres de molettes par grands espaces historiques du BLM.
Espaces historiquesAnjouBlésoisOrléanaisTouraine
Nombre de registres différents8121220
Effectif total en NMI3994226220

L’analyse des molettes montre que les registres décoratifs constitutifs des différents espaces historiques du BLM sont identiques, même si leurs représentations diffèrent d’un espace à l’autre (registres A ; C ; G et H). Aucune répartition spatiale particulière n’est décelable pour cette tradition décorative à l’échelle du BLM.

P0-25 : Du 8e au 10e s., les sites de Jublains et Sainte Suzanne (Mayenne) traduisent un usage important et une grande diversité des registres de molettes comparés à ceux du BLM.

Représentation de la répartition du nombre de registres et la part des individus décorés pour deux sites de Mayenne, et ceux des grands espaces historiques du BLM.
Espaces historiquesJublains Sainte SuzanneAnjouBlésoisOrléanaisTouraine
Nombre de registres différents438121220
Effectif des individus avec décors2563994226220
Effectif total en NMI1154256237517553472
Part des individus décorés22 %15 %4 %13 %6 %

Les sites de Jublains et Sainte Suzanne (Mayenne) révèlent une part importante d’individus décorés (22 %) associés à une grande diversité des types de molettes (43 registres). Cela contraste avec un appareil décoratif du BLM, plus limité à la fin du haut Moyen Âge. Une telle analyse, ici sur un exemple, devra à l’avenir être systématisée et étendue à d’autres critères afin d’étayer l’hypothèse sous-jacente à cette proposition, d’une entité du BLM qui se différencie d’aires culturelles limitrophes.

P0-26 : Entre le 8e et le 10e s., les productions de Jublains et Sainte Suzanne (Mayenne) majoritairement de couleur noire et grise se différencient de celles plus claires du BLM.

Représentation de la répartition des productions suivant leurs couleurs pour deux sites de Mayenne comparés à ceux du BLM.
LieuBLMJublains et Sainte Suzanne
Effectif productions noir-gris1 092651
Effectif productions blanc-beige1 46841
Effectif des productions ocre-rouge3 78029
Effectif total en NMI6 473833

Les sites de Jublains et Sainte Suzanne (Mayenne) révélant une majorité de productions noires et grises en post-cuisson réductrice (83 %) contrastent avec ceux du BLM dont les productions sont essentiellement réalisées en post-cuisson oxydante à la fin du haut Moyen Âge. Une telle analyse, ici sur un exemple, devra à l’avenir être systématisée et étendue à d’autres critères afin d’étayer l’hypothèse sous-jacente à cette proposition, d’une entité du BLM qui se différencie d’aires culturelles limitrophes (cf. Section 1 : P0-24).

P0-27 : Du 11e au 15e s., les productions de couleur blanc-beige sont majoritaires dans le sud-ouest du BLM, en Touraine et Haut Poitou.

données
 
Courbe de distribution de densité des productions de couleur blanc-beige (B) ajustée sur le graphique d’étendue temporelle de référence (Timerange NMI ; A).
Représentation pour chaque classe de la part des productions de couleur blanc-beige.
ClasseABCDEFG1G2
Effectif des productions blanc-beige24513661587306018681938219
Effectif total en NMI1 2763 1031 1942 1943 7032 8844 445524

Les productions de couleur blanc-beige sont majoritaires dans les classes E et F, entre le 11e et le 15e s., atteignant des taux proches de 80 % et 65 % de l’effectif total des classes en question. Les classes E et F sont presqu’exclusivement composées d’ensembles stratigraphiques issus de sites appartenant à l’espace sud-ouest du BLM (Haut-Poitou, Touraine et Anjou, ce dernier uniquement en classe F).

P0-28 : Au 15e s., les productions de couleur ocre-rouge sont majoritaires dans le nord-est du BLM, notamment dans le Blésois.

Blois (Site de la cour du château)Ensemble 23.05 (datation 15a-d)
Effectif et part des productions ocre-rouge185 (92 %)
Effectif et part des productions blanc-beige4 (2 %)
Autres productions13 (6 %)
Effectif total en NMI202

Les productions de couleur ocre-rouge représentent la quasi-totalité de la céramique du dépotoir 23.05 du site de la Cour du Château à Blois (92 %). Bien qu’il soit difficile de généraliser et d’extrapoler à partir d’un unique exemple, l’usage de récipients de couleur ocre-rouge, déjà attesté au haut Moyen Âge, semble toujours réel au 15e s. dans cette partie nord-est du BLM.

P0-29 : Au 13e s. à Amboise, limite entre espace nord-est et sud-ouest du BLM, deux tessonnières d'un atelier de production ont révélé des récipients majoritairement blancs mais également rouges .

L’étude pétrographique et chimique des productions de l’atelier d’Amboise a montré l’utilisation d’une source d’argile très proche pour les récipients majoritairement de couleur blanche et marginalement orange. Cette distinction de couleur vient d’une teneur en fer plus importante révélant une légère différence dans les bancs d’argile locaux choisis par les potiers (Cantin, Huet 2003 : 95-96)

Notice ICERAMM

Classification ascendante hiérarchique des céramiques médiévales d’Amboise, Angers, Blois, Chinon, Poitiers, Rigny-Ussé et Tours, (analyses chimiques), (analyse de grappe en affinité moyenne non pondérée sur variables centrées réduites relatives aux 17 constituants suivants : CaO, Fe2O3, TiO2, K2O, SiO2, Al2O3, MgO, MnO, Zr, Sr, Rb, Zn, Cr, Ni, Ba, V, Ce). Cantin et Huet 2003 : Figure 24.
Localisation d’Amboise, Angers, Blois, Chinon, Poitiers, Rigny-Ussé et Tours.

P0-30 : Du 8e au 10e s., la part des productions locales issues des sites de consommation du BLM est très différente entre Blésois et Orléanais au nord-est, Touraine et Haut-Poitou au sud-ouest.

Espaces historiques (Période 2 : 7d-10c)EspacesEffectif en NMI des productions attestées ou fortement supposées localesEffectif total en NMI de l'espace retenuPart des productions attestées comme locales issues des sites domestiques de la ville
Touraine (Période 2 : 7d-10c) atelier Monts (Groupes techniques locaux to1f ; to1n)Sud-ouest du BLM4612 45719 %
Haut-Poitou (Période 2 : 7d-10c) productions fortement supposées locales (po/cha1p ; po/cha1r)Sud-ouest du BLM1711 01117 %
Orléanais (Période 2 : 7d-10c) atelier Saran (Groupes techniques locaux sar8t ; sar8ad ; sar16b ; sar16c ; sar16j)Nord-est du BLM4 2564 47495 %
Blésois (Période 2 : 7d-10c) productions fortement supposées locales (céramiques dites "blésoises" : bl3h ; bl08e)Nord-est du BLM1 5342 09273 %
Effectifs et parts des productions issues des sites domestiques et attestées comme locales par un atelier ou fortement supposées locales par la présence d’une production omniprésente et quasi-unique (période 2 : fin du 7e au troisième quart du 10e s.).

Il existe une grande différence entre l’espace nord-est du BLM avec plus de 75 % des productions attestées comme locales dans les sites de consommation et l’espace sud-ouest pour lequel ce chiffre ne dépasse pas 20 %. Bien qu’un certain nombre d’ateliers notamment dans la partie sud-ouest soient encore méconnus, cette opposition révèle déjà une différence des mécanismes de production et d’approvisionnement avec d’une part la présence d’un atelier en position monopolistique dans le nord-est et d’autre part des ateliers plus modestes, en concurrence dans la partie sud-ouest.

A – Cruche ratée de cuisson atelier de Saran - site ZAC Portes du Loiret, 10e s. (Jesset, Bouillon, Lejault et al. 2017).
B – Pot raté cuisson atelier de Saran - site de la Médecinerie, 7e s. (Jesset, Bouillon, Lejault et al. 2017).
C – Pot raté-cuisson atelier de Saran - site de la Médecinerie, 7e s. (Jesset, Bouillon, Lejault et al. 2017).
A – Cruche ratée de cuisson atelier de Saran - site ZAC Portes du Loiret, 10e s. (Jesset, Bouillon, Lejault et al. 2017).
B – Pot raté cuisson atelier de Saran - site de la Médecinerie, 7e s. (Jesset, Bouillon, Lejault et al. 2017).
C – Pot raté-cuisson atelier de Saran - site de la Médecinerie, 7e s. (Jesset, Bouillon, Lejault et al. 2017).

P0-31 : Du 10e au 15e s., le ratio du nombre de groupes techniques du BLM diifère entre Blésois, Orléanais au nord-est et Touraine, Haut-Poitou au sud-ouest.

On remarque un ratio de 1 à 6 entre le nombre de groupes techniques mis au jour dans les sites domestiques de la partie nord-est (49 groupes) et sud-ouest du BLM (293 groupes). Bien que les données soient encore faibles pour la partie nord-est (4 sites contre 12 pour le sud-ouest), une telle opposition révèle des mécanismes de production et d’approvisionnement différents, locaux monopolistiques d’une part et diversifiés d’autre part, constatation déjà faite pour la période précédente (Section 1 : P0-30). Cette hypothèse n’est actuellement fondée que sur les sites de consommation, aucun atelier n’ayant encore été mis au jour pour cette période dans le BLM.

P0-32 : Dans le courant du 11e s., apparaissent des formes aussi emblématiques que l'oule à lèvre en bandeau et pérennes que le pichet ou la cruche à bec tubulaire

données
 
Courbe de distribution de densité (B) des formes emblématiques (oules à lèvre en bandeau, pichets et cruches à bec tubulaire) ajustée sur le graphique d’étendue temporelle de référence (Timerange NMI ; A).
Représentation des effectifs des formes emblématiques par classe.
Représentation pour chaque classe de la part des formes emblématiques.
ClasseABCDEFG1G2
Effectif des formes emblématiques846112261392546137
Effectif total en NMI1 2763 1031 1942 1943 7032 8844 445524

L’apparition au 11e s. (classe E) de l’oule à lèvre en bandeau, du pichet de forme allongé parfois muni d’un petit bec pincé et de faible capacité, enfin de la cruche plus volumineuse et globulaire avec un bec tubulaire traduit une vraie rupture typo-fonctionnelle avec la période précédente. Ces formes emblématiques se généralisent et pour certaines perdurent jusqu’à la période moderne (classes F et G1).

A – Cruche - Tours site du Château.
B – Oule - Tours site du Château.
C – Pichet - Tours site du Château.
D – Pichet - Tours site du Château.
A – Cruche - Tours site du Château.
B – Oule - Tours site du Château.
C – Pichet - Tours site du Château.
D – Pichet - Tours site du Château.

P0-33 : À la fin du 13e s., s'opère progessivement le remplacement des pots sans anse à lèvre en bandeau (oules) par des pots munis d'une anse latérale (coquemars)

données
Courbe de distribution de densité des pots sans anse ajustée sur le graphique d'étendue temporelle de référence (Timerange NTI ; A) : (B) Courbe correspond aux nombreuses variantes de pots sans anse, (C) Courbe correspond uniquement aux pot 2b/2c (oule), (D) Courbe correspond aux nombreuses variantes de pots avec anse (coquemar).
Représentation des effectifs de pots par forme (sans anse sauf oule, sans anse de type oule, avec anse de type coquemar) et par classe.
Représentation cumulée de la part des pots par forme (sans anse sauf oule, sans anse de type oule, avec anse de type coquemar) et par classe.
ClasseA1A2BCDEF1F2
Effectif des pots sans anse sauf de type oule2706726687507442700
Effectif des pots de type oule02021424188321
Effectif des pots avec anse de type coquemar0300211551797158
Effectif total en NTI5939601 1971 2011 8611 2233 291379

Les résultats traduisent très clairement le passage progressif des pots sans anse, ici pour les plus récents de type oule aux pots avec anse de type coquemar à la fin du 13e s. (classes D et début classe E)

A – Coquemar - Tours site du Château.
B – Oule - Tours site du Château.
A – Coquemar - Tours site du Château.
B – Oule - Tours site du Château.

P0-34 : Quelques récipients typés fonctionnellement sont des indices d'une évolution des pratiques de table amorcée timidement à la fin du 13e s.

PériodeLèchefriteAlbarelloRéchaudTonnelet
Période 1 (5a-7c)0000
Période 2 (7d-10c)0000
Période 3 (10d-12d)0000
Période 4 (13a-15b)50020
Période 5 (15c-16c)42683
Période 6 (16d-19a)3321

Quelques formes avec des fonctions particulières sont autant d’indices d’une évolution des pratiques de tables qui s'amorce timidement à la fin du 13e s., avec la présence encore marginale de quelques lèchefrites. Ce phénomène s'accentue au bas Moyen Âge pour atteindre un plein essor à la période moderne comme plus généralement dans la moitié Nord de la France.

A – Lèchefrite - Bourges site Avaricum (Fondrillon, Marot dir. 2013).
B – Albarello - Tours site du Château.
C – Réchaud - Tours site du Château.
D – Tonnelet - Tours site du Château.
A – Lèchefrite - Bourges site Avaricum.
B – Albarello - Tours site du Château.
C – Réchaud - Tours site du Château.
D – Tonnelet - Tours site du Château.

P0-35 : L'usage prédominant de la glaçure mouchetée aux 13e et 14e s. apparait timidement dès le 11e s.

données
 
Courbe de distribution de densité des productions avec glaçure mouchetée (B) ajustée sur le graphique d’étendue temporelle de référence (Timerange NMI ; A).
Représentation des effectifs de glaçure mouchetée.
Représentation pour chaque classe de la part des céramiques avec une glaçure mouchetée.
ClasseABCDEFG1G2Total
Effectif des productions glaçurées mouchetées0100734511652692
Effectif total en NMI1 2763 1031 1942 1943 7032 8844 44552419 323

Les productions avec une glaçure mouchetée sont majoritairement représentées en classe F et surtout dans la seconde partie de cette classe datable des 13e et 14e s. Ce résultat s’observe : (i) dans la distribution de ces productions par rapport à leur effectif total (451/692 individus, soit 65 %), (ii) dans la forte part des productions avec glaçure mouchetée de la classe F (451/2 884, soit environ 15 %) comparée aux autres classes. On remarque que ce type de glaçure apparaît timidement à la fin de la classe E dès le 11e s. pour disparaître au début de la classe G1 au 15e s.

Glaçure plombifère mouchetée avec des oxydes de cuivre pour la couleur verte.

P0-36 : À partir du 13e s., les décors d’impression cèdent progressivement la place aux décors d’adjonction.

données
Courbes de distribution de densité des décors d’impression (B) et d’adjonction (C) ajustées sur le graphique d’étendue temporelle de référence (Timerange NMI ; A).
Représentation des effectifs de décors d’adjonction et d’impression par classe.
 
Représentation cumulée de la part des décors par type et par classe.
ClasseABCDEFG1G2
Applique figurative000005141
Bande000831340
Bande digitée01001731980
Barbotine000007240
Cordon0160116251210
Pastille0401113270
Ecaille02000000
Estampille00000210
Applique géométrique01000000
Effectif des décors d’adjonction par grande catégorie et par classe.
ClasseABCDEFG1G2
Digité010312131
Guillochis326008500
Poinçon1712135411
Repoussé010870000
Molette82212190874512040
Effectif des décors d’impression et repoussé par grande catégorie et par classe.
ClasseABCDEFG1G2
Effectif des décors d’incision14109512261521
Effectif des décors d’incision par classe.

Le basculement des décors d’impression comme les molettes, guillochis, poinçons, en partie estampilles ou repoussés dont digités au profit des décors d’adjonction, d’ajout de matière, tels que les bandes appliquées, écailles, pastilles, cordons, appliques moulées, barbotine se fait à la charnière entre les classes E et F. Autrement dit, le passage au décor d’adjonction qui se fait progressivement à partir du 13e s., atteste un changement important non seulement de technique mais de style décoratif.

P0-37 : Les pots non tournés à fonds bombés n'existent pas dans le BLM hormis à l'extrême sud-est dans le Berry entre la fin du 12e et le 15e s.

Bourges et Mehun sur Yèvre (Site 3 ; 184 ; 185) : Période 12c-14a
Formes de potsTypes de fondsNombrePart de chaque type de fond
pot 2-(25-26)bombé6925 %
pot 12-(10-11-12)plat18375 %
pot 4-621
Total273100 %

Les fonds bombés associés à 25 % des pots exhumés des sites berrichons, inexistants quelle que soit la période ailleurs dans le BLM, sont fréquents jusqu’au 14e s. plus au sud dans le Massif Central (Guyot 2004). De tels indices montrent que le faciès céramique berrichon est à l’interface entre plusieurs régions reflétant la position limitrophe de cet espace par rapport au centre de gravité du BLM.

Les pots à cuire mis au jour à Bourges sont pour partie non tournés et à fonds bombés encore jusqu’au 14e s., caractéristique inexistante pour la première et disparue depuis le haut Moyen Âge pour la seconde dans le reste du BLM (Monnet 1999 : 90-95, 157 ; Finet 2013 : 85-86, Guyot 2004Notice 5.1). Les pots à fonds bombés non tournés associés ici à 25 % des pots exhumés des sites berrichons se retrouvent également dans le Bourbonnais et plus généralement dans le Massif Central (Guyot 2004 ; Gaime et al. 2011 : 116). De tels indices montrent que le faciès céramique du Haut Berry, à l’interface entre plusieurs régions, reflète la position limitrophe de cet espace par rapport au centre de gravité du BLM.

A – Marmite à fond bombé - Bourges site Avaricum (Fondrillon, Marot dir. 2013).
B – Pot à cuire à fond bombé - Bourges site Grosse Tour (Monnet 1999).
A – Marmite à fond bombé - Bourges site Avaricum (Fondrillon, Marot dir. 2013).
B – Pot à cuire à fond bombé - Bourges site Grosse Tour (Monnet 1999).

P0-38 : A l'extrême nord-est du BLM à Artenay, les productions montrent qu'un passage du blanc-beige à l'ocre-rouge s'opère au 13e ou au début du 14e s.

Représentation de la répartition des productions selon leurs couleurs pour deux ensembles du site de la route de Patay à Artenay.
Artenay (La route de Patay)Ensemble 27.03 (datation 10b-12a)Ensemble 27.04 (datation 12a-b)Ensemble 27.05 (datation 13a-14d)
Effectif et part des productions ocre-rouge5312423
Effectif et part des productions blanc-beige3572947
Autres productions500
Effectif total en NMI41541830

Bien que les effectifs des deux ensembles du site d’Artenay soient inégaux, le passage du blanc-beige à l’ocre-rouge révélé par une inversion des proportions d’un ensemble à l’autre, semble se faire dans le courant du 13e ou au début du 14e s.

P0-39 : A l'extrême nord-est du BLM, à Chartres, les productions de couleur ocre-rouge prédominent du 11e au 15e s. alors que celles de couleur blanc-beige toujours minoritaires régressent fortement à partir du 13e s.

Représentation de la répartition des productions selon leurs couleurs pour deux ensembles du site Fulbert à Chartres.
Chartres (Site Fulbert)Ensemble 175.01 (datation 11a-12d)Ensemble 175.02 (datation 13a-15d)
Effectif et part des productions ocre-rouge252159
Effectif et part des productions blanc-beige19622
Autres productions02
Effectif total en NMI448183

L’usage des productions de couleur ocre-rouge s'accroît entre le 11e et le 15e s. Le taux de récipients de couleur ocre-rouge passent de 56 % à 87 % dans le courant du 13e s. tendance identique à celle observée dans la partie nord-est du BLM.

P0-40 : C'est à partir du 13e s., que la limite nord du BLM est bien marquée par l'aire culturelle des céramiques à oeil de perdrix lavalloises.

La limite sud-ouest de diffusion de la céramique dite à « œil de perdrix » produite dans la région lavalloise au bas Moyen Âge est la Sarthe avec la présence de mortiers attestée jusqu’au Mans (Bucur et al. 1984 ; Husi 2003c : 83-84 ; Moreau, Naveau 2021 ; Noël 2021a : 192, 201). Ces productions ne se retrouvent jamais dans le BLM sauf dans sa limite ouest à Angers (site 42 ; 43 ; 44).

A – Mortier à œil de perdrix - Laval.
B – Mortiers à œil de perdrix - Normandie (crédit CRAHAM).
A – Mortier à œil de perdrix - Laval.
B – Mortiers à œil de perdrix - Normandie (crédit CRAHAM-GLD).

P0-41 : Dans le Berry, à l'extrême sud-est, les productions noires en post-cuisson réductrice perdurent au moins jusqu'au 14e s. alors qu'elles ont disparu partout ailleurs dans le BLM depuis le haut Moyen Âge.

Bourges et Mehun sur Yèvre (Site 3 ; 184 ; 185) (datation 12c-14a)
Ville siteNMIPart pour chaque atmosphère de cuisson
Post-cuisson oxydante (blanc à rouge)96689 %
Post-cuisson réductrice (gris/noir) (bou17ao et 17p)12211 %
Total1 088100 %

Bien qu’elles restent minoritaires, les productions en post-cuisson réductrices représentent encore 11 % des récipients au 14e s. alors qu’elles ont disparu dans le reste du BLM depuis cinq siècles. Cet usage encore bien présent plus au sud en Auvergne traduit une fois de plus le rôle de limite sud-est du BLM joué par le Berry (Guyot 2004).

P0-42 : Dans le Berry, à l'extrême sud-est du BLM, la zone de contact entre usage tardif de la post-cuisson réductrice au sud et absence de cet usage au nord se situe entre Bourges et Mehun-sur-Yèvre.

Bourges et Mehun sur Yèvre (Site 3 + 184+185) (datation 12c-14a)
Ville siteRéductrice (gris-noir) en NMIOxydante (blanc à rouge) en NMIPart réductrice par ville
Bourges (site 3 ; 184)11772214 %
Mehun-sur-Yèvre (site 185)53661 %

L’existence de faciès céramiques quelque peu divergents entre Bourges et Mehun-sur-Yèvre s’observe par une présence non négligeable de récipients en post-cuisson réduction à Bourges (14 %) alors qu’ils sont quasi-absents à Mehun-sur-Yèvre (1 %). Cette opposition peut s’interpréter comme indice d’une limite entre ces deux villes, l’une Mehun-sur-Yèvre plus au nord encore bien intégrée à l’espace Loire alors que Bourges plus au sud se situant déjà aux marches du BLM en relation avec le bourbonnais et plus largement le massif central (Guyot 2004).

Plus à l’ouest aux marches des étangs de la Brenne, la récente découvert d’un atelier à Lureuil dans l’Indre datable du 14e s. n’a révélé que des récipients, dont des pots à cuire, de couleur claire (Bouillon 2021 : 78 ; 79 et 89). Cette découverte vient confirmer pour cette partie sud du BLM que l’usage d’une post-cuisson réductrice reste circonscrite à l’extrême sud-est, tournée vers l’Auvergne.

P0-43 : L'usage marginal de l'engobe sous glaçure n'existe que dans le Berry, à l'extrême sud-est du BLM et uniquement aux 12e et 13e s.

Bourges et Mehun sur Yèvre (Site 3 + 184+185) (datation 12c-14a)
Ville siteEngobe sous glaçure (bou7x et my7x) en NMICorpus total par ville en NMIPart des récipients engobés sous glaçure (NMI)
Bourges (site 3 ; 184)53661,3 %
Mehun-sur-Yèvre (site 185)57220,6 %

L’usage même marginal de l’engobe sous glaçure dans le Berry, inexistant le long de la Loire, conforte l’idée d’une position excentrée du Berry au sein du BLM. Cette constatation est d’autant plus vraie que cette technique est largement utilisée plus au sud notamment dans le Lyonnais (Horry 2015).

P0-44 : Dans le Poitou, à l'extrême sud-ouest du BLM, les productions locales très micacées perdurent jusqu'à la période moderne à la différence de celles de la vallée de la Loire disparues depuis le haut Moyen Âge.

données

Les productions micacées, au travers de quelques groupes techniques parfois difficilement distinguables de ceux du haut Moyen Âge, perdurent jusqu’à la période moderne dans le Haut Poitou comme plus à l’ouest dans les Deux-Sèvres en Vendée et dans les Charentes (Grenouilleau 2018 : 488-490).

(po17ab ; po17af ; po17c)

P0-45 : Aux 14e et 15e s., la vaisselle du Poitou à l'extrême sud-ouest du BLM se caractérise par des pichets avec de grands becs pontés.

Les pichets munis d’un grand bec ponté, aux 14e et 15e s. révèlent une tradition typologique bien établie dans le sud-ouest de la France, du Poitou à la Saintonge et à l’Angoumois (cf. planches chrono-typologiques pichets Haut-Poitou ; et sur ICERAMM pichet 15 : et pichet 16) (Hugoniot 2002 : 83-114 ; Véquaud 2003a : 76-77 ; Testard 2014 : 163-165)

A – Pichet de Saintonge (Hugoniot 2002 p.102).
B – Pichet de Saintonge (Hugoniot 2002 p.106).
A – Pichet de Saintonge (Hugoniot 2002 p.102).
B – Pichet de Saintonge (Hugoniot 2002 p.106).

P0-46 : À partir du 15e s., l'éventail typo-fonctionnel des récipients s'accroît.

PériodePotMarmitePoëlePoëlonLèchefriteTerrineMortierCouvre-feuCouvercleCruchePichetBouteilleGobeletTasseBolPlatCoupeAlbarelloAssietteRéchaudGourdeTonneletEventail formesPart des formes présentes/eventail total des formes
Période 1 (5a-7c)PAbsPAbsAbsAbsPAbsPPPPPAbsPPPAbsAbsAbsPAbs1255 % (12/22)
Période 2 (7d-10c)PAbsAbsPAbsPPPPPPPPPPPPAbsAbsAbsPAbs1568 % (15/22)
Période 3 (10d-12d)PAbsPAbsAbsAbsPPPPPPPPAbsPPAbsAbsAbsPAbs1359 % (13/22)
Période 4 (13a-15b)PPPPPAbsPAbsPPPPPPAbsPPAbsPPPAbs1777 % (17/22)
Période 5 (15c-16c)PPPAbsPPPAbsPPPPPPAbsPPPPPPP1986 % (19/22)
Période 6 (16d-19a)PPPAbsPPAbsAbsPPPPPPAbsPPPPPPP1882 % (18/22)
Part des principales formes de récipients (Présence/Absence) de chaque période sur le total des formes inventoriées pour le BLM.

L’accroissement de l’éventail des principales formes est continu du 6e au 19e s. avec une accélération à partir du 15e s. Elles représentent alors, et jusqu’au 19e s., plus de 80 % de l’ensemble des formes inventoriées pour le BLM, toutes périodes confondues.

P0-47 : C'est à la fin du 15e s. que réapparait l'usage régulier des formes ouvertes dans la vaisselle en terre cuite après une quasi-disparition durant la période médiévale.

données
 
Courbe de distribution de densité des formes ouvertes (B) ajustée sur le graphique d'étendue temporelle de référence (Timerange NTI ; A).
Représentation des effectifs des formes ouvertes.
Représentation pour chaque classe de la part des formes ouvertes.
ClasseA1A2BCDEF1F2
Effectif des formes ouvertes21381103493855340104
Effectif total en NTI5939601 1971 2011 8611 2233 291379

Après une longue période de quasi-absence des formes ouvertes, elles prennent à nouveau une place non négligeable dans la vaisselle en terre cuite à partir de la fin du 15e s. (classe F)

P0-48 : À la fin du 15e s., les décors d'adjonction ont totalement remplacé les décors d'impression à l'exception de l'estampage.

données
Courbes de distribution de densité des décors d’impression (B) et d'adjonction (C) ajustées sur le graphique d’étendue temporelle de référence (Timerange NMI ; A).
Représentation des effectifs de décors d’adjonction et d’impression par classe.
 
Représentation cumulée de la part des décors par type et par classe.
ClasseABCDEFG1G2
Applique figurative000005141
Bande000831340
Bande digitée01001731980
Barbotine000007240
Cordon0160116251210
Pastille0401113270
Ecaille02000000
Estampille00000210
Applique géométrique01000000
Effectif des décors d’adjonction par grande catégorie et par classe.
ClasseABCDEFG1G2
Digité010312131
Guillochis326008500
Poinçon1712135411
Repoussé010870000
Molette82212190874512040
Effectif des décors d’impression et repoussé par grande catégorie et par classe.
ClasseABCDEFG1G2
Effectif des décors d’incision14109512261521
Effectif des décors d’incision par classe.

Les décors d’adjonction, d’ajout de matière, tels que les bandes appliquées, écailles, pastilles, cordons, appliques moulées, barbotine ont totalement remplacés les décors d’impression comme les molettes, guillochis, poinçons, en partie estampilles ou repoussés dont digités en classe G1. Autrement dit, exception faite de l’impression par estampage, les décors réalisés par ajout de matière sont omniprésents sont à la fin du 15e s. et durant le 16e s.

P0-49 : À la fin du 15e s., est attesté l'usage exclusif des pots avec anse aussi nommés coquemar.

données
Courbe de distribution de densité des pots sans anse ajustée sur le graphique d'étendue temporelle de référence (Timerange NTI ; A) : (B) Courbe correspond aux nombreuses variantes de pots sans anse, (C) Courbe correspond uniquement aux pot 2b/2c (oule), (D) Courbe correspond aux nombreuses variantes de pots avec anse (coquemar).
Représentation des effectifs de pots par forme (sans anse sauf oule, sans anse de type oule, avec anse de type coquemar) et par classe.
Représentation cumulée de la part des pots par forme (sans anse sauf oule, sans anse de type oule, avec anse de type coquemar) et par classe.
ClasseA1A2BCDEF1F2
Effectif des pots sans anse sauf de type oule2706726687507442700
Effectif des pots de type oule02021424188321
Effectif des pots avec anse de type coquemar0300211551 797158
Effectif total en NTI5939601 1971 2011 8611 2233 291379

Les multiples variantes de pots avec une ou plusieurs anses latérales deviennent la forme exclusive de pots à partir de la fin du 15e s (classe F).

Différentes tailles de coquemars – Tours site de production, rue des Quatre Vents, 16e s.

P0-50 : À la fin du 15e s., se généralise l'usage de la glaçure couvrante monochrome et épaisse tendance qui s'intensifie durant la période moderne.

données
 
Courbe de distribution de densité des productions avec glaçure couvrante monochrome (B) ajustée sur le graphique d’étendue temporelle de référence (Timerange NMI ; A).
Représentation des effectifs de glaçure couvrante monochrome et épaisse.
Représentation pour chaque classe de la part des céramiques avec une glaçure couvrante monochrome et épaisse.
ClasseABCDEFG1G2Total
Effectif des productions glaçurées monochromes1260211251718241971 365
Effectif total en NMI1 2763 1031 1942 1943 7032 8844 44552419 323

Les productions avec une glaçure monochrome couvrante sont majoritairement représentées en classes G1 et G2 postérieures à la fin du 15e s. Les résultats divergent d’une classe à l’autre suivant que l’on observe : (i) la distribution de ces productions par rapport à leur effectif total dont la part est plus importante pour la classe G1 (824/1365 individus, 60 %) que pour la classe G2 (197/1365 individus, 14 %), (ii) la part des productions avec glaçure sur l’effectif total de la classe en question avec pour la classe G1 un taux d’environ 19 % (824/4445 individus) qui passe à 38 % pour la classe G2 (197/524 individus). Malgré cette divergence, la prédominance de ces productions à l’époque moderne est attestée notamment en comparant ces chiffres avec ceux de la classe F antérieure à la fin du 15e s. dont la part de glaçurées sur l’effectif total de la classe F ne dépasse pas 6 % (171/2884 individus).

P0-51 : Alors qu'elle apparait dans le courant du 15e s. l'usage de la vaisselle en grès s'accroît fortement à partir du 17e s.

données
 
Courbe de distribution de densité de la vaisselle en grès (B) ajustée sur le graphique d'étendue temporelle de référence (Timerange NMI ; A).
ClasseABCDEFG1G2
Effectif de la vaisselle en grès00004226486
Effectif total en NMI1 2763 1031 1942 1943 7032 8844 445524
Part sur effectif total0 %0 %0 %0 %0,1 %0,7 %1,4 %16,5 %
Répartition de la vaisselle en grès par rapport au nombre total d'individus de la classe

Bien que toujours minoritaire, c’est dans le courant du 15e s. (classe G1) mais surtout à partir du 17e s. (Classe G2) que s’intensifie l’usage de la vaisselle en grès dans le BLM. En effet, la part de ces récipients ne dépasse pas 1,5 % aux 15e et 16e s. pour atteindre 16,5 % au 17e s.

A – Coupe du Beauvaisis - Tours site du Château, 16e s.
B – Fragment Pichet grès bleu de la Puisaye - Tours site du Château, 16e s.
C – Pichet de la Puisaye - Tours site du Château, fin 17e s.
D – Pichet de la Puisaye - Tours site du Château, fin 17e s.
E – Petit pichet de la Puisaye - Tours site du Château, fin 17e s.
F – Pichet de la Puisaye - Tours site du Château, fin 17e s.
G – Pot de la Puisaye - Tours site du Château, fin 17e s.
A – Coupe du Beauvaisis - Tours site du Château, 16e s.
B – Fragment Pichet grès bleu de la Puisaye - Tours site du Château, 16e s.
C – Pichet de la Puisaye - Tours site du Château, fin 17e s.
D – Pichet de la Puisaye - Tours site du Château, fin 17e s.
E – Petit pichet de la Puisaye - Tours site du Château, fin 17e s.
F – Pichet de la Puisaye - Tours site du Château, fin 17e s.
G – Pot de la Puisaye - Tours site du Château, fin 17e s.

P0-52 : La faïence fait son apparition dans la vaisselle de table à la fin du 17e s.

LieuN° ensembleFonctionForme récipientsNombre d'individusDatation
Tours177.02Table et serviceplat115b-16a
Tours18.06Table et serviceassiette115d-16c
Tours18.06Table et servicecouvercle115d-16c
Tours180.02Table et servicepichet117a-17c
Asnières-sur-Vègre47.01Table et serviceassiette218a-19d
Tours18.07Table et serviceassiette318b-18d
Tours18.07Aisancepot de chambre118b-18d
Tours18.07Table et servicetasse118b-18d
Vendôme183.06Table et serviceassiette118b-19d
Vendôme183.06Table et serviceplat118b-19d
Tours12.01Table et serviceassiette1118c-18d
Tours12.01Aisancepot de chambre318c-18d
Tours12.01Table et servicetasse118c-18d

Bien que très marginale, les récipients en faïence essentiellement de table (assiettes et plats) n’apparaissent en nombre significatif qu’à la fin du 17e s. A Tours, leur usage devient important aux 18e et 19e s. avec le développement des faïenceries locales, notamment dans la commune de Saint-Pierre-des-Corps (notice Site Saint-Libert).

P0-53 : En Touraine et Haut Poitou, partie sud-ouest du BLM, les productions de couleur blanc-beige et ocre-rouge sont représentées à part égale à partir de la fin du 15e s.

PériodeCouleurNMIPart par couleur et par période
Période 4 (13a-15b)blanc-rose1 86870 %
rouge82330 %
Total période 42 691100 %
Période 5 (15c-16c)blanc-rose1 93848 %
rouge2 10452 %
Total période 54 042100 %
Répartition des productions de couleur blanc-beige ou ocre-rouge dans l’espace sud-ouest du BLM entre le 13e et le 16e s.

Alors que le blanc-beige dominait depuis le haut Moyen Âge, il faut attendre la fin du 15e s. et surtout le 16e s. pour que les productions blanc-beige et ocre-rouge soient à part égale dans la partie sud-ouest du BLM, seul espace ayant fourni des données suffisantes pour observer cette tendance. L’importance prise par le grès puis la faïence, ainsi que la faiblesse des données, rendent la comparaison peu fiable à partir du 17e s.

P0-54 : Aux marches nord du BLM, comme à Chartres les productions de couleur ocre-rouge disparaissent dans le courant du 15e s. alors qu'elles étaient jusqu'alors majoritaires.

Représentation de la répartition des productions selon leurs couleurs pour un ensemble du site Fulbert à Chartres.
Chartres (Site Fulbert)Ensemble 175.01 et 175.02 (datation 11a-15d)Ensemble 175.03 (datation 15a-16d)
Effectif et part des productions ocre-rouge411 (65 %)37 (17 %)
Effectif et part des productions blanc-beige218 (35 %)137 (63 %)
Autres productions2 (<1 %)44 (20 %)
Effectif total en NMI631218

Les taux de productions de couleur ocre-rouge et blanc beige s’inversent certainement à la fin du 15e ou au début du 16e s. avec des taux blanc-beige / ocre-rouge qui passent respectivement de 35 % à 63 % pour les premiers et de 65 % à 17 % pour les seconds. Ici, comme plus généralement dans la partie nord-est du BLM, l’usage majoritaire des productions de couleur ocre-rouge observable jusqu’au 15e s. (cf. Section 1 : P0-39) disparaît à l’époque moderne.

P0-55 : Quelle que soit la période, les formes de récipients emblématiques de l'Europe du Nord-Ouest sont localement bien représentées dans le BLM.

Formes emblématiques/PériodesPériode 1 (5a-7c)Période 2 (7d-10c)Période 3 (10d-12d)Période 4 (13a-15b)Période 5 (15c-16c)Période 6 (16d-19a)
Pots sans anse avec une lèvre en crosse (pots 2d et 2f) ou pot de forme générale carénée (pot 19)49 % (659/1 340)
Coupes carénées (coupe 6)9 % (127/1 340)
Pots sans anse avec une lèvre en gouttière (pot 2g) ou à inflexion externe rectangulaire (pot 2a)35 % (1981/5 631)
Cruche à bec ponté (cruche 3)10 % (583/5 631)
Coupe à collerette (coupe 8)3 % (163/5 631)
Pots sans anse avec une lèvre en bandeau (pot 2b)37 % (590/1 613)
Cruche à bec tubulaire (cruche 1)7 % (106/1 613)
Pichet de forme allongée (Pichet 1) ou ovoïde un col droit et annelée (Pichet 8)21 % (465/2 247)
Pots munis d'une anse latérale (coquemars) ici sans col avec une lèvre triangulaire (Pot 11a)5 % (107/2 247)
Lèchefrite2 % (40/2 247)
Poêle/Poêlon2 % (35/2 247)
Pots munis d'une anse latérale (coquemars) avec différentes variantes de lèvres (Pots 13 et 12a)55 % (1484/2 706)
Couvercles4 % (110/2 706)
Lèchefrite2 % (52/2 706)
Poêle/Poêlon1 % (35/2 706)
Réchaud0,3 % (8/2 706)
Pots munis d'une anse latérale (coquemars), parfois de pieds tripodes, sans col avec une lèvre à profil concave (Pots 11b-c-d-e)20 % (62/312)
Plat/Jatte sans anse de forme tronconique (Plat 2)17 % (52/312)
Part des formes emblématiques par période58 %48 %44 %30 %62 %37 %
Part moyenne des formes emblématiques46,5 % (entre 30 % et 62 %)
Part et nombre de récipients emblématiques sur l'effectif total des individus de la période dont la forme est attestée.

A l’échelle de l’Europe du nord-ouest, certaines formes de récipients, par leur prégnance ou leur originalité, symbolisent les grandes périodes du haut Moyen Âge à la fin de l’époque moderne. Toutes ces formes n’apparaissent pas obligatoirement ici, mais l’importance de leur représentation traduit la forte intégration du BLM à ce vaste espace culturel européen. Bien qu’il existe des disparités entre périodes, de 30 % en période 4 à 62 % en période 5, ces formes emblématiques représentent en moyenne plus de 46 % de la totalité de vaisselle toutes périodes confondues.

P0-56 : Quelle que soit la période, les changements de registres décoratifs s'inscrivent dans la mouvance de ceux de l'Europe du Nord-Ouest.

données
Courbes de distribution de densité des décors d’impression (B), d’adjonction (C) et d'incision (D) ajustées sur le graphique d’étendue temporelle de référence (Timerange NMI ; A).
 
Représentation cumulée de la part des décors par grande catégorie et par classe.
ClasseABCDEFG1G2
Applique figurative000005141
Bande000831340
Bande digitée01001731980
Barbotine000007240
Cordon0160116251210
Pastille0401113270
Ecaille02000000
Estampille00000210
Applique géométrique01000000
Effectif des décors d’adjonction par grande catégorie et par classe.
ClasseABCDEFG1G2
Digité010312131
Guillochis326008500
Poinçon1712135411
Repoussé010870000
Molette82212190874512040
Effectif des décors d’impression et repoussé par grande catégorie et par classe.
ClasseABCDEFG1G2
Effectif des décors d’incision14109512261521
Effectif des décors d’incision par classe.

L’évolution générale dans le temps long des techniques et des styles décoratifs dans le BLM s’inscrit dans la mouvance de celle de l’Europe du Nord-Ouest.

Alors que les décors d’impression correspondant aux molettes, poinçons, guillochis, décors repoussés et digités sont fortement prisés jusqu’au 12e s. (classes A à D/E), la mode est ensuite aux décors d’adjonction parfois associés au même récipient surtout à partir du 13e s. imbriquant bandes appliquées, pastillage, décors figuratifs réalisés à la barbotine ou décors moulés sous glaçure (classes E à G1). Bien que les incisions soient régulièrement présentes, elles restent minoritaires jusqu’au 17e s. ; il faut pourtant tenir compte d’un double effet de sources lié à la faiblesse du corpus (classe G2) et à l’usage fréquent de ce décor sur les récipients en grès majoritaires dans le BLM à la fin de l’époque moderne.

*N’ont pas été pris en compte ici : (i) les peintures et les engobes lissés ou avec polissage qui font l’objet d’autres propositions (P0) ; (ii) les faïences qui restent très marginales avant le 18e s.

P0-57 : Toutes périodes confondues, la vaisselle ostentatoire est liée au service de la table, surtout des liquides, possiblement à la pharmacopée pour les périodes récentes, à l'instar des pratiques de l'Europe Nord-Ouest.

FonctionTablePréparationCuisson conservationAutre
Forme génériqueCoupeCruchePichetBouteilleMortierPotcouvercleLavaboPique-fleursGourdeVase Reserve
Décor d'impression (molette imbriquant au moins 2 registres/poinçon)111617005310000
Décor d'adjonction imbriquant au moins 2 techniques (glaçure/barbotine/pastillage/figuratif)0338053101101
Décor de peinture-engobe (bandes et couvrante)218417102210020
Effectif total par forme13203721537621121
Représentation des différentes formes du service de table4,5 %70,2 %24,9 %0,3 %
Effectif total par fonction28953767
Représentation des différentes fonctions68 %12 %18 %2 %
Répartition typo-fonctionnelle des principales formes de récipients par grands types de décors (en NTI).
Représentation de la répartition des formes de vaisselles ostentatoires selon leur fonction.

En partant des décors alliant complexité et/ou simple attrait visuel pour construire le corpus de récipients ostentatoires, la vaisselle de table, notamment du service des liquides, domine largement. Elle représente 68 % du corpus contre 18 % pour la cuisson ou la conservation et 12 % pour la préparation. En outre, l’aspect ostentatoire des pots à cuire ou à conserve ne concerne que les décors techniquement les plus simples d’impression ou de peinture ; ceux réalisés par adjonction de matière, engobe et glaçure, parfois polychromes, pouvant imposer plusieurs cuissons à la fabrication, sont des pichets et des cruches utilisés pour le service de l’eau ou du vin à table. Quelques récipients du bas Moyen Âge ou de l’époque moderne pouvaient servir à la pharmacopée lorsqu’ils sont découverts sur des sites d’accueil notamment des malades (Hôtel-Dieu, Hôtellerie).

A – Cruche peinte - Tours site du Château, 9e s.
B – Grande cruche décorée - Tours site Château, 16e s.
C – Fragment de pichet Saintonge - Tours site de la Cathédrale, 14e s.
D – Fragment de pichet grès bleu de Puisaye - Tours site du Château, 16e s.
E – Pichet exogène - Tours site du Château, 13e s.
F – Pichet décor de paons - Tours site de la Cathédrale, 14es.
G – Pichet décors végétaux - Tours site de la Cathédrale, 14es.
H – Pichet décor de paons - Tours site de Marmoutier, 14e s.
I – Pichet décor de marguerite - Tours site du Château, 16e s.
J – Pichet avec médaillons scènes religieuses - Tours Site Cathédrale, 16e s.
A – Cruche peinte - Tours site du Château, 9e s.
B – Grande cruche décorée - Tours site Château, 16e s.
C – Fragment de pichet Saintonge - Tours site de la Cathédrale, 14e s.
D – Fragment de pichet grès bleu de Puisaye - Tours site du Château, 16e s.
E – Pichet exogène - Tours site du Château, 13e s.
F – Pichet décor de paons - Tours site de la Cathédrale, 14es.
G – Pichet décors végétaux - Tours site de la Cathédrale, 14es.
H – Pichet décor de paons - Tours site de Marmoutier, 14e s.
I – Pichet décor de marguerite - Tours site du Château, 16e s.
J – Pichet avec médaillons scènes religieuses - Tours Site Cathédrale, 16e s.

P0-58 : L'usage des grandes cruches peintes engobées ou glaçurées produites dans le BLM à la fin du haut Moyen Âge est associé à la consommation du vin, comme partout dans l'empire carolingien.

L’importance prise par les cruches peintes et glaçurées dans l’Europe du Nord-Ouest, mais également plus à l’est entre le 8e et la fin du 10e s. (Section 1 : P0-17 ; Section 1 : P0-18 ; Section 1 : P0-19), en relation avec l’expansion de l’empire carolingien, est dès les années 60 associée au commerce du vin (Hurst 1969 ; Hodges 1977). L’approche diffusionniste fondée sur des produits qui auraient inondés ce vaste espace à partir de quelques ateliers importants comme ceux de Pingsdorf, près de Bonn en Allemagne (Keller 1995) est maintenant abandonnée. En effet, l’accroissement des fouilles notamment depuis les années 90 a montré que ces cruches, très fréquentes, sont produites localement. Plus que les cruches elles-mêmes, ce sont les techniques décoratives qui se transmettent révélant que l’usage de tels récipients ostentatoires, du tonneau à la table, était certainement fort apprécié (Husi 2010).

Récipients du site de production de Pindsdorf (sud de l’Allemagne : Keller 1995).
A – Cruche - Tours Site Clocheville, (Atelier de Saran).
B – Cruche - Poitiers.
C – Cruche - Joué-les-Tours, site de La Flottière.
D – Cruche - Tours site du Château.
E – Cruche - Tours site de Clocheville.
F – Fond cruche glaçurée - Tours site du Château.
A – Cruche - Tours Site Clocheville, (Atelier de Saran)..
B – Cruche - Poitiers.
C – Cruche - Joué-les-Tours, site de La Flottière.
D – Cruche - Tours site du Château.
E – Cruche - Tours site de Clocheville.
F – Fond cruche glaçurée - Tours site du Château.

P0-59 : Au 16e s., le choix des techniques décoratives des récipients locaux est influencé par des productions luxueuses plus lointaines.

Certains pichets et cruches des 16e s. et début 17e s. issus de contextes domestiques de Tours sont entièrement estampillées et décorés de médaillons moulés et glaçurés représentant généralement, mais pas seulement, des scènes religieuses (ici fuite en Egypte, symboles des évangélistes, du Christ par le cerf…). Ces récipients sont produits localement, la meilleure preuve venant de la découverte dans le comblement de four d’un atelier de Tours d’un médaillon représentant le taureau de Saint-Luc ayant subi une première cuisson sans glaçure (dégourdi), rejeté avant une seconde cuisson de fixation de la glaçure ; sur le même site, on note également la présence d’un visage humain (dégourdi et raté de cuisson glaçuré). Ces récipients de table s’inspirent de décors chargés prisés au 16e s. et 17e s. à l’instar de productions plus prestigieuses comme les grès bleus de la Puisaye (Bleu de Puisaye) ou les récipients émaillés à la mode de Bernard Palissy.

A – Petit pichet décoré - Tours Site Cathédrale, 16e s.
B – Petite cruche décorée - Tours site du Château, 16e s.
C – Dégourdi raté de cuisson, atelier de production - Tours site de l’Hôtel de Police, 16e s.
D – Raté de cuisson glaçuré (gauche) et Dégourdi (droite) atelier production - Tours site de l’Hôtel Police, 16e s.
A – Petit pichet décoré - Tours Site Cathédrale, 16e s.
B – Petite cruche décorée - Tours site du Château, 16e s.
C – Dégourdi raté de cuisson, atelier de production - Tours site de l’Hôtel de Police, 16e s.
D – Raté de cuisson glaçuré (gauche) et Dégourdi (droite) atelier production - Tours site de l’Hôtel Police, 16e s.

P0-60 : À partir de la fin du 15e s., une forte présence de récipients d'emballage exogènes utilisés pour le beurre est attestée dans le BLM.

données
 
Courbe de distribution de densité des pots d'emballage du beurre lavallois et normands (B) ajustée sur le graphique d'étendue temporelle de référence (Timerange NTI ; A).
ClasseA1A2BCDEF1F2
Effectif des pots servant d’emballage0000037117
Effectif total en NTI5939601 1971 2011 8611 2233 291379

C’est à partir de la fin du 14e mais surtout du 15e s. que les pots d’emballage issus des ateliers normands du Domfrontais et de la région lavalloise (Mayenne) apparaissent dans le BLM (fin de la classe E ; début de la classe F1). La présence de ces pots, source indirecte du commerce du beurre, ne fait que croître à partir de la fin du 15e s. dans le BLM (classe F1) comme plus généralement dans l’Ouest de la France, puis semble dans notre cas diminuer à partir du 17e s. (classe F2) (Chapelot 1987 : 171).

A – Pot à beurre Lavallois – Tours site du Château.
B – Pot à beurre du Domfrontais – Tours site du Château.
A – Pot à beurre Lavallois – Tours site du Château.
B – Pot à beurre du Domfrontais – Tours site du Château.

P0-61 : À partir du milieu du 17e s. une présence de formes à sucre est attestée dans la moyenne et basse vallée de la Loire.

Pour l’espace Loire, les aires de production orléanaise et nantaise de céramique de raffinage du sucre apparaissent au milieu du 17e s. leur présence s’intensifiant jusqu’au 19e s. (Pauly dir. 2020 : 10-11).

Exemple de forme à sucre.

P0-62 : Alors que les ateliers lavallois et normands produisent un large éventail de vaisselles, ne sont retrouvés dans le BLM que des emballages.

Zone atelier (hors BLM)Récipient dans les sites du BLMGroupe techniqueEffectif NTI
Domfrontais (Normandie)pot 119c81
Lavallois (Mayenne)pot 610a10
Total91
Eventail et effectif des récipients d'emballage du beurre provenant des ateliers du Domfrontais (Normandie) et de la Mayenne (Lavallois) mis au jour dans le BLM.
SiteOrigineRécipientFonctionGroupe techniqueEffectif NTI
Sainte-SuzanneDomfrontaisassietteservice19c1
Sainte-SuzanneDomfrontaispot 2conserve ?19c1
Sainte-SuzanneDomfrontaispot 6aemballage19c1
Sainte-SuzanneLavalloiselèchefriteculinaire10a1
Sainte-SuzanneLavalloisepot 2aculinaire/conserve10a2
Sainte-SuzanneLavalloisepot 2bculinaire/conserve10a1
Sainte-SuzanneLavalloisepot 2cculinaire/conserve10a2
Sainte-SuzanneLavalloisepot 2gculinaire/conserve10a1
Sainte-SuzanneLavalloisepot 3cculinaire/conserve10a1
Sainte-SuzanneLavalloisepot 4culinaire/conserve10a1
Sainte-SuzanneLavalloisepot 6Emballage10a22
Eventail et effectif des récipients des ateliers du Domfrontais (Normandie) et de la Mayenne (Lavallois) mis au jour sur le site de Sainte Suzanne.

Seuls les pots normands du Domfrontais et lavallois (Mayenne) servant au transport du beurre, au nombre de 91, apparaissent dans les sites domestiques du BLM alors que ces ateliers produisent une plus large gamme de vaisselle bien présente dans les sites domestiques de villes proches de leurs aires d’influence comme Caen ou Laval (Bucur et al. 1984 ; Dufournier et Fajal 1995 ; Bocquet-Liénard et al. 2011). C’est également le cas ici pour le site de Sainte Suzanne en Mayenne avec un éventail de formes diversifié attribuable à d’autres fonction que celle d’emballage.

A – Pot à Beurre Lavallois - Tours site du Château.
B – Pot à cuire et coupe - Laval.
C – Réchaud - Laval.
D – Pichet et cruche - Normandie mortainais domfrontais (crédit CRAHAM).
E – Pichet - Normandie mortainais domfrontais (crédit CRAHAM).
F – Vinaigrier - Normandie mortainais domfrontais (crédit CRAHAM).
G – Cruche - Normandie mortainais domfrontais (crédit CRAHAM).
H – Pichet - Normandie mortainais domfrontais (crédit CRAHAM).
A – Pot à Beurre Lavallois - Tours site du Château.
B – Pot à cuire et coupe - Laval.
C – Réchaud - Laval.
D – Pichet et cruche - Normandie mortainais domfrontais (crédit CRAHAM).
E – Pichet - Normandie mortainais domfrontais (crédit CRAHAM).
F – Vinaigrier - Normandie mortainais domfrontais (crédit CRAHAM).
G – Cruche - Normandie mortainais domfrontais (crédit CRAHAM).
H – Pichet - Normandie mortainais domfrontais (crédit CRAHAM).

P0-63 : Alors que les ateliers situés aux marches du BLM produisent les formes courantes du bas Moyen Âge, seuls les récipients liés au service des liquides sont exportés le long de la Loire.

Forme récipient/VilleToursChinonRigny-UsséAngers
Pichet (Saint-Jean-de-la-Motte)130788
Coupe (Saint-Jean-de-la-Motte)10004
Gobelet (Ligron)1321800
Répartition par ville et suivant la forme des récipients des ateliers de la Sarthe (Saint-Jean-de-la-Motte et Ligron) mis au jour dans le BLM (en NTI).
Forme récipient/VilleChartresArtenayToursBlois
Pot142800
Cruche1000
Pichet60046
Couvercle1010
lampe1010
Tasse0003
Répartition par ville et suivant la forme des récipients de l’atelier de Dourdan (Essonne) mis au jour dans le BLM (en NTI).

L’éventail des récipients produits dans les ateliers de Saint-Jean-de-La-Motte et de Ligron en Sarthe aux 14e et 15e s. comprend des pots, des pichets des cruches, des tasses…, les formes courantes de l’époque, toutes mises au jour en grande quantité dans les fouilles du Mans situé dans la zone de chalandise de ces ateliers (Noël 2021a et 2021b ; Coffineau 2021). Les nombreux récipients provenant de ces centres de production découverts le long de la Loire se limitent aux principales formes liées au service des liquides probablement du vin, pichets, coupes et gobelets. Les pots à cuire ou à conserve n’appartenant pas au service de la table, ne pouvant donc servir par exemple de produits d’appel pour un vin importé, restent un approvisionnement local. La même analyse, mais dans une moindre mesure, peut être faite pour l’atelier de Dourdan en Essonne (Claude 2009). A Chartres et d’Artenay, proches de la zone de chalandise de l’atelier, ont été mis au jour une majorité de pots à cuire ou à conserve de Dourdan, alors que les rares récipients présents le long de la Loire se limitent presqu’exclusivement aux pichets et aux tasses (Husi 2003 a : 35, 45 ; Dalayeun et al. 2021).

A – Pichet - Tours site du Château (production atelier de Dourdan, Essonne).
B – Gobelet - Tours site du Château (production atelier de Ligron, Sarthe).
C – Pichet - Tours site du Château (atelier de Saint-Jean-La-Motte, Sarthe).
A – Pichet - Tours site du Château (production atelier de Dourdan, Essonne).
B – Gobelet - Tours site du Château (production atelier de Ligron, Sarthe).
C – Pichet - Tours site du Château (atelier de Saint-Jean-La-Motte, Sarthe).

P0-64 : Les ateliers lointains du Beauvaisis ou de la Puisaye n'exportent dans le BLM que certaines formes de vaisselle en grès, alors qu'ils produisent également des récipients en terre cuite glaçurée à la période moderne.

Zone atelier (hors BLM)Récipients dans les sites du BLMGroupe technique (grès)NTI
BeauvaisisCoupe21d111
BeauvaisisGobelet21d6
BeauvaisisGourde21d5
BeauvaisisPichet21d1
BeauvaisisPot21d1
PuisayePot à lait21c41
PuisayePichet21c17
PuisayeBouteille21c2
PuisayeCruche ou pichet21c2
PuisayeGourde21c2
PuisayePlat21c2
PuisayeAlbarello21c1
PuisayeCruche21c1
PuisayeCoupe21c1
Total193
Eventail et effectif des récipients provenant du Beauvais et de la Puisaye mis au jour dans le BLM

La vaisselle du Beauvaisis mise au jour dans le BLM, toujours en grès, se limite aux petites coupes à vin et à quelques autres formes très marginales comme les gobelets ou les gourdes. En revanche, aucun récipient en terre cuite à décor gravé sur engobe ou à décor moulé, si fréquents dans les sites de consommations parisiens, n’a été mis au jour dans le BLM (Ravoire 1991 ; 2002 ; 2006). La même remarque peut être faite pour la vaisselle de la Puisaye, avec l’unique présence des récipients en grès et l’absence des terres cuites vernissées dans le BLM (Poulet 2000 : 249 ; 283 ; 287).

A – Coupe en grès du Beauvaisis - Tours site du Château.
B – Gourde crapeau en grès du Beauvaisis - Tours site du château.
C – Pichets vernissées Musée de la Puisaye.
D – Plat grès et glaçure bleu cobalt Musée de la Puisaye 16e s.
E – Plat terre cuite glaçurée de la Puisaye 16e s.
F – Production glaçurée du Beauvaisis Paris Grand Louvre (Ravoire F. INRAP).
G – Production glaçurée du Beauvaisis Paris (Ravoire F. INRAP).
H – Production glaçurée du Beauvaisis Paris (Ravoire F. INRAP).
I – Seul exemplaire de coupe à décor graffito du Beauvaisis - Tours hors contexte.
A – Coupe en grès du Beauvaisis - Tours site du Château.
B – Gourde crapeau en grès du Beauvaisis - Tours site du château.
C – Pichets vernissées Musée de la Puisaye.
D – Plat grès et glaçure bleu cobalt Musée de la Puisaye 16e s.
E – Plat terre cuite glaçurée de la Puisaye 16e s.
F – Production glaçurée du Beauvaisis Paris Grand Louvre (Ravoire F. INRAP).
G – Production glaçurée du Beauvaisis Paris (Ravoire F. INRAP).
H – Production glaçurée du Beauvaisis Paris (Ravoire F. INRAP).
I – Seul exemplaire de coupe à décor graffito du Beauvaisis - Tours hors contexte.

P0-65 : L'approvisionnement en vaisselle courante des principaux centres de consommation du BLM reste fortement local, ne dépassant guère 40km.

Villes et zones de chalandise des ateliers locauxPour la période retenue : effectif en NMI des groupes techniques attestés comme locaux issus des sites domestiques de la villePour la période retenue : effectif en NMI des productions attestées comme exogènes issues des sites domestiques de la villePour la période retenue : effectif total en NMI issus des sites domestiques de la villePour la période retenue : part de productions attestées comme locales issues des sites domestiques de la villePour la période retenue : part de productions attestées comme exogènes issues des sites domestiques de la villeIncertitude sur une provenance probablement majoritairement locale (ateliers inconnus)
Tours (Période 2 : 7d-10c) atelier Monts (Groupes techniques locaux to1f ; to1n)205711 76912 %4 %84 %
Tours (Période 5 : 15c-16c) atelier Tours (Groupes techniques locaux to9b ; to7c ; to11d)1 6221343 56346 %4 %50 %
Orléans (Période 2 : 7d-10c) atelier Saran (Groupes techniques locaux sar8t ; sar8ad ; sar16b ; sar16c ; sar16j)6091663496 %3 %1 %
Chartres (Période 3 : 11a-12d) atelier Dourdan/Chartrain (Groupes techniques locaux : GT5b)252?44856 %?44 %
Chartres (Période 4 : 13a-15d) atelier Dourdan/Chartrain (Groupes techniques locaux : GT5b)118?18165 %?35 %
Part des productions issues de sites domestique dont la fabrication est attestée par la présence d’ateliers locaux.

En ne fondant le raisonnement que sur les productions attestées par la présence d’ateliers, on constate que l’approvisionnement des principales villes du BLM ne dépasse guère une quarantaine de kilomètres. Cette distance correspond généralement à la zone de chalandise de la majorité des ateliers de poteries de terre cuite, hors du grès et de quelques productions luxueuses pouvant exporter en grande quantité à plus longue distance inexistantes dans le BLM. Les résultats sont convainquant à Orléans avec l’atelier de Saran (96 %) et à Chartres avec celui de Dourdan (56 % puis 65 %), les deux centres de productions à proximité des deux villes étant ici en position de monopole. Les résultats restent plus hypothétiques pour Tours où les sources d’approvisionnement sont plus diversifiées même si pour la période moderne deux ateliers locaux se partagent plus de 45 % du marché. En revanche, la lecture des données pour le haut Moyen Âge est plus compliquée, les productions attestées comme locales ne représentant que 12 % du corpus alors que l’origine de 84 % des productions, probablement en grande partie également locale, reste incertaine par l’absence d’ateliers connus. Une autre approche, à partir d’une modélisation archéo-statistique des données, a permis à l’instar des autres villes de circonscrire un espace économique d’une quarantaine de kilomètres autour de Tours pour le haut Moyen Âge (Bellanger et Husi 2012 ; Husi 2013 d : 222-228). Plus généralement, la prédominance d’un approvisionnement local est également attesté pour d’autres villes comme Paris ou Strasbourg (Hénigfeld et al. 2014).

P0-66 : La vaisselle en grès du Beauvaisis qui apparait dans le courant du 15e s. dans le BLM est progressivement remplacée par celle de la Puisaye au 17e s.

données
Courbe de distribution de densité de la vaisselle en grès de la Puisaye (B) et de la vaisselle en grès du Beauvaisis (C) ajustée sur le graphique d'étendue temporelle de référence (Timerange NMI ; A).
ClasseABCDEFG1G2
Effectif de la vaisselle en grès de la Puisaye0000342177
Effectif de la vaisselle en grès du Beauvaisis0000017322
Effectif total en NMI1 2763 1031 1942 1943 7032 8844 445524
Répartition de la vaisselle en grès dont l’origine est attestée par rapport au nombre total d'individus de la classe.

Bien que minoritaire par rapport aux productions locales, la vaisselle en grès extrarégionale est importée d’abord des ateliers du Beauvais à partir de la fin du 15e mais surtout au 16e s. (classes E ; F ; G1), avant que ceux de la Puisaye s’emparent du marché à partir du 17e s. (classe G2).

P0-67 : Entre le 7e s. et la fin du 11e s., aucun témoin d'un approvisionnement en vaisselle extrarégionale n'est attesté dans le BLM.

données
 
Courbe de distribution de densité des vaisselles extrarégionales (B) ajustée sur le graphique d'étendue temporelle de référence (Timerange NMI ; A).
ClasseABCDEFG1G2
Effectif de la vaisselle extrarégionale46000100241116141
Effectif total en NMI1 2763 1031 1942 1943 7032 8844 445524

La courbe de distribution de densité traduit bien l’absence des vaisselles extrarégionales dans le BLM de la classe B à la fin de la classe E, c’est-à-dire du 7e s. à la fin du 11e s. Cette image traduit l’existence d’un commerce de la vaisselle dans le temps long rythmé entre ouverture vers l’extérieur et recentrage au sein du BLM : d’abord une ouverture résiduelle héritée de l’antiquité jusqu’au 7e s., avant un recentrage jusqu’au 12e s. suivi d’une réouverture qui perdure jusqu’au 19e s.

P0-68 : Entre le 5e et le milieu du 7e s., les flux commerciaux de vaisselles révèlent une partition du BLM entre l'Orléanais à l'est et les autres espaces plus à l'ouest.

Les données
Groupes TechniquesTouraineAnjouBlésoisOrléanaisHaut-PoitouConfluence Loire/Vienne/Indre (LVI)Vallée du LoirPays ChartrainBerryNord Deux-SèvresNiortaisMayenne
17k (supposé Touraine)1461604200
17t (supposé Touraine)801006100
15a (supposé Touraine)183101100
sar8t (atelier Saran, Orléanais)00100000
sar8ad (atelier Saran, Orléanais)00430000
sar16b (atelier Saran, Orléanais)00180000
DSP (dérivées de sigillées Paléochrétiennes)28000000
Sigillée d’Argonne36000000
 
Données présentes pour certaines des productions retenues
Sites existent dans la période mais aucune donnée pour ces productions
Pas de sites donc pas de donnée pour la période
Répartition des groupes techniques dont l’origine est attestée ou supposée, par espace historique pour la période 1 (5a-7c).

Groupes techniques : (i) attestés par un atelier ou supposés locaux par la fréquence des découvertes dans un des espaces historiques du BLM ; (ii) découverts dans au moins un autre espace que celui d’origine

Analyse Factorielle des Correspondances
Analyse Factorielle des Correspondances (AFC) avec projection des espaces historiques et des groupes techniques (productions) ; supplémentaire : uniquement projetée sur l’ACF au vu de la faiblesse des données. La DSP et la sigillée d’Argonne n’ont pas été retenus ici du fait du manque de contextes précoces ailleurs qu’en Touraine.
Histogramme des valeurs propres avec un taux d’inertie de l’AFC proche de 95 % dès le premier axe.
Classification Ascendante Hiérarchique
Classification Ascendante Hiérarchique (CAH) à partir des résultats de l’AFC.

Projection de la CAH sur l’AFC ; supplémentaire : uniquement projetée sur l’ACF au vu de la faiblesse des données.

Les résultats de l’AFC montrent avec un taux d’inertie d’environ 95 % dès le premier axe une forte opposition entre, (i) à l’est, l’Orléanais associé aux productions de l’atelier de Saran en position de monopole pour cet espace ; (ii) à l’ouest, les autres espaces avec des flux de produits dont l’origine - bien que fortement présents en Touraine - n’est pas attestée par un atelier et se caractérisant par des céramiques non tournées, de texture grossière et très micacées (GT17k et 17t) ou tournée de texture plus fine, lissée et enfumée (GT15a).

Logiquement, cette opposition entre l’Orléanais à l’est et les autres espaces à l’ouest est confirmée par la CAH qui sépare les deux mêmes groupes (classes), bien visibles sur la dernière figure de synthèse des résultats avec la projection de la CAH sur l’AFC.

P0-69 : De la fin du 7e au milieu du 10e s., les flux commerciaux de vaisselles révèlent une partition du BLM en 3 groupes, nord-est, sud-ouest de la vallée de la Loire et Haut Poitou en lien avec la vallée de la Vienne.

Les données
Groupes TechniquesTouraineAnjouBlésoisOrléanaisHaut-PoitouConfluence Loire/Vienne/Indre (LVI)Vallée du LoirPays Chartrain (Chartres)BerryNord Deux-SèvresNiortaisMayenne
11j (flux potentiels)506002000
2k (flux potentiels)10000180000
11f (supposé Touraine)400186282000
11h (supposé Touraine)2600024000
to1n (atelier Monts, Touraine)111060132000
1q (supposé vallée Vienne)6000218000
to1f (atelier Monts, Touraine)35000126751160
8e (supposé Blésois)5301 3061504200
3h (supposé Blésois)20228000000
sar8t (atelier Saran, Orléanais)00391 09600100
sar8ad (atelier Saran, Orléanais)0002 67200100
sar16b (atelier Saran, Orléanais)000166001100
sar16c (atelier Saran, Orléanais)000400000
sar16j (atelier Saran, Orléanais)41008000200
1r (supposé Haut-Poitou)0030320000
 
Données présentes pour certaines des productions retenues
Sites existent dans la période mais aucune donnée pour ces productions
Pas de sites donc pas de donnée pour la période
Répartition des groupes techniques dont l’origine est attestée ou supposée, par espace historique pour la période 2 (7d-10c).

Groupes techniques : (i) attestés par un atelier ou supposés locaux par la fréquence des découvertes dans un des espaces historiques du BLM ; (ii) découverts dans au moins un autre espace que celui d’origine

Analyse Factorielle des Correspondances
Analyse Factorielle des Correspondances (AFC) avec projection des espaces historiques et des groupes techniques (productions) ; supplémentaire : uniquement projetée sur l’ACF au vu de la faiblesse des données.
Histogramme des valeurs propres avec un taux d’inertie de l’AFC proche de 96 % pour les trois premiers axes.
Classification Ascendante Hiérarchique
Classification Ascendante Hiérarchique (CAH) à partir des résultats de l’AFC.

Projection en 3 dimensions (trois premiers axes retenus) de la CAH sur l’AFC

Les résultats de l’AFC en tenant compte des trois premiers axes (projection en 3D avec un taux d’inertie proche de 95 %) opposent : (i) sur l’axe 1 l’Orléanais aux autres espaces traduisant la position de monopole exercée par l’atelier de Saran sur sa zone de chalandise  ; (ii) sur l’axe 2, le Blésois et ses productions locales aux espaces plus à l’ouest, Touraine, Confluence LVI, Haut Poitou fortement centrées sur des groupes techniques glaçurées (GT2k et les GT11) ; (iii) sur l’axe 3, le Haut Poitou à la partie est du BLM.

La CAH, comme sa projection en 3D sur l’AFC, précise les résultats avec une partition en trois classes : (i) une première, la plus forte, entre le Haut Poitou et tous les autres sites globalement centrés sur la vallée de la Loire ; (ii) une seconde oppose, en aval de la Loire, Touraine, Confluence LVI et marginalement Nord Deux-Sèvres (supplémentaires) aux Blésois, Orléanais et Vallée du Loir situés plus en amont. Autrement dit, cette image traduit une plus grande proximité statistique des espaces situés le long de la Loire.

P0-70 : De la fin 10e à la fin du 12e s., les flux commerciaux de vaisselles rélèvent une partition en 3 groupes qui se répartissent d'amont en aval du BLM.

Les données
Groupes TechniquesTouraineAnjouBlésoisOrléanaisHaut-PoitouConfluence Loire/Vienne/Indre (LVI)Vallée du LoirPays ChartrainBerryNord Deux-SèvresNiortaisMayenne
1L (flux potentiels)11300031810000
2k (flux potentiels)230001300010
5b (atelier Dourdan, Essonne)30088000252000
8e (supposé Blésois)18025130010000
8f (supposé Touraine)31300002000000
 
Données présentes pour certaines des productions retenues
Sites existent dans la période mais aucune donnée pour ces productions
Pas de sites donc pas de donnée pour la période
Répartition des groupes techniques dont l’origine est attestée ou supposée, par espace historique pour la période 3 (10d-12d).

Groupes techniques : (i) attestés par un atelier ou supposés locaux par la fréquence des découvertes dans un des espaces historiques du BLM ; (ii) découverts dans au moins un autre espace que celui d’origine

Analyse Factorielle des Correspondances
Analyse Factorielle des Correspondances (AFC) avec projection des espaces historiques et des groupes techniques (productions) ; supplémentaire : uniquement projetée sur l’ACF au vu de la faiblesse des données.
Histogramme des valeurs propres avec un taux d’inertie de l’AFC proche de 93 % pour les deux premiers axes.
Classification Ascendante Hiérarchique
Classification Ascendante Hiérarchique (CAH) à partir des résultats de l’AFC.
Projection en 3 dimensions (trois premiers axes retenus) de la CAH sur l’AFC ; supplémentaire : uniquement projetée sur l’ACF au vu de la faiblesse des données.

Les résultats de l’AFC montrent avec un taux d’inertie d’environ 93 % dès le deuxième axe une forte opposition entre, (i) à l’est, l’Orléanais et le Pays Chartrain associés aux productions rouges de l’atelier de Dourdan ou de type Dourdan (GT5b) fortement représentées pour cet espace ; (ii) au centre, le Blésois autour d’une production locale orange et rugueuse omniprésente (GT8e), secondairement la Vallée du Loir (supplémentaire) ; (iii) à l’ouest, la Touraine, la Confluence LVI, le Haut Poitou et le Niortais (supplémentaire) avec des productions fines blanches à roses (GT1l, 8f), parfois glaçurées (GT2k).

P0-71 : Du 13e au milieu du 15e s., les flux commerciaux de vaisselles révèlent une partition en 3 groupes, nord-est, sud-ouest de la vallée de la Loire et Haut Poitou en relation avec la vallée de la Vienne.

Les données
Groupes TechniquesTouraineAnjouBlésoisOrléanaisHaut-PoitouConfluence Loire/Vienne/Indre (LVI)Vallée du LoirPays Chartrain (Chartres)BerryNord Deux-SèvresNiortaisMayenne
1j (atelier, St Jean La Motte, Sarthe)15312000181009
3f (atelier Ligron, Sarthe)37000070000
2h ; po2f ; cha2f (supposé Parthenay, Deux-Sèvres)30001320000
5a (pseudo-rouge, Blésois ou Orléanais ?)30016+(12*)0020000
5b (atelier Dourdan, Essonne)1109*1103011800
 
Données présentes pour certaines des productions retenues
Sites existent dans la période mais aucune donnée pour ces productions
Pas de sites donc pas de donnée pour la période
* Données issues de la fouille récente du site des Terrasses de l’Evêché à Blois intégrées ici uniquement pour compléter un corpus lacunaire (Dalayeun et al. 2021).Répartition des groupes techniques dont l’origine est attestée ou supposée, par espace historique pour la période 4 (13a-15b).

Groupes techniques : (i) attestés par un atelier ou supposés locaux par la fréquence des découvertes dans un des espaces historiques du BLM ; (ii) découverts dans au moins un autre espace que celui d’origine

Analyse Factorielle des Correspondances
Analyse Factorielle des Correspondances (AFC) avec projection des espaces historiques et des groupes techniques (productions) ; supplémentaire : uniquement projetée sur l’ACF au vu de la faiblesse des données.
Histogramme des valeurs propres avec un taux d’inertie de l’AFC proche de 98 % pour les trois premiers axes.
Classification Ascendante Hiérarchique
Classification Ascendante Hiérarchique (CAH) à partir des résultats de l’AFC.

Projection en 3 dimensions (trois premiers axes retenus) de la CAH sur l’AFC.

Les résultats de l’AFC en tenant compte des trois premiers axes (projection en 3D avec taux d’inertie proche de 98 %) opposent : (i) sur l’axe 1, Orléanais, Pays Chartrain et plus marginalement Blésois aux espaces plus à l’ouest, Touraine, Confluence LVI, Vallée du Loir, Anjou, Mayenne, Haut Poitou ; (ii) sur l’axe 2, le Haut Poitou aux autres espaces ; (iii) sur l’axe 3, le Blésois également aux autres espaces.

La CAH, comme sa projection sur l’AFC, précise les résultats avec une partition en trois classes : (i) une première classe qui oppose le Haut Poitou à tous les autres sites globalement centrés sur la vallée de la Loire ; (ii) une seconde opposant, en aval de la Loire, Touraine, Confluence LVI, marginalement Vallée du Loir (supplémentaires) aux Blésois, Orléanais et Pays Chartrain situés plus en amont.

P0-72 : De la fin du 15e au 19e s., les flux commerciaux de vaisselles ne révèlent aucune véritable partition, le BLM correspondant alors à une entité unique.

Les données
Groupes TechniquesTouraineAnjouBlésoisOrléanaisHaut-PoitouConfluence Loire/Vienne/Indre (LVI)Vallée du LoirPays ChartrainBerryNord Deux-SèvresNiortaisMayenne
2b (flux potentiels)810224108
4a (exogène ?)7000102501
to9b (atelier Tours)1 1980061000
to11d (atelier Tours)27324*021000
to7c (atelier Tours)2080031001
3f (atelier Ligron, Sarthe)770018000
21c (grès Puisaye)9416*022303
21d (grès Beauvaisis)325*0111181
2i (Puisaye ou Beauvaisis)3000018030
 
Données présentes pour certaines des productions retenues
Sites existent dans la période mais aucune donnée pour ces productions
Pas de sites donc pas de donnée pour la période
* Données issues de la fouille récente du site des Terrasses de l’Evêché à Blois intégrée ici uniquement pour compléter un corpus lacunaire à Blois (Dalayeun et al. 2021).Répartition des groupes techniques dont l’origine est attestée ou supposée, par espace historique pour les périodes 5 et 6 (15c-19a).

Groupes techniques : (i) attestés par un atelier ou supposés locaux par la fréquence des découvertes dans un des espaces historiques du BLM ; (ii) découverts dans au moins un autre espace que celui d’origine

Analyse Factorielle des Correspondances
Analyse Factorielle des Correspondances (AFC) avec projection des espaces historiques et des groupes techniques (productions) ; supplémentaire : uniquement projetée sur l’ACF au vu de la faiblesse des données.
Histogramme des valeurs propres avec un taux d’inertie de l’AFC proche de 90 % pour les trois premiers axes.
Classification Ascendante Hiérarchique
Classification Ascendante Hiérarchique (CAH) à partir des résultats de l’AFC.

Exception faite d’un isolement du Pays Chartrain et d’une grande proximité entre les espaces Touraine et Confluence LVI, les analyses statistiques traduisent, notamment pour la CAH, un important effet de chaînage ne révélant aucune partition du dendrogramme représentative de classes opérantes.

P0-73 : Entre le 5e et le milieu du 7e s., les flux commerciaux de vaisselles restent modestes, globalement locaux, sans que la Loire y joue un rôle encore déterminant.

Les données
Groupes TechniquesTouraineAnjouBlésoisOrléanaisHaut-PoitouConfluence Loire/Vienne/Indre (LVI)Vallée du LoirPays ChartrainBerryNord Deux-SèvresNiortaisMayenne
17k (supposé Touraine)1461604200
17t (supposé Touraine)801006100
15a (supposé Touraine)183101100
sar8t (atelier Saran, Orléanais)00100000
sar8ad (atelier Saran, Orléanais)00430000
sar16b (atelier Saran, Orléanais)00180000
DSP (dérivées de sigillées Paléochrétiennes)28000000
Sigillée d’Argonne36000000
 
Données présentes pour certaines des productions retenues
Sites existent dans la période mais aucune donnée pour ces productions
Pas de sites donc pas de donnée pour la période
Répartition des groupes techniques dont l’origine est attestée ou supposée, par espace historique pour la période 1 (5a-7c).

Groupes techniques : (i) attestés par un atelier ou supposés locaux par la fréquence des découvertes dans un des espaces historiques du BLM ; (ii) découverts dans au moins un autre espace que celui d’origine

Carte des échanges pour la période 1 (5a-7c) à l’échelle du BLM avec projection des classes (groupes) issues de la CAH (P0-68). L’épaisseur des flèches est proportionnelle à l’intensité du flux.

La représentation des flux de vaisselle en terre cuite traduit globalement la faiblesse des échanges au sein du BLM et une quasi-absence de relations plus lointaines pour le très haut Moyen Âge sauf pour la Touraine avec une présence tardive au 6e s. de DSP et de sigillée d’Argonne ; l’absence de telles productions exogènes dans les autres espaces du BLM tient plus au manque de contextes très précoce, qu’à un approvisionnement différencié, ceci restant bien sûr à démontrer. On note également l’absence de contact entre l’Orléanais et les autres espaces du BLM situés plus en aval du fleuve révélant une économie essentiellement locale et le faible rôle de la Loire comme vecteur commercial.

Les quelques ateliers mis au jour récemment comme à Chambray-lès-Tours ou à Saint Laurent-Nouan ont parfois révélé, comme pour ce dernier, un riche panel décoratif de molettes, jamais mis au jour dans les sites domestiques du BLM, ce qui tend à confirmer l'idée d'une diffusion très locale de la vaisselle à cette époque.

P0-74 : De la fin du 7e au milieu du 10e s., les flux commerciaux de vaisselles se développent par rapport à la période précédente mais exclusivement au sein du BLM, avec un fort ancrage sur la Loire.

Les données
Groupes TechniquesTouraineAnjouBlésoisOrléanaisHaut-PoitouConfluence Loire/Vienne/Indre (LVI)Vallée du LoirPays Chartrain (Chartres)BerryNord Deux-SèvresNiortaisMayenne
11j (flux potentiels)506002000
2k (flux potentiels)10000180000
11f (supposé Touraine)400186282000
11h (supposé Touraine)2600024000
to1n (atelier Monts, Touraine)111060132000
1q (supposé vallée Vienne)6000218000
to1f (atelier Monts, Touraine)35000126751160
8e (supposé Blésois)5301 3061504200
3h (supposé Blésois)20228000000
sar8t (atelier Saran, Orléanais)00391 09600100
sar8ad (atelier Saran, Orléanais)0002 67200100
sar16b (atelier Saran, Orléanais)000166001100
sar16c (atelier Saran, Orléanais)000400000
sar16j (atelier Saran, Orléanais)41008000200
1r (supposé Haut-Poitou)0030320000
 
Données présentes pour certaines des productions retenues
Sites existent dans la période mais aucune donnée pour ces productions
Pas de sites donc pas de donnée pour la période
Répartition des groupes techniques dont l’origine est attestée ou supposée, par espace historique pour la période 2 (7d-10c).

Groupes techniques : (i) attestés par un atelier ou supposés locaux par la fréquence des découvertes dans un des espaces historiques du BLM ; (ii) découverts dans au moins un autre espace que celui d’origine

Carte des échanges pour la période 2 (7d-10c) à l’échelle du BLM avec projection des classes (groupes) issues de la CAH (P0-69). L’épaisseur des flèches est proportionnelle à l’intensité du flux, sauf pour Saran/Orléanais trop épaisse en projection réelle ; ne sont pas représentés les flux potentiels sans origine attestée ou supposée.

La représentation des échanges de vaisselle en terre cuite traduit globalement de nombreux contacts au sein BLM, mais une absence d’ouverture sur l’extérieur. En outre, ces contacts ne sont pas nécessairement synonymes de flux commerciaux. Les échanges dignes de ce nom par l’intensité des flux se font surtout localement, dans la zone de chalandise, ici l’Orléanais et la Touraine. L’intensité des échanges entre espaces constitutifs du BLM se concentre le long de la Loire à défaut des affluents comme la vallée de la Vienne. Ce commerce ligérien se fait d’amont vers l’aval, sans gommer pour autant une sectorisation entre les espaces nord-est et sud-ouest du fleuve déjà perçue dans la définition des aires culturelles.

P0-75 : De la fin 10e à la fin du 12e s., les flux commerciaux de vaisselle se contractent par rapport à la période précédente sauf dans le nord-est du BLM.

Les données
Groupes TechniquesTouraineAnjouBlésoisOrléanaisHaut-PoitouConfluence Loire/Vienne/Indre (LVI)Vallée du LoirPays ChartrainBerryNord Deux-SèvresNiortaisMayenne
1L (flux potentiels)11300031810000
2k (flux potentiels)230001300010
5b (atelier Dourdan, Essonne)30088000252000
8e (supposé Blésois)18025130010000
8f (supposé Touraine)31300002000000
 
Données présentes pour certaines des productions retenues
Sites existent dans la période mais aucune donnée pour ces productions
Pas de sites donc pas de donnée pour la période
Répartition des groupes techniques dont l’origine est attestée ou supposée, par espace historique pour la période 3 (10d-12d).

Groupes techniques : (i) attestés par un atelier ou supposés locaux par la fréquence des découvertes dans un des espaces historiques du BLM ; (ii) découverts dans au moins un autre espace que celui d’origine

Carte des échanges pour la période 3 (10d-12d) à l’échelle du BLM avec projection des classes (groupes) issues de la CAH (P0-70). L’épaisseur des flèches est proportionnelle à l’intensité du flux ; ne sont pas représentés les flux potentiels sans origine attestée ou supposée.

La représentation des échanges de vaisselle en terre cuite traduit globalement de faibles contacts entre espaces et une ouverture sur l’extérieur limitée à un approvisionnement de l’Orléanais par l’atelier de Dourdan. La réalité de l’appartenance du Pays Chartrain à l’aire d’influence de l’atelier de Dourdan se traduit ici par l’importance du flux révélant un espace économique qui n’est pas vraiment en connexion avec le BLM. Le contraste entre cette intensité du flux et la présence sporadique de production de Dourdan plus en aval de la Loire comme en Touraine confirme cette faiblesse des échanges qui s’accentue avec la distance. Le rôle de la Loire comme vecteur d’échange est faible, aucun contact n’étant attesté entre d’une part la Touraine et la Confluence LVI en aval et d’autre part le Blésois et l’Orléanais en amont. Bien que des flux potentiels puissent exister entre la Touraine et le Haut Poitou, ils ne peuvent être ici attestés par une origine même supposée des productions en questions.

P0-76 : Du 13e au milieu du 15e s., les flux commerciaux de vaisselles s'intensifient et se diversifient avec une bipolarisation des approvisionnements tributaire d'ateliers situés aux marches du BLM.

Les données
Groupes TechniquesTouraineAnjouBlésoisOrléanaisHaut-PoitouConfluence Loire/Vienne/Indre (LVI)Vallée du LoirPays Chartrain (Chartres)BerryNord Deux-SèvresNiortaisMayenne
1j (atelier, St Jean La Motte, Sarthe)15312000181009
3f (atelier Ligron, Sarthe)37000070000
2h ; po2f ; cha2f (supposé Parthenay, Deux-Sèvres)30001320000
5a (pseudo-rouge, Blésois ou Orléanais ?)30016+(12*)0020000
5b (atelier Dourdan, Essonne)1109*1103011800
 
Données présentes pour certaines des productions retenues
Sites existent dans la période mais aucune donnée pour ces productions
Pas de sites donc pas de donnée pour la période
* Données issues de la fouille récente du site des Terrasses de l’Evêché à Blois intégrées ici uniquement pour compléter un corpus lacunaire (Dalayeun et al. 2021).Répartition des groupes techniques dont l’origine est attestée ou supposée, par espace historique pour la période 4 (13a-15b).

Groupes techniques : (i) attestés par un atelier ou supposés locaux par la fréquence des découvertes dans un des espaces historiques du BLM ; (ii) découverts dans au moins un autre espace que celui d’origine

Carte des échanges pour la période 4 (13a-15b) à l’échelle du BLM avec projection des classes (groupes) issues de la CAH (P0-71). L’épaisseur des flèches est proportionnelle à l’intensité du flux ; ajout de l’atelier d’Amboise (Husi dir. 2003 a : 91-102).

La représentation des échanges de vaisselle en terre cuite traduit un changement par rapport aux périodes précédentes avec d’une part une plus forte ouverture sur les régions limitrophes du BLM et d’autre part de plus faibles échanges au sein du BLM, notamment le long de la Loire. Cette timide ouverture sur l’extérieur s’observe pour deux centres de productions, Dourdan (GT5b) au nord-est et Saint-Jean-de-la-Motte/Ligron (GT1j et 3f) au sud-ouest. L’influence de ces ateliers situés aux marches du BLM reflète une bipolarisation de l’approvisionnement. Le flux des échanges se fait comme antérieurement toujours dans le sens du fleuve avec plusieurs arguments permettant de le démonter. On note d’amont en aval, la présence des productions de Dourdan dans tous les espaces longeant la Loire jusqu’à la Confluence LVI et la présence en Touraine de productions dites peudo-rouges (GT5a) dont l’origine est Blésoise et/ou Orléanaise ; dans la même logique, quelques récipients issus d’un atelier situé à Amboise ont été découvert à Tours (Husi 2003a : 98-99 : variante GT7b). Inversement, d’aval en amont, on note l’absence dans le Blésois ou l’Orléanais des productions des ateliers de Saint-Jean-de la Motte/Ligron ou d’Amboise. L’espace du Haut-Poitou est maintenant en dehors des circuits d’échanges du BLM, vraisemblablement tourné vers l’ouest et notamment la région de Parthenay.

P0-77 : La Loire sert parfois de limite à la diffusion des produits.

La diffusion aux 14e et 15e s. des produits des ateliers sarthois de Saint-Jean-de-la-Motte et de Ligron (GT1j ; GT3f) a comme limite sud la Loire entre Nantes et Tours. Plus qu’un vecteur d’échange, le fleuve semble ici jouer un rôle de limite à la diffusion de ces productions vers le sud de la Loire (Grenouilleau et al. 2020 : 169-170).

Traditions de fabrication et diffusion des productions de la période 4, 13e-milieu du 15e s. (Grenouilleau et al. 2020).

P0-78 : De la fin du 15e au 19e s., les flux commerciaux de vaisselles sont dominés par les grands ateliers extra-régionaux parfois lointains et la Loire comme vecteur principal d'échanges.

Les données
Groupes TechniquesTouraineAnjouBlésoisOrléanaisHaut-PoitouConfluence Loire/Vienne/Indre (LVI)Vallée du LoirPays ChartrainBerryNord Deux-SèvresNiortaisMayenne
2b (flux potentiels)810224108
4a (exogène ?)7000102501
to9b (atelier Tours)1 1980061000
to11d (atelier Tours)27324*021000
to7c (atelier Tours)2080031001
3f (atelier Ligron, Sarthe)770018000
21c (grès Puisaye)9416*022303
21d (grès Beauvaisis)325*0111181
2i (Puisaye ou Beauvaisis)3000018030
 
Données présentes pour certaines des productions retenues
Sites existent dans la période mais aucune donnée pour ces productions
Pas de sites donc pas de donnée pour la période
* Données issues de la fouille récente du site des Terrasses de l’Evêché à Blois intégrée ici uniquement pour compléter un corpus lacunaire à Blois (Dalayeun et al. 2021).Répartition des groupes techniques dont l’origine est attestée ou supposée, par espace historique pour les périodes 5 et 6 (15c-19a).

Groupes techniques : (i) attestés par un atelier ou supposés locaux par la fréquence des découvertes dans un des espaces historiques du BLM ; (ii) découverts dans au moins un autre espace que celui d’origine

Carte des échanges pour les périodes 5 et 6 (15c-19a) à l’échelle du BLM. L’épaisseur des flèches est proportionnelle à l’intensité du flux ; ne sont pas représentés les flux potentiels sans origine attestée ou supposée.

La représentation des échanges de vaisselle en terre cuite traduit un changement par rapport aux périodes précédentes avec une plus forte ouverture sur l’extérieur et de faibles échanges au sein du BLM à partir de la fin du 15e s. La domination exercée dorénavant par les grands ateliers extra-régionaux, lointains comme le Beauvaisis ou plus proches comme la Puisaye traduit l’intégration du BLM dans un commerce plus global, à longue distance, organisé par de grands ateliers à large rayonnement de diffusion. L’absence de connexion avec le Haut-Poitou déjà en partie observée pour la période antérieure confirme l’existence de deux espaces économiques maintenant distincts : (i) de la Loire, centré sur le fleuve comme axe de communication privilégié notamment depuis la Puisaye et en partie tournée vers le Nord ; (ii) du Haut-Poitou, sans véritable contact avec l’espace Loire, uniquement tourné maintenant vers le sud-ouest.

Proposition de niveau 1

P1-1 : Au 6e et jusqu'au milieu du 7e s., le BLM forme un espace culturel assez homogène en partie hérité de l'Antiquité.

Tous les indices d’une vaisselle de tradition antique disparaissent dans le courant du 7e s. traduisant un rythme différent comparé à la chronologie établie par les faits historiques avec une transition du Bas Empire au haut Moyen Âge plus tardive que celle généralement admise du 5e s. L’originalité du faciès céramique du très haut Moyen Âge vient d’une continuité de certaines traditions antiques associée à l’apparition d’un style notamment décoratif de la vaisselle propre à cette courte période.

Antécedents
Proposition P1-1  basée sur

P1-2 : A partir de la fin du 7e apparaissent d'importants changements techniques, typo-fonctionnels et décoratifs de la vaisselle.

Certains changements sont suffisamment importants et pérennes jusqu’à l’époque moderne pour parler de vaisselle médiévale partir de la fin du 7e s. On peut noter la disparition des formes héritées de l’Antiquité, l’omniprésence d’une post-cuisson oxydante, l’apparition et l’usage progressif de la glaçure plombifère, comme de certaines formes, la plus emblématique étant la cruche à bec ponté puis tubulaire.

Antécedents
Proposition P1-2  basée sur

P1-3 : Du 11e au 15e s. l'espace Loire se divise en deux aires culturelles, nord-est et sud-ouest.

Les traditions de fabrication à l’échelle du BLM confirment l’existence de deux espaces nord-est et sud-ouest déjà perçus pour la période précédente (Section 1 : P2-1). En outre, certaines caractéristiques techniques de la vaisselle exhumée de deux tessonnières d’un atelier mis au jour à Amboise permettent de situer la limite nord-sud de cette partition au niveau de cette ville située sur la Loire entre Tours et Blois (Section 1 : P0-29).

Antécedents
Proposition P1-3  basée sur

P1-4 : Du haut Moyen Âge et semble-t-il jusqu'au 15e s.,les mécanismes économiques de production et d’approvisionnement de la vaisselle en terre cuite diffèrent entre le nord-est et le sud-ouest du BLM.

Les modes de production des ateliers et d'approvisionnement des villes diffèrent entre : (i) grands ateliers dans le nord-est comme à Saran dans l’Orléanais et certainement dans le Blésois ; (ii) ateliers plus modestes et probablement plus nombreux dans le sud-ouest du BLM en Touraine et Poitou. Alors que cette image est attestée pour le haut Moyen Âge jusqu’au 10e s. et semble perdurer jusqu’au 15e s. elle reste encore à démontrer pour le Moyen Âge central et le bas Moyen Âge, faute d’ateliers.

Antécedents
Proposition P1-4  basée sur

P1-5 : Un changement important de la vaisselle s'opère entre le 11e et le 13e s.

Des changements aussi importants que, l’émergence puis l’omniprésence du pichet révélateur d’un usage individuel pour la consommation des liquides ou l’apparition du coquemar avec son anse latérale pour une cuisson devant et non plus dans l’âtre ou la cheminée, sont révélateurs d'une transformation des pratiques de table par rapport au haut Moyen Âge.

Antécedents
Proposition P1-5  basée sur

P1-6 : Un changement s’opère dans la vaisselle à la fin du 15e s. avec l'apparition d'un large éventail typo-fonctionnel et décoratif des récipients.

La résurgence des formes ouvertes quasi-disparues depuis l’Antiquité, la spécificité fonctionnelle de certains récipients, la généralisation de la glaçure épaisse et couvrante en lien avec le renouvellement des registres décoratifs ainsi que la présence encore timide d’innovation aussi importante que le grès, traduisent l’importance des changements survenus durant cette période charnière de la fin du 15e s.

Antécedents
Proposition P1-6  basée sur

P1-7 : L'importance prise par les grès puis les faïences à partir du 17e s. est révélatrice d'un dernier changement dans la vaisselle du BLM.

L’omniprésence du grès et le développement de l’usage de la faïence traduit non seulement un dernier changement du faciès de la céramique surtout à la fin du 17e s., mais également l’apparition d’une vaisselle de plus en plus standardisée révélatrice d’une plus grande capacité de production, à large diffusion, issue de manufactures qu’on peut qualifier de préindustrielles.

Antécedents
Proposition P1-7  basée sur

P1-8 : Le commerce entre la Normandie ou la Mayenne et le BLM porte sur le beurre et aucunement sur la vaisselle en terre cuite.

Aucune vaisselle de Normandie ou de la Mayenne n’est attesté dans le BLM, les seuls récipients en grès ou en terre cuite mis au jour étant toujours des pots utiles au transport et au stockage du beurre.

Antécedents
Proposition P1-8  basée sur

P1-9 : La nature de l'approvisionnement en vaisselle dépend de la plus ou moins grande proximité des ateliers.

La structuration du commerce de la vaisselle du BLM n’évolue gère jusqu’à la fin du 15e s. moment où l’ouverture sur l’extérieur modifie les réseaux locaux en relation avec ceux situés aux marches du BLM.

Antécedents
Proposition P1-9  basée sur

P1-10 : Les échanges toujours limités entre la vallée de la Loire et le Haut Poitou s'amenuisent au cours du temps pour disparaître au 15e s.

Alors que les échanges de vaisselle n’ont jamais été très intenses entre le Haut Poitou et la vallée de la Loire, ils disparaissent à la fin du 15e s., le Haut Poitou se tournant alors résolument vers l’ouest.

Antécedents
Proposition P1-10  basée sur

Proposition de niveau 2

P2-1 : Entre le 8e et la fin du 10e s. le BLM se partage en deux espaces, sud-ouest et nord-est. Cette reconfiguration des aires culturelles correspond à un changement de traditions céramiques.

Cette période charnière, véritable entrée dans la vaisselle médiévale, passe également par une redéfinition des aires culturelles d’amont en aval du BLM avec un espace nord-est du Blésois à l’Orléanais et sud-ouest de la Touraine au Haut-Poitou, la limite nord-sud de cette partition se faisant entre Blois et Tours (cartes 2). Les changements de traditions de la vaisselle en terre cuite à l’origine de cette nouvelle partition du BLM s’observent plus largement à l’échelle de l’Europe du nord-ouest, comme en témoigne le développement des productions peintes, engobées et glaçurées.

I - Au regard des productions de couleur blanc beige (P0_21) et de couleur ocre rouge (P0_22a), deux espaces sud-ouest et nord-est se différencient entre le 8e et le 10e s.

Une analyse factorielle des correspondances a été réalisé sur les deux variables afin de décrire la structure du jeu de données.

Courbe de la densité de répartition des différents ensembles sur l’axe 1 de l’AFC. Sont reportés sur l’axe les contributions des deux variables ainsi que les ensembles. N’ont été retenus pour l’AFC que les ensembles et les catégories céramiques avec un effectif supérieur à 5 individus. Les productions de couleur ocre-rouge (valeurs négatives) et blanc-beige (valeurs positives) s’opposent sur le premier axe de l’AFC caractérisant donc deux profils différents.
Dendrogramme obtenu avec l’algorithme de Classification Descendante Hiérarchique (CDH) mapclust (À gauche). Moyenne globale des silhouettes (en haut à droite) et variabilité intra-groupe (en bas à droite). En se référant à l’indicateur de la moyenne globale des silhouettes, les meilleures valeurs correspondent à la partition en 5 classes. La variabilité intra-groupe confirme le choix d’une partition en 5 classes.
 
Choix d’un regroupement en 5 patchs (espaces) issu de l’algorithme mapclust (CDH avec contrainte géographique sur les 101 ensembles retenus). Les traits donnent l’ordre de partitions (1 à 4). Taille du cercle augmente avec la représentation des productions. Cercles en traits pointillés : lieux avec des ensembles comprenant une majorité de productions blanc-beige ; traits pleins pour les productions ocre-rouge.

Une telle partition met en lumière cinq espaces fondés – lorsqu’ils sont suffisamment renseignés - sur les principaux centres de consommations du BLM, dont les mieux attestés sont la Touraine, le Haut-Poitou et le Blésois-Orléanais. Deux espaces à l’extrême ouest et du Berry, aux marches du BLM, sont encore insuffisamment renseignés pour être associés à l’une ou l’autre des traditions. Dans le même ordre d’idées, le mauvais classement du site de Marboué révèle les limites de la méthode pour des sites excentrés, appartenant parfois à d’autres espaces économiques ici en faible prise avec la Loire.

On note une forte tradition de fabrication commune ocre-rouge pour le Blésois et l’Orléanais, toujours dans la même classe à un bas niveau de partition (4) du dendrogramme. Dans le même ordre d’idées, il faut attendre la partition (3) pour différencier la Touraine du Haut-Poitou cette proximité statistique traduisant un fort ancrage commun dans la tradition blanc-beige.

La première partition (1) du dendrogramme sépare très rapidement un espace sud-ouest de tradition blanc-beige (cercles en tirets) et nord-est de tradition ocre-rouge (cercles pleins), la limite nord/sud entre les deux espaces se situant à proximité d’Amboise.

II - Au regard des productions décorées en bandes de peinture rouge (P0_18), des productions glaçurées (P0_19) et des productions engobées lissées (P0_20), deux espaces sud-ouest et nord-est se différencient entre le 8e et le 10e s.

Une analyse factorielle des correspondances a été réalisé sur les trois variables afin de décrire la structure du jeu de données.

Analyse factorielle des correspondances (AFC) et représentation de la densité sur le plan 1-2 de l’AFC (31 ensembles dont les effectifs lignes/colonnes > 5 individus) (bleu = proposition P0 ; rouge = ensembles-lieux) Les variables P0_18 (bandes peintes) et P0_20 (engobées lissées) et les ensembles qui les caractérisent s’opposent sur l’axe 1. La variables P0_19 (glaçurée) faiblement représentée ne contribuent que peu au premier axe. Le pic de densité le plus important correspond aux ensembles partageant une production majoritairement engobées lissées (P0_20). Il s’oppose au deuxième pic centré sur la variable P0_18 (bandes peintes).
Dendrogramme obtenu avec l’algorithme de Classification Descendante Hiérarchique (CDH) mapclust (À gauche). Moyenne globale des silhouettes (en haut à droite) et variabilité intra-groupe (en bas à droite). La moyenne globale des silhouettes et la variabilité intra-groupe ne permettent pas de privilégier une partition particulière. Le choix d’une partition en 2 classes est fondé sur la forme générale du dendrogramme.
 
Choix d’un regroupement en 2 patchs (espaces) issu de l’algorithme mapclust (CDH avec contrainte géographique sur les 31 ensembles retenus). Taille du cercle augmente avec accroissement de la densité.
Report des 2 patchs (mapclust) sur le plan de l’AFC, le site de Marboué (134.02) se trouve à l’opposé des autres ensembles de son groupe.

La première partition sépare deux espaces, nord-est et sud-ouest en fonction de cette tradition de fabrication : (i) une forte concentration dans le Blésois et l’Orléanais, (ii) une présence marginale dans le Haut-Poitou et en Touraine. La position géographique excentrée du site de Marboué (Ensemble 134.02), également visible sur l’AFC suggère l’existence d’un espace économique plus au nord à l’interface avec le BLM.

Une telle partition (2) du dendrogramme met en lumière deux espaces, l’un du sud-ouest centré sur des traditions décoratives de bandes peintes et l’autre nord-est révélant surtout des productions engobées lissées, le poids des productions glaçurées n’ayant ici aucune réelle influence sur les résultats. La limite nord/sud entre ces espaces se situe à proximité d’Amboise.

Antécedents
Proposition P2-1  basée sur

P2-2 : A partir du 11e s., mais surtout du 13e s., on assiste à un renouvellement de la vaisselle qui va de pair avec l'apparition de traditions céramiques originales dans les espaces du BLM limitrophes de la vallée de la Loire.

Le recentrage le long de la Loire d’un faciès de la céramique propre au BLM qui s’opère surtout à partir du 13e s. est la conséquence de l’apparition de nouvelles traditions techniques et stylistiques au sud comme au nord de cet espace Loire.

Antécedents
Proposition P2-2  basée sur

P2-3 : A partir du 15e s. et surtout du 17e s., la vaisselle en usage dans le BLM donne l'image d'un espace culturel homogène.

Les faciès de la céramique tendent à s’homogénéiser dans un large BLM à partir de la fin du 15e s. gommant alors les particularismes locaux, phénomène également perçu plus globalement dans la moitié nord de la France, avec la diffusion de nouveaux produits comme le grès ou à partir du 17e s. de la faïence.

Antécedents
Proposition P2-3  basée sur

P2-4 : Dans le BLM se développe le commerce de denrées alimentaires tels que celui du beurre à partir du 15e s. puis du sucre à partir du 17e s.

Le commerce du beurre normand et lavallois observé par les emballages en grès et en terre cuite se développe à partir de la fin du 15e s. avant d’inonder l’ensemble du BLM et plus largement l’ouest de la France durant la période moderne. Le commerce du sucre avec comme témoins indirects les céramiques de raffinage en terre cuite suit la même trajectoire mais un peu plus tardivement, apparition au 17e s. et intensification jusqu’au 19e s. dans la vallée de la Loire (Pauly dir. 2020 : 117-119).

Antécedents
Proposition P2-4  basée sur

P2-5 : Le commerce de vaisselle se structure autour de quelques aires écomoniques assez stables dans la durée pour n'en représenter qu'une seule à partir de la fin du 15e s.

La structuration du commerce de la vaisselle du BLM n’évolue gère jusqu’à la fin du 15e s. moment où l’ouverture sur l’extérieur notamment avec des ateliers parfois lointains comme la Puisaye et surtout le Beauvaisis, modifie en profondeur les réseaux locaux et la relation entretenue avec ceux situés aux marches du BLM. Les faibles contacts commerciaux entre l’espace sud-ouest Touraine/Haut Poitou et nord-est Blésois/Orléanais jusqu’à la fin du 15e s., visibles à partir de l’analyse statistique des données, va dans le sens d’une partition du BLM déjà perçue pour les traditions de fabrication (Section 1 : P3-1).

Antécedents
Proposition P2-5  basée sur

P2-6 : Suivant les périodes, le commerce de la vaisselle s'ouvre sur l'extérieur ou se recentre sur le BLM avec la Loire comme axe majeur et structurant des échanges.

Le rythme des échanges dans la longue durée varie suivant les périodes avec la Loire comme axe commercial privilégié, les affluents restant secondaires jusqu’au 15e s. ne jouant alors pour certains comme la Vienne plus aucun rôle dans les échanges de vaisselle.

Antécedents
Proposition P2-6  basée sur

Proposition de niveau 3

P3-1 : Globalement, il existe une stabilité des deux aires culturelles longeant la Loire moyenne entre le 8e et le 15e s.

La définition des aires culturelles reste stable le long de la Loire entre le 8e et le 15e s. alors qu’elle change dans les régions limitrophes à partir du 13e s. sans pour autant affecter des relations qui restent privilégiées au sein de ce vaste espace du BLM.

Antécedents
Proposition P3-1  basée sur

P3-2 : À partir de la fin du 15e s., les flux et les échanges des récipients en terre cuite montrent l'intégration du BLM dans un commerce à longue distance.

Les flux et les échanges du BLM, qu’il s’agisse de vaisselle ou de denrées alimentaires dont témoignent certains emballages en terre cuite, ne font que croître et se diversifier de la fin du 15e au 19e s. Ainsi, l’organisation du commerce des récipients en terre cuite dépend du dynamisme local, de l'intensité des échanges et de l'influence de quelques ateliers extrarégionaux parfois lointains à partir de l’époque moderne.

Antécedents
Proposition P3-2  basée sur

Proposition de niveau 4

P4-1 : À la fin du 15e s., on assiste à un véritable décloisonnement des aires céramiques locales du BLM, espace qui reste globalement inscrit dans une tradition culturelle de l'Europe du Nord-Ouest.

Les récipients en terre cuite témoignent d’une tradition technique, typologique et décorative en phase durant tout le Moyen Âge avec le vaste espace culturel de l'Europe du Nord-Ouest comme en témoignent également certains objets d’apparat associés à une partie aisée de la population (Section 2 : P0-2). En revanche, il faut attendre la fin du 15e s. pour que les faciès de la céramique du BLM tendent à s’homogénéiser, gommant alors les particularismes locaux en action depuis le 7e s., phénomène plus généralement perçu dans la moitié nord de la France avec la diffusion de nouveaux produits comme le grès ou à partir du 17e s. de la faïence. Dans le même sens, les flux et les échanges du BLM de vaisselle ou de denrées alimentaires au travers des emballages en terre cuite ne font que croître et se diversifier de la fin du 15e au 19e s.

Antécedents
Proposition P4-1  basée sur

Proposition de niveau 5

P5-1 : Il faut attendre la fin du 15e s. pour que le BLM s'inscrive durablement dans les réseaux d'échange de l'Europe du Nord-Ouest avec comme conséquence l'effacement progressif des aires économiques et culturelles locales.

En se référant aux faciès céramiques locaux définis par les changements de traditions de fabrication (innovation, mode, fonction) dans la longue durée, mais également au commerce de la vaisselle et des denrées alimentaires au travers des emballages, il faut attendre la fin du 15e s. pour que les particularismes locaux s’estompent à l’échelle du BLM, aboutissant à un espace culturellement homogène sous l’influence et la concurrence des grands ateliers extra-régionaux.

Antécedents
Proposition P5-1  basée sur

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Synthèse historique de la section 1

Définir les aires économiques et culturelles à partir de la céramique impose d’aborder la question : (i) sous l’angle des traditions de fabrication, relevant des innovations, des effets de mode ou de la concurrence entre produits ; (ii) sous l’angle des flux commerciaux régis par les relations entre espaces au sein du BLM et par celles entretenues avec l’extérieur. En effet, la porosité entre espaces de traditions différentes s’observe à partir des échanges de vaisselle dont la capacité de pénétration innovante ou esthétique reste insuffisante pour devenir concurrentielle et donc remettre en cause la structure même des espaces préalablement définis. On peut alors admettre que la céramique, au même titre que d’autres sources matérielles ou écrites, participe à la construction d’aires culturelles pour lesquels les acteurs développent un sentiment d’appartenance, tout en conservant des relations avec l’extérieur.

Pour une compréhension globale de la démarche, en suivant un raisonnement hypothético-déductif, d’inférence déduite des prémisses (de droite à gauche du diagramme), cette section est structurée autour de cette double entrée : (i) tradition de fabrication (Proposition P4-1 et déduites de niveaux inférieurs jusqu’aux P0-1 à P0-59) ; (ii) flux commerciaux (Proposition P3-2 et déduites de niveaux inférieurs jusqu’aux P0-60 à P0-78). En outre, l’ordre donc la lecture des propositions P0 et induites de niveaux supérieurs est autant que possible chronologique, permettant de suivre la transformation des aires culturelles dans le temps long.

Inversement, la courte synthèse historique ci-après suit une lecture empirico-inductif, d’inférence par généralisation des observations (de gauche à droite du diagramme). S’agissant de présenter le raisonnement et les principaux résultats, nous avons fait ici le choix de ne pas remonter jusqu’aux nombreuses données primaires des propositions P0 directement accessibles par ce menu comme preuves du discours.

Traditions de fabrication de la céramique

Les changements dans les traditions de fabrication de la vaisselle en terre cuite entre le 6e et le 17e s. donnent une première image des aires culturelles qui structurent de BLM. Alors que l’héritage antique est encore prégnant jusqu’au milieu du 7e s. (P1-1), c’est à partir de cette date qu’il devient pertinent de parler d’une vaisselle médiévale avec des techniques et des formes génériques qui perdurent pour certaines jusqu’à la période moderne (P1-2). Les transformations techno-typologiques et stylistiques observées à partir du 7e s. et jusqu’au 10e s. redessinent un espace du BLM auparavant assez homogène (P1-1), en deux aires fondées sur des traditions de fabrication distinctes : (i) l’une du sud-ouest avec la Touraine, le Haut-Poitou et plus marginalement le Berry, dont les productions sont de couleur blanc-beige, pour certaines décorées de peinture en bandes et parfois d’une glaçure plombifère ; (ii) l’autre du nord-est avec le Blésois et l’Orléanais dont les productions sont de couleur ocre-rouge, parfois engobées et lissées, mais sans glaçure. La limite entre ces deux espaces passe par une ligne nord-sud quasi-perpendiculaire à la Loire située entre Tours et Blois (P2-1).

Bien que la vaisselle change à partir du 11e s. (P1-5), cette partition en deux aires, blanc-beige et ocre-rouge (P1-3) perdure jusqu’au 15e s. (P3-1). Elle se distingue également au travers des mécanismes de production des récipients (P1-4) avec probablement de petits ateliers pour l’espace sud-ouest et de manière certaine de grands centres de production comme Saran pour l’espace nord-est. En revanche, avec l’apparition de nouvelles traditions céramiques dans le Berry, le Haut Poitou ou le pays Chartrain surtout à partir du 13e s., on assiste à un recentrage progressivement d’un faciès céramique propre au BLM le long de la vallée de la Loire au détriment des espaces limitrophes (P2-2).

Un nouveau changement important dans la vaisselle intervient à l’aube de la période moderne à la fin du 15e s. (P1-6), phénomène qui s’accentue au 17e s. avec l’apparition du grès puis de la faïence (P1-7) donnant l’image d’un espace culturel plus homogène comparé aux périodes précédentes (P2-3). Bien qu’inscrites au moins depuis le début du haut Moyen Âge dans la mouvance d’une tradition céramique de l’Europe du nord-ouest, les multiples transformations des aires fondées sur la céramique du 6e au 17e s. montrent que le changement le plus marquant intervient entre la fin du 15e s. et le début du 16e s. Cette rupture dans les traditions de fabrication annonce un véritable décloisonnement de l’espace du BLM qui s’observe notamment avec la disparition de la partition sud-ouest et nord-est prégnante depuis le 8e s., conséquence de la concurrence de nouveaux produits issus de grands ateliers extrarégionaux (P4-1).

Commerce, flux et échanges de la céramique

En se référant maintenant aux récipients en terre cuite qui ont circulé et non plus comme précédemment aux traditions de fabrication communes à un ou plusieurs espaces du BLM, il est possible d’appréhender le commerce de la vaisselle et indirectement celui de certaines denrées alimentaires en l’occurrence le beurre et secondairement le sucre à partir des emballages utiles à leur transport et à leur conservation.

Les mécanismes d’approvisionnement, notamment des principaux centres de consommation que sont les villes du BLM, révèlent des aires économiques essentiellement locales, ne dépassant gère 40 km (P0-65) et pour les apports exogènes dépendant fortement de la plus ou moins grande proximité des ateliers. Ne sont importés des ateliers les plus lointains, que les récipients les plus ostentatoires ou originaux de leurs productions pour la vaisselle (P1-9) ou ceux adaptés au transport et à la conservation des denrées alimentaires (P1-8).

On observe une certaine stabilité des aires économiques, les réseaux d’échanges n’attestant que de faibles contacts entre la partie sud-est Touraine/Haut Poitou et nord-est Blésois/Orléanais jusqu’à la fin du 15e s., moment où le cloisonnement micro-régional s’estompe pour laisser place à un espace de la Loire moyenne plus ouvert (P2-5). En effet, le commerce de vaisselle majoritairement centré sur la Loire n’entretient de relations qu’avec les régions limitrophes du BLM jusqu’à la fin du 15e s. (P2-6). A cette date, l’apport des productions issues de grands ateliers extra-régionaux parfois lointains comme ceux du Beauvaisis ou de la Puisaye pour la vaisselle (P0-70), de la Normandie et de la Mayenne pour le beurre, d’un espace Loire plus large pour le sucre (P2-4) modifie profondément les réseaux d’approvisionnement à longue distance, le BLM étant alors résolument ouvert sur l’extérieur (P3-2).

Pour conclure et en se référant aux traditions de fabrication comme aux réseaux commerciaux se dessinent des aires économiques locales autour des villes constitutives de deux aires culturelles plus vastes, sud-ouest et nord-est structurant le BLM entre la fin du 7e et la fin du 15e s. Cette image d’espaces cloisonnés d’amont en aval de la Loire moyenne inscrite dans la longue durée est en contradiction avec l’idée d’un fleuve représentant un axe de communication suffisamment important pour lisser tout particularisme culturel local. Il faut attendre la fin du 15e s. pour que s’estompent progressivement ces spécificités principalement locales, le BLM s’inscrivant alors durablement dans les réseaux d’échanges de l’Europe du nord-ouest (P5-1).

Synthèse historique de la section 2

Le mobilier archéologique étant globalement considéré comme un bon marqueur social, il s’agit ici d’évaluer la place de la céramique, vaisselle et emballage, en regard des autres objets à notre disposition comme indicateur du statut des populations résidents sur les sites mobilisés. Bien sûr, les pièges sont nombreux. Pris dans sa globalité le mobilier ne reflète pas vraiment une population socialement homogène mais souvent la présence parmi d’autres d’une population particulière plus aisée avec la présence de mobilier luxueux souvent ostentatoire.

Nous faisons ici le choix d’un classement fonctionnel des sites, préalable à l’analyse de la céramique et plus globalement du mobilier, en quatre grandes catégories : castral-résidentiel, monastique, civil urbain, civil rural. Un autre choix consiste à réaliser une étude diachronique du 6e au 19e s., sans tenir compte d’un découpage en grandes périodes, l’objectif étant ici d’évaluer globalement l’apport de la céramique comme source d’interprétation sociale. Fonder l’analyse sur un corpus périodisé aurait eu pour conséquence d’introduire une grande disparité, une atomisation, voire une quasi-absence de données pour certains types de sites, choix plus négatif que source d’explication pour identifier des grandes tendances entre sites.

La courte synthèse historique suit une lecture empirico-inductif, d’inférence par généralisation des observations (de gauche à droite du diagramme). L’analyse d’abord de la vaisselle en terre cuite à partir des techniques utilisées (P0-1) des décors ostentatoires (P0-2), de la fonction et de l’éventail des formes de récipients (P0-3 ; P0-6), mais également de la présence de récipients en verre et très secondairement en métal (P0-4 ; P0-5) montrent que la vaisselle de qualité se retrouve essentiellement sur les sites monastiques, puis castraux au détriment des autres sites urbains et ruraux (P1-1). L’étude de la consommation du beurre importé de Normandie dont témoignent les emballages retrouvés dans les sites de consommation du BLM va dans le même sens avec une concentration de ces récipients sur les sites castraux puis monastiques (P0-7). Les objets personnels de parures (P0-8), de divertissement (P0-9) parfois très luxueux, d’outillages (P0-10) attestent un clivage socio-fonctionnel des sites, proches de celui révélé par la vaisselle. Cependant, il existe une certaine nuance puisque la grande diversité des objets comme les plus luxueux d’entre eux sont principalement attestés sur les sites castraux au détriment des sites monastiques (P2-1). Bien que cette analyse aille dans le sens d’une hiérarchie sociale des sites largement pressentie, un apport intéressant de cette contribution est la pertinence de la vaisselle en terre cuite (P1-1) par rapport aux autres objets (P2-1) comme source explicative de la place non négligeable tenue par les sites monastiques dans cette hiérarchie, comparés aux sites castraux. Ce résultat est d’autant plus original qu’il est ici étayé par une analyse fine de données issues d’un large éventail de sites.